Untameable

Devoir Tuer pour Pouvoir Sauver

 La hutte de Laureline était une misérable cabane en bois qui tenait, par je ne sais quel miracle, toujours debout. Le plafond était fait de feuilles d'arbres, Baptiste se demanda sérieusement comment elles faisaient pour tenir.

La chef de la Tribu de l'Aube s'assit sur un trône taillé dans la pierre, Mathieu resta droit à côté d'elle, immobile et silencieux, les yeux rivés sur l'Empereur des dragons. La mortelle hurla quelque chose d'incompréhensible et les membres de sa tribu décampèrent, le laissant seul face à ces deux humains.

Baptiste croisa les bras, se retenant de faire un sourire en coin. À vrai dire, il savait pertinemment ce qu'il allait faire. Et, au final, il allait terminer gagnant. Que demander de plus ?

— Bien, commença la jeune mortelle. Je vous prierai, Baptiste l'Envoyé du Ciel, de m'écouter jusqu'au bout.

L'Empereur des dragons hocha la tête. Laureline inspira avec lenteur avant de raconter, d'une voix posée :

— Nous, Tribu de l'Aube, sommes des humains sans violence, sans guerre, sans sang qui coule sur nos terres. Nous ne voulons pas nous battre, nous ne cherchons pas à nuire ou à détruire. Mais quelque chose veut nous arracher la vie, Chasseur de Nuages. Tous les soirs, nous nous endormons avec la peur de ne jamais rouvrir les yeux. Et nous ne pouvons rien faire contre... ça.

— « Ça » ? répéta Baptiste, en restant le plus sérieux possible. De quoi s'agit-il, exactement ?

— D'un monstre. Le Serpent de Diamant.

Après l'araignée mangeuse d'hommes à Pilikili, le voilà dans le devoir d'exterminer un reptile à la peau indestructible ! Baptiste voulut paraître le plus indifférent possible... mais face à tout cela, c'était bien trop compliqué. Il soupira sans ouvrir la bouche, les dents serrées et les épaules baissées.

— Je vois, je vois, fit-il. Donc, je suppose que vous voulez que je m'occupe de lui ? Que je tue avant qu'il emporte tous vos fidèles ?

— Sans vous, avoua la jeune mortelle en joignant ses mains entre elles, nous serons perdus à tout jamais. Si vous êtes le véritable Empereur des dragons, je vous en conjure, ô Envoyé du Ciel, délivrez-nous de ce fléau !

Une envie folle de lui ordonner d'arrêter d'en faire autant lui brûla la langue.. mais Baptiste se maîtrisa et se contenta de faire un simple hochement de la tête, une seconde fois. L'Empereur des dragons leur adressa un timide sourire rassurant avant de déclarer :

— Je comprends votre peur, humains. Et c'est bien normal de demander de l'aide à une créature bien plus supérieure à votre espèce... enfin, ce n'est pas là la question. Quelque chose, au fond de moi, m'incite à accepter le fardeau que vous me proposez... mais...

— Mais... ? souffla Laureline.

— Je réclame certaines choses, en échange.

Un silence s'installa entre eux. La chef de la Tribu de l'Aube plissa les yeux, comme si elle examinait la créature qui se trouvait face à elle. Elle s'éclaircit la gorge avant de poursuivre :

— Je vous écoute, Chasseur de Nuages. Dites-moi ce que vous désirer.

— J'exige la libération de mes camarades. Enfin, qu'ils ne soient plus la tête en bas comme à l'heure où nous parlons, surtout.

— Je refuse de les laisser partir maintenant, rétorqua sèchement Laureline. Pas avant d'avoir eu la certitude que le Serpent de Diamant soit hors d'état de nuire.

— Je comprends votre peur et je la respecte. Quoi de plus normal ? Je pourrais bien ne pas remplir ma part du contrat, après que mes camarades soient enfin délivrés de leur sort... mais faites-les descendre. Faites-leur retrouver la tête à l'endroit. Tout de suite.