Dix mois plus tard...
Cela faisait déjà deux mois que la police judiciaire de la préfecture de police de Paris avait déménagé au 36, rue du Bastion, dans le quartier des Batignolles. L'immense bâtiment à dix étages, d'une modernité singulière, était la nouvelle maison de l'ensemble des services de la DRPJ. Seule la Brigade de recherche et d'intervention avait conservé son implantation au quai des Orfèvres.
En plusieurs mois, il n'y avait pas que l'emplacement de la PJ qui avait été soumise au changement. Les situations de chacun avaient également subi quelques modifications. Le groupe du commandant Jordan Fontana avait perdu son geek favori, le lieutenant Éric Belmont, qui venait de prendre son poste à la DGSI. Son profil avait largement séduit le service recruteur. En dépit de cette mutation, l'expert en informatique n'avait pas perdu le contact avec ses anciens collègues. L'atmosphère n'était toutefois plus la même au sein du groupe. Le lieutenant Lisa Haussmann s'ennuyait terriblement après son acolyte de toujours et appréhendait l'arrivée imminente de son remplaçant.Il y avait bientôt un an qu'on avait découvert le corps mutilé de Laura Delcourt. Puis de Pauline Eyraud. Et des trois autres. Leur assassin dormait en prison, en attendant son procès. Même si l'affaire avait été sortie, les groupes de la brigade criminelle peinaient à « tourner la page » et gardaient un très mauvais souvenir de ce dossier. Même après le procès qui aura lieu dans peut-être un an ou deux, les âmes ne seront jamais apaisées.
Ils n'avaient pas rencontré d'autres tueurs en série depuis Valentin Moreau, et tous espéraient ne pas en recroiser avant des lustres. Contrairement à l'année précédente, ce mois de novembre était moins stressant et les affaires qui tombaient commençaient à se ressembler.Le Bastion disposait d'une cafétéria où tout le monde aimait se retrouver. C'était un changement colossal pour les hommes et les femmes de la PJ. Finies les discussions dans le couloir près de la machine à café, voilà enfin un lieu dédié aux vives parlottes et commérages.
Ce fut à cet endroit si prisé que le capitaine Alexandre Raynaud rejoignit le commandant Jordan Fontana et son adjoint, le capitaine Nicolas Mercier.— Hey, les salua-t-il en s'approchant d'eux.
Il vint serrer la main de son meilleur ami et embrasser sa compagne, avec qui il vivait désormais depuis quatre mois.
— Quoi de neuf ? lui demanda Nicolas avant d'avaler une gorgée de café chaud.
— Pas grand-chose, la routine... On a une inter' dans vingt minutes. Et vous, c'est aujourd'hui que votre nouveau ripeur arrive, non ?
Jordan approuva d'un signe de tête.
— Ouais. Un lieut', il doit avoir mon âge. Réputé pour son flair, son sérieux et sa persévérance. Il nous vient de l'OCLCO¹, de la brigade nationale de répression du banditisme et des trafics.
— La Crim', ça va le changer, commenta Nicolas.
Jordan entendit son téléphone sonner depuis sa poche de pantalon. Elle s'en saisit, jeta un coup d'œil à l'écran et décrocha sans plus attendre.
— Commandant Fontana, j'écoute.
— Bonjour, Commandant, répondit son interlocuteur. C'est l'accueil. Une femme demande à vous voir.
— Qui donc ?
— C'est Madame Sorel Anne-Claire.
Vincent de Goÿs de Mézeyrac faisait désormais partie du célèbre « 36 ». Il aurait adoré découvrir l'intérieur du bâtiment originel, mais le Bastion était bien plus impressionnant.
La BNRBT allait lui manquait. Le jeune lieutenant de police, issu de la noblesse française et descendant direct du général Louis de Goÿs de Mézeyrac, pilote de l'armée durant la Première Guerre mondiale, aimait explorer l'inconnu et goûter à de nouvelles choses. Derrière son arrogance occasionnelle se cachait un grand cœur et surtout, l'âme d'un enquêteur hors pair à l'avenir prometteur.
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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Mystery / ThrillerEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...