Morgane, la Capitaine de La Rotten Dove

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 L'Empereur des dragons laissa échapper un grognement, sa tête le faisait énormément souffrir. Une odeur ignoble, le mariage machiavélique entre l'humidité et la pourriture, lui agressa l'odorat.

Il ouvrit un œil avec difficulté, il constata alors qu'il voyait flou. Des ombres l'encerclaient, l'admiraient, l'examinaient. Baptiste essaya de bouger, mais il était ligoté : des cordes liaient ses mains entre eux, ses chevilles étaient collées l'une de l'autre. Tout son corps lui faisait mal. Des ricanements explosaient, tout autour de lui.

Il plissa les yeux d'un air haineux, la douleur le frappait comme on pouvait taper sur un tambour. L'Empereur des dragons était à genoux, entouré d'inconnus, avec l'impossibilité de bouger mais aussi dans un lieu qu'il ne connaissait pas.

— T'es réveillé ? lui souffla une voix, juste à côté de lui.

Mathys. Ses yeux s'écarquillèrent soudainement, il tourna la tête vers sa droite.

Le chasseur était présent, comme la sorcière et le prince de Vodaska. Tous était éveillés, et tous avaient le regard tourné vers le haut. Baptiste fit alors de même, sa vue s'était enfin stabilisée.

L'Empereur des dragons crut bien qu'il allait tourner de l'œil, une seconde fois. Tous les quatre étaient entourés par des hommes armés, à la peau pourrie et aux os visibles, à certains endroits. Baptiste étouffa un cri, rivalisant avec ces étranges personnes avec des yeux brillants de colère, alors qu'il était terrorisé, au fond de lui.

Leurs ennemis s'écartèrent soudainement, pour laisser passer quatre personnes, qui s'arrêtèrent juste devant Baptiste et ses compagnons. Une jeune fille, à l'allure d'une adolescente, s'approcha d'eux, un large sourire dérangeant peint sur le visage.

Une mèche de cheveux châtain clair cachait son œil gauche. Son seul globe oculaire visible, vert-de-gris, se posait sur ses proies, une par une. Plus son sourire s'élargissait, plus son œil droit se plissait. Elle fléchit les genoux et se pencha vers eux, tout en lâchant un sombre rire.

Baptiste ne pourrait donc jamais oublier ce haut rayé de noir et de blanc, déchiré, cette longue veste blanche qui traînait au sol quand l'adolescente s'agenouillait, ce sombre pantalon troué et ses bottes de la couleur du néant ?

Où serait-ce cet oiseau en décomposition, et pourtant vivant, sur son épaule, qu'il ne pourrait jamais effacer de sa mémoire ?

L'adolescente se releva et se tourna vers les trois personnes qui l'accompagnaient, deux filles et un garçon, avant de crier, à l'attention de tout le monde :

— Bien joué, tout l'monde ! Ça, c'est d'la bonne prise. J'suis fière d'vous tous, franch'ment.

Des grognements, étrangement ravis, retentirent autour d'eux. Baptiste ne comprenait toujours pas, déboussolé. Était-il sur Le Colosse ? Où se trouvaient tous les soldats de Kim ? Qui étaient-ils ?

— Bon, continua l'adolescente en donnant un coup dans le vide, foutez l'camp, vous tous. Sauf vous, Ludo, Flaf et Carla.

Tous les hommes qui les entouraient disparurent, sauf les trois personnes qui se trouvaient juste derrière l'adolescente. Cette dernière leur adressa un large sourire, toujours aussi malsain.

— Bien dormi ? leur lança-t-elle, d'un ton moqueur. Vous n'savez pas qu'c'est dangereux, par ici ?

— Qui êtes-vous ? fit le prince de Vodaska, indigné. Qui vous a permis de nous attaquer ?

— J't'ai donné l'droit d'l'ouvrir, toi ? Non. Alors ferme ta gueule.

— Ce n'est pas la langage approprié pour une jeune demoiselle de votre âge, si je peux me le permettre...

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