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Le commandant Fontana et le capitaine Mercier poussèrent la porte du Restaurant Paul. Situé près du square de la Place-Dauphine, ledit restaurant avait la réputation d'être la « cantine » des flics, mais surtout celle des avocats. Jordan et Nicolas y déjeunaient souvent ensemble, lorsque le Nordiste n'allait pas manger avec son meilleur ami, Alexandre Raynaud, capitaine à la brigade des stupéfiants.
L'un des serveurs, qui connaissait bien les deux officiers de police du fait de leur habitude à venir manger au restaurant, les accueillit chaleureusement, comme il était coutume.

— Commandant, Capitaine ! Bonjour ! s'exclama-t-il en se dirigeant vers eux. Même table que d'habitude, je suppose ?

— Salut, Denis ! lui répondirent-ils tout aussi joyeusement. Oui, la même, lui confirma Jordan.

Tandis qu'ils s'installaient, Denis revint avec deux cartes de menus qu'il tendit à ses deux clients.

— Du vin ? proposa-t-il.

— Ah non, merci, déclina gentiment Fontana, on aimerait bien mais disons que l'on est un peu pressés, en ce moment. On va prendre de l'eau. On va éviter de boire alors que l'on reprend le boulot juste après.

— Ah oui, bien entendu ! Encore une nouvelle affaire sur les bras, je présume ?

— Malheureusement oui.

— Eh bien, j'espère que votre enquête sera résolue au plus vite. Enfin bref, je vous laisse la carte et je repasserai vous voir pour prendre vos commandes.

— Ça marche, merci Denis ! lança Mercier.

Alors que le serveur s'éloignait de leur table, Fontana ne mit pas trois plombes à choisir ses plats. La carte, elle la connaissait par cœur. Pouvoir lire environ quinze mille mots par minutes était de fait beaucoup plus qu'un avantage.

— Ça fait un moment que je t'observe, fit enfin Jordan à son adjoint en posant la carte au bord de la table, tu as l'air ailleurs. À quoi tu penses ? À l'affaire ?

Lui, le nez toujours fourré dans la carte du restaurant, releva finalement la tête et constata que sa collègue avait déjà choisi ce qu'elle allait manger.

— Ouais. Enfin, j'sais pas trop quoi en penser, pour être tout à fait honnête... La perquise de la chambre n'a rien donné et pendant ce temps-là, y'a un taré qui se balade tranquillement dans nos rues.

— Je comprends ta frustration, Nicolas, mais il ne faut rien lâcher. On l'aura.

Enfin, j'espère.

— Au fait, reprit Mercier après que Denis eut pris leur commande, ça a donné quoi, l'audition de Delcourt ?

Jordan résuma – pour la deuxième fois – le déroulement de son entretien avec le père de la victime. Nicolas resta perplexe mais se contenta de suivre l'instinct de son amie qui disait que Delcourt était étranger à la mort de sa fille, malgré ses secrets. Elle lui raconta de même la visite de Sébastien à la PJ durant laquelle il lui avait parlé de Pauline Eyraud. La discussion entre les deux officiers de police fut interrompue de façon inattendue lorsque le téléphone de Jordan sonna.

— Pff, décidément, on n'est jamais en paix ! Métier de merde ! jura-t-elle. Allô ?

Cela amusa son adjoint qui riait de son agacement.

— Qui a osé oublier que c'était l'heure de se remplir l'estomac ? demanda-t-il après que Jordan eut raccroché.

— Éric, répondit-elle. Il est allé récupérer avec Lisa les bandes vidéo des caméras de surveillance du ministère de l'Économie et des Finances et de celles qui donnent sur le boulevard Bercy. Je mettrai Zazou sur le coup pour commencer à visionner ça dès cet après-midi, Rico s'occupera de l'ordinateur portable de Laura. J'ai envoyé la réquise¹ à son opérateur téléphonique, on devrait recevoir les fadettes² rapidement. J'ai bien graissé et souligné « Homicide volontaire aggravé », comme ça, ils ne traîneront pas pour nous les envoyer. Côté banque, on a demandé ses relevés, il faudra les éplucher. En attendant de tout recevoir, il faut qu'on commence à retracer son emploi du temps, ses habitudes...

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant