Dans le deux-pièces de la rue Gay-Lussac, à deux pas du jardin du Luxembourg, l'atmosphère pesante était menacée par l'odeur à laquelle les policiers étaient malheureusement habitués. Épaulé par l'IJ, Marc procédait aux constatations tandis qu'un Nicolas défaitiste était parti à la chasse aux indices qu'il savait déjà inexistants. Éric et Lisa s'étaient organisés afin de mener à bien leur enquête de voisinage, et Jordan fixait la rose rouge être mise sous scellé avec des yeux de chat qui fait dans la braise. L'angoisse qu'elle sentit ramper le long de son échine contraria son émoi. Après avoir remis les pieds sur terre, elle se remit au travail et inspecta l'appartement.
Une étudiante, encore. D'après l'emploi du temps fixé sur l'une des étagères avec de la pâte adhésive, elle était inscrite en master de langues, littératures et civilisations étrangères et régionales, à la faculté des lettres de la Sorbonne. Papiers et manuels formaient un amas confus sur le bureau, lui-même mal rangé.
Fouillant les tiroirs, la chef de groupe ne remarqua pas le commissaire Favier s'approcher d'elle. Intrigué, il surveilla ses faits et gestes par-dessus son épaule. Il dut tourner les yeux lorsqu'il entendit quelqu'un l'appeler.— Bon, c'est le même carnage que pour les autres victimes, dit Nicolas sans introduction. Par contre, je ne sais pas comment on va annoncer ça à son père.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? lui demanda Favier.
Jordan se saisit d'un cadre photo qui renfermait un cliché de famille : deux parents, une fille et un fils. Elle le tendit alors au chef de section.
— La victime, c'est Sarah Blanchard, la fille du commandant Blanchard...
De retour au 36, le groupe Fontana n'avait pas attendu des plombes pour annoncer la nouvelle aux commissaires Santini et Lafarge. Ces derniers furent frappés de stupeur et crurent nécessaire de décrocher l'équipe Blanchard de l'affaire. À l'instar de ses coéquipiers, Jordan n'approuva pas une telle décision.
— On a besoin d'effectifs. Décrochez Blanchard, mais laissez ses hommes sur le dossier. Il faut qu'on continue les rondes, les contrôles d'identité à pied, de nuit comme de jour. Le tueur arrive à nous échapper, je ne sais comment, alors gardez son équipe.
— Si vous y tenez, céda Arthur Santini. Je vais en discuter avec le commissaire Cornier, ça ne devrait pas poser de souci. On laissera la direction du groupe au capitaine Hesme, l'adjoint de François Blanchard.
— Qu'est-ce que ça a donné, l'enquête de voisinage ? demanda Favier à l'attention des ripeurs.
— Les voisins qui habitent l'appartement du dessous ont entendu du bruit hier soir, vers vingt heures, raconta Éric, comme des affaires qui tombent. Sûrement les bouquins qu'on a retrouvés par terre. Sinon, rien d'autre, on a fait chou blanc. Personne n'a rien entendu, n'a vu personne. Le type a été discret, comme d'hab'.
— Il n'a pas attendu pour tuer Sarah, si l'on peut dire, enchaîna Marc. Je dirais que la mort remonte à moins de dix-huit heures. Notre meurtrier monte en puissance.
— Ça sent le sapin, fit le taulier. Je n'aime pas ça, surtout quand il s'agit de la fille d'un de mes hommes, d'un excellent chef de groupe qui plus est. Il ne mérite pas ça. (Santini fit une pause) Je me charge de le prévenir...
Visiblement très touché par l'événement, le patron de la brigade criminelle quitta le bureau 414 pour apprendre la terrible nouvelle au commandant Blanchard. Quelques heures après la découverte du corps de Sarah par une voisine, il n'avait toujours pas été mis au courant. Tous appréhendaient ce qui allait en découler. Le capitaine Mercier ne put s'empêcher de se ronger les ongles, angoissé par la possible réaction de Blanchard. L'Américaine, tête baissée, ne pipa mot. Sentant la gêne le faire rougir, Marc s'excusa et se retira afin de compléter la procédure. Éric entreprit d'exploiter l'ordinateur portable et Lisa s'attela au retraçage de l'emploi du temps de la victime.
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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Mystery / ThrillerEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...