16 novembre 2016, 3 h 29
La sonnerie du téléphone du commandant Jordan Fontana déchira le long silence nocturne qui régnait dans son appartement. Elle tendit le bras afin de mettre la main sur son smartphone, posé sur la table de chevet, mais elle ne trouva rien d'autre que du vide. Le bruit strident et continu qu'émettait l'iPhone tambourinait dans la tête de la jeune femme, qui voulait plus que tout au monde que cela cesse.
Le réveil fut brusque. Jordan, qui somnolait encore et avait de petits yeux, leva doucement la tête de son oreiller et, de manière paradoxale, saisit le plus rapidement possible son téléphone. Elle l'attrapa de façon si maladroite qu'il manqua de lui échapper des mains.— Fontana, j'écoute, répondit-elle d'une voix ensommeillée.
— Ouais c'est moi, lui répondit son adjoint au bout du fil. On dérouille¹ : on a un cadavre sur les bras, place de la Concorde. L'état-major vient de m'appeler. L'Identité judiciaire est déjà sur place. J'suis avec Claude, on est en route et–
— Attends un peu, qu'est-ce que tu me chantes ? Pourquoi c'est toi qu'ils appellent ? La chef, c'est moi.
— Tu ne répondais pas au téléphone, apparemment. Ravi que t'aies enfin décroché, j'ai essayé de te joindre deux fois avant ça. Pour le coup, avec tout le respect que je te dois, t'as pas géré.
— Ce n'est pas le groupe Rimbault qui est de permanence, aujourd'hui ?
— Euh... si, on est le 16 mais il n'est que 3 h 30. Bref, le magistrat de permanence est sur place et les collègues locaux nous attendent. Tu veux qu'on passe te prendre ?
— Super... Non allez-y, je vous rejoins dans une quinzaine de minutes. Salut, Nico.
Jordan raccrocha sans perdre une seconde de plus. Elle bondit de son lit aussi vite qu'elle put, tout en se demandant comment elle avait pu ne pas entendre son téléphone sonner. Elle qui avait d'ordinaire le sommeil léger et qui, en quatre ans de service à la brigade criminelle de Paris, n'avait jamais manqué un seul appel de l'état-major ! Un sentiment de malaise l'envahit subitement.
Si travailler à la Crim' lui plaisait, elle regrettait toutefois le FBI. Franco-Américaine, Jordan avait intégré le Bureau après avoir suivi la formation intensive à l'académie du FBI basée à Quantico, dans l'État de Virginie. Premièrement affectée au bureau de Boston à seulement vingt-trois ans, la Behavioral Analysis Unit 4², l'une des cinq unités d'analyse comportementale du National Center for the Analysis of Violent Crime, lui avait par la suite ouvert ses portes. Les cinq années passées au FBI, aussi enrichissantes que mémorables, lui avaient fait côtoyer les atrocités les plus terribles : le monde du crime ne lui avait rien épargné. Avec près de neuf ans de carrière professionnelle au compteur, ses compétences n'avaient jamais été remises en question ni par ses collègues, ni par ses supérieurs hiérarchiques.
Après l'appel de son collègue, Jordan pressa l'allure. Elle brossa ses longs cheveux châtains d'une rapidité surprenante, s'habilla avec promptitude puis récupéra enfin son arme dans le coffre-fort de sa chambre. Sans plus attendre, elle partit dans les deux minutes qui suivirent.
Arrivée sur les lieux, elle se gara derrière une camionnette de l'Identité judiciaire puis descendit de sa voiture, une Volkswagen Passat CC qu'elle affectionnait et appelait Valentine. Elle s'avança vers la scène de crime maintenant sécurisée, où son adjoint l'attendait déjà. Il y avait un peu trop de monde à son goût. Le halo des gyrophares bleus dansait et éclairait la place de la Concorde, transperçant l'obscurité de la nuit.
Les fonctionnaires du groupe Fontana s'étaient attelés à leurs tâches respectives. Une équipe de Police-Secours, primo-intervenants, avait relevé les premiers noms et sécurisait les entrées et sorties. Le personnel mobilisé travaillait d'arrache-pied, même si certains auraient préféré rester dans les bras de Morphée.
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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Mystery / ThrillerEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...