Le Dernier Service

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 — Je ne sais où commencer, avoua Frank. Ce n'est pas si compliqué à expliquer, mais à raconter...

L'obscurité gagnait progressivement l'immense salle, exterminant avec douceur la lumière du crépuscule. La Lune prépara son règne provisoire, fidèlement accompagnée de ses chevaliers stellaires. Encore une fois, le Soleil perdait face à l'armée ennemie.

L'homme jeta un regard anxieux vers une fenêtre qui dévoilait les ténèbres de la nuit. Il soupira avant de déclarer :

— Je ne sais pas si rester ici soit une bonne idée, pour vous. Mathys, fuis, fuis avec tes compagnons si vous voulez vivre.

— Pas avant que tu m'aies raconté tout ce qui se passe ! s'opposa fermement le chasseur, en croisant les bras. Comment ça, ils sont tous morts ? Même les villageois ? Il reste plus que toi, c'est ça, Frank ? C'est qui, qui les a tous tués ?

— Je ne suis pas le seul ici, à Pilikili. Il reste encore des habitants, mais j'ignore si c'est une chance ou une tragédie qu'ils soient encore présents dans la ville.

Il rajouta, après un court moment de silence qui s'écoula comme des centaines d'années :

— Cela fait quelques temps que tout cela dure. Au début, un ou deux villageois disparaissaient soudainement, dans la nuit, sans laisser la moindre trace. Nous avions cru à un bandit, à un tueur, au tout début. J'avais donc décidé d'intensifier le personnel durant la garde de nuit.

Frank secoua lentement la tête, comme s'il n'acceptait pas ce qu'il disait lui-même. Le groupe l'écouta en silence, le regard rivé sur lui, malgré les ténèbres qui les noyaient lentement.

— Même les gardes disparaissaient mystérieusement à leur tour, continua-t-il d'une voix pleine de fatigue et de désespoir. Puis il n'en resta plus aucun. C'est à ce moment-là que nous avons tous réalisé que ce n'était pas un tueur, ni même un humain.

— Un monstre, déduisit Mathys d'un ton sombre. C'est probablement un monstre.

— Oui. Exactement.

— Et les autres ne sont pas parvenus à le mettre hors d'état de nuire ?

— Ils ont tous disparu, Mathys. Un par un. Probablement morts, comme ces pauvres villageois qui méritaient de vivre paisiblement et ces gardes qui faisaient seulement leur travail.

Un silence pesant s'installa. L'Empereur des dragons regarda son couteau, son reflet ornait la lame éclairée par la lueur lunaire. Baptiste pouvait alors admirer toute cette crainte que reflétaient ses yeux.

— Il y a encore des survivants ? demanda le chasseur.

— Quelques villageois qui se sont confinés dans leur maison, refusant de sortir et de dormir, effrayés de se voir mourir dans la nuit.

— Il n'y a même pas un garde qui a survécu ?

— Non.

— Pas un chasseur non plus ?

— Personne, à l'exception de toi. Paul était le dernier. Il a disparu la nuit dernière.

Mathys jura à voix basse, Justine et Baptiste n'osèrent pas s'interposer durant cet échange terrible. Il fallait donc qu'ils aillent dans le seul village d'Ydruan qui voyait tous ses habitants se volatiliser, d'une nuit à l'autre !

— Tu sais à quoi il ressemble, ce monstre, au moins ? cracha le chasseur d'un ton amer.

— Seuls les introuvables le savent.

— Faut faire quelque chose.

— Mais quoi ? lui répondit Frank. Personne n'est arrivé à savoir qu'est-ce que c'était. Ce soir, des innocents vont disparaître sans qu'on puisse faire quoi que ce soit pour freiner ce désastre qui se terminera sur un Pilikili arraché de ces habitants.

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