Inquiétant

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 Baptiste regardait la Cité s'endormir, les mains sur une large baie vitrée au fond d'un couloir. Il provoqua la Lune en duel de regards, mais l'Empereur des dragons savait pertinemment que tout cela ne le menait à rien.

Il entendit une porte s'ouvrir, derrière lui, mais Baptiste ne réagit pas. Des pas s'approchèrent avec lenteur, mais ses yeux étaient toujours rivés sur l'horizon.

— Son état est inquiétant, mais Morgane va s'en sortir, annonça alors Justine.

— Hm, répondit-il d'une façon amère et sans se tourner vers la sorcière, super.

Un silence s'installa, l'Empereur des dragons ferma les yeux. Un poids pesait dans sa poitrine, sa colère naissante le consumait de l'intérieur. La seule chose qu'il voulait, à tout prix, était d'être seul.

— Je suppose que je vous ai tous déçus, annonça alors Justine d'un ton calme.

Cette fois-ci, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Baptiste se retourna brutalement, les yeux éclatants de fureur, puis cracha :

— Non, sans blague ? Ce que je veux, moi, c'est simplement retrouver ma forme originelle ! Et nous voilà avec une blessée sur le dos ! Pourquoi as-tu autorisé qu'ils se battent, alors que tu sais très bien que nous n'avons plus le temps pour ce genre d'histoires ?

La sorcière ne lui répondit pas, le fixant avec ce même regard indifférent. Ce qui énerva encore plus Baptiste.

— Et pourquoi changer de comportement d'une seconde à l'autre ? Nous sommes tes amis, Justine ! Tu es l'une des rares mortels que je ne considère pas comme ''inférieure'' ! Pourquoi tu n'as pas essayé de leur faire comprendre qu'il n'y avait rien à craindre ? Que je ne suis pas un ennemi ? Nous en avons rien à faire, de leurs avis ! Tu n'avais qu'à leur ordonner de nous aider... alors...

Sa colère et son incompréhension lui firent perdre les mots. L'Empereur des dragons lâcha un grognement rauque et détourna le regard, la mâchoire serrée.

— Et c'est quoi cette histoire, de vous servir de moi pour éliminer Gwenn ? termina-t-il. Comptais-tu vraiment m'utiliser pour vous permettre de vous retirer cette écharde du pied ? Croyais-tu vraiment que j'allais suivre les ordres d'une mortelle, magicienne ou non ? Surtout après... ça ?

À présent, ce qu'il voulait furent des explications de la part de la sorcière. Aucun des deux ne parla pendant un moment qui parut interminable pour Baptiste, puis la sorcière soupira. Ses épaules s'abaissèrent, comme libérées de la lourdeur de sa responsabilité.

— Si j'ai été si froide, si autoritaire, raconta-t-elle d'une voix douce, c'est parce que j'ai une réputation à préserver, Baptiste. Ce que j'incarne doit représenter la puissance de tous les magiciens d'Ydruan, comprends-tu ? C'est pourquoi j'agis de cette façon, face aux membres du Conseil, face à vous, et face à tout habitant de la Cité, d'ailleurs.

Baptiste fronça les sourcils, encore sur les nerfs. Justine lui adressa un léger sourire triste avant de poursuivre :

— Je suis désolée de t'avoir déçu, vraiment. Mais je devais agir de cette façon. C'est mon devoir.

— Je comprends, répondit Baptiste d'un ton toujours aussi désagréable.

— Et pour ce combat, avoua-t-elle en se plaçant devant la baie vitrée, c'était pour servir de leçon à Simon.

— J'ai pu le comprendre.

— Il croit avoir le pouvoir sur tout le monde. De plus, il déteste les nécromanciens. Je pensais que lui faire affronter un sorcier contrôlant la Magie Noire allait lui faire comprendre que, malgré tout, nous sommes tous sur le même pied d'égalité... enfin...

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