Pour un dimanche de mars, le soleil était curieusement au rendez-vous. Sébastien Fontana était convaincu qu'il s'était invité à l'anniversaire de son frère. Après tout, les jours de fête étaient bien meilleurs lorsque le beau temps répondait présent.
L'enquête de l'IGPN qui avait découlé de l'arrestation de Romain Schneider était déjà loin derrière les policiers du Bastion. À l'inverse, la procédure concernant le tueur des bords de Seine venait seulement de connaître son épilogue. Réparti en plusieurs chemises gonflées par un millier de procès-verbaux, le dossier était si solide que même le plus brillant des avocats peinerait à le démonter.
La vie avait repris son cours, même si cela n'avait pas été simple tous les jours. Somme toute, la pilule avait été digérée par tous, y compris par la partie de la famille Fontana qui vivait de l'autre côté de l'Atlantique. Ellie et Jordan avaient commencé à enterrer la hache de guerre. Les retrouvailles avec leur père les avaient rapprochées. Il y avait une semaine à peine, les Fontana parisiens étaient à Washington, D.C. afin de rendre visite à leurs proches et, accessoirement, célébrer le retour de Philippe parmi eux. Un voyage que Jordan n'avait pas effectué depuis qu'elle avait quitté le FBI.Réunis autour de l'immense table de la salle à manger, la famille Fontana profitait d'un copieux repas, tradition du dimanche qui perdurait et qui avait renoncé à son goût amer depuis la réapparition du patriarche.
Après le délicieux plat de résistance advint l'heure du dessert. Une jolie forêt noire – le gâteau préféré de Thomas – cent pour cent réalisée par sa mère, Andréa. Dans la cuisine, Jordan et Sébastien s'emparèrent des cuillères et des petites assiettes.— Dis, tu lui as pris quoi comme cadeau, cette année ? demanda le jeune homme de vingt-cinq ans.
— Tu verras bien, sourit sa sœur aînée. Vas-y, prends les couverts, je m'occupe des assiettes.
Le benjamin de la famille s'exécuta sans attendre, non sans avoir d'abord lancé un « Oui, Madame le Commandant ». L'ex-agent du FBI leva les yeux au ciel, puis prit les onze petites assiettes, le couteau de cuisine et bien sûr, le champagne.
— Tu veux de l'aide ? proposa Alexandre Raynaud en faisant irruption dans la pièce.
— Ce n'est pas de refus. Tiens, prends le champagne.
Le capitaine des Stups fixa la petite pile d'assiettes.
— Grande famille, pas vrai ?
— Ah, ça...
— Tu te verrais avec quatre enfants, toi ?
En haussant un sourcil, Jordan se tourna vivement vers son compagnon.
— C'est mort, répondit-elle en lâchant un rire. Je t'en fais un, deux, voire trois si tu sais bien négocier. Mais ne compte pas sur moi pour te donner une équipe de foot...
— Bon alors, les amoureux, on se dépêche ? les charria Philippe lorsqu'ils arrivèrent dans la salle à manger.
— On est là, Pap's. On discutait du fait que non, je ne te pondrai pas plus de trois petits-enfants.
Toute la tablée éclata d'un rire qui respirait le bonheur. Étaient présents Juliet, l'épouse de Thomas, Kieran, leur petit garçon de cinq ans, Marie-Josée, la mère d'Andréa qui allait doucement vers ses quatre-vingt-deux ans, Marion, la copine de Sébastien, et Madelyn. Seuls Ellie et sa petite tribu manquaient à l'appel ; l'institutrice washingtonienne n'étant effectivement pas en vacances, elle avait toutefois veillé à laisser un message vidéo à son frère aîné pour lui souhaiter un bon anniversaire. Les petits Kyle et Andrew faisaient aussi une rapide apparition pour saluer leur famille parisienne et chanter un joyeux anniversaire à leur oncle.
La splendide forêt noire faite maison fit enfin son entrée dans la salle à manger. Andréa, cachée par le gâteau aux bougies allumées, avait commencé à chanter Happy Birthday, suivie de Sébastien qui avait entrepris de ramener les premiers cadeaux.
Au fur et à mesure, tous les hôtes prirent part à la chanson. Thomas se sentit subitement rougir, ce qui lui arracha un petit sourire. Kieran, dont l'envie de sauter sur le dessert n'avait échappé à personne, vint s'asseoir sur les genoux de son père.— ... Happy birthday to you, Thomas!
Le gâteau face à lui, Thomas souffla ses bougies, imité par son fils qui voulait l'aider à toutes les éteindre. Juliet, Jordan et Sébastien filmaient la scène. Un tonnerre d'applaudissements retentit, ne faisant qu'agrandir le sourire de Thomas.
— Trente-six ans, mon fils... dit Andréa en un souffle. J'ai l'impression de t'avoir mis au monde hier !
Philippe lâcha un rire.
— Joyeux anniversaire, fiston, glissa le père de famille à son fils aîné en lui tapotant l'épaule. Si tu savais comme je suis fier de toi. Ne l'oublie jamais.
Thomas lui adressa un sourire et le remercia.
— Fais gaffe, Tom, tu te rapproches de plus en plus de la quarantaine ! le taquina Jordan.
— Tu verras quand ce sera ton tour, ça arrive plus vite qu'on ne le pense, petite sœur, surtout qu'on n'a que deux ans d'écart ! répliqua le roi de la fête.
Philippe ouvrit la bouteille de champagne. Le « pop » du bouchon occasionna une ovation accompagnée d'une poignée d'applaudissements.
— Il reste du jus de fruits au frigo ? demanda Juliet à l'attention de sa belle-mère.
— Certainement, oui. Pas de champagne ?
Juliet et Thomas se consultèrent du regard. Ce dernier se pinça les lèvres. Il ne fallut pas plus de deux secondes à Andréa pour comprendre, mais Jordan fut plus rapide :
— Mais noooon ! Mesdames et Messieurs, baby number two is on board !!!
S'ensuivit alors une nouvelle ovation de la part de tous les invités. Fidèle à son rôle de mère, Andréa eut la larme à l'œil. Kieran avait hâte d'être grand frère.
Fille, garçon ? Le couple désirait garder le secret. Juliet jeta un nouveau coup d'œil à Thomas, qui se tourna vers elle et lui prit la main. Il se pencha pour l'embrasser.
À côté d'elle, Jordan sentit Alexandre l'attirer contre lui. Il vint placer son bras autour de sa taille. Elle leva les yeux et lui sourit. Leurs lèvres finirent par se rejoindre.C'était ça, le bonheur : être entouré des siens, partager un grand moment tous ensemble, répandre sa joie, rire.
Le véritable bonheur était incontestablement immatériel.
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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Mistério / SuspenseEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...