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Les journées se suivaient et se ressemblaient à la PJ de Paris. Le sablier continuait à se vider jour après jour. Les policiers de la Crim' travaillaient sans relâche, les informations s'empilaient dans les bannettes des procéduriers, jusqu'à en déborder. L'unique point positif que tous gardaient en tête était que le tueur n'avait pas frappé de nouveau. Le service avait renforcé patrouilles et planques, tous azimuts. Quant à Valentin Moreau, il restait toujours introuvable. Son domicile dans le quartier du Marais était inoccupé depuis plusieurs jours. La perquisition de la petite maison sur cour pavée en avait déçu plus d'un. Il n'y avait rien qui pouvait guider les seigneurs du 36 vers une direction nouvelle.

Au cours de la semaine, Jordan avait rendu visite à Pat, le patron du Galway Irish Pub, et à Néness, celui du Soleil d'Or, dont les pubs étaient souvent fréquentés par le lieutenant Moreau. Les deux gérants avaient promis à la jeune chef de groupe de la prévenir si l'intéressé venait à se manifester dans leurs établissements respectifs. Journaux et autres médias, de leur côté, n'avaient pas tardé à interpréter le silence de la police comme une preuve évidente du piétinement de l'enquête. Enquête qui faisait les gros titres, d'après l'exemplaire du Parisien que Jordan s'était procuré.

TUEUR DES BORDS DE SEINE : LA BRIGADE CRIMINELLE DANS L'IMPASSE ?

Elle soupira d'agacement, replia le journal et le roula. Elle arriva à hauteur du sas de sécurité qu'elle passa puis poursuivit son chemin. Il ne lui restait qu'une quinzaine de marches à monter mais elle remarqua déjà la horde de collègues à l'étage de la brigade criminelle.

— JOYEUX ANNIVERSAIRE !!!!!

Jordan Fontana posa le pied au troisième niveau et entrouvrit la bouche de surprise. Se sentant tout à coup rougir, elle plaqua sa main contre son visage. L'Américaine eut du mal à cacher son émotion. Avec des journées rythmées par les dossiers, les procès-verbaux et les auditions, elle en avait oublié son anniversaire.

— Merci, je–Woah. Thank you, guys.

— Alors, ça te fait quel âge ? Vingt-cinq ? plaisanta le brigadier Karim Azoulay, du groupe Martinez.

— Non, vingt-et-un, badina à son tour la jeune femme.

Tout le monde éclata de rire.

— On a déposé des trucs pour toi sur ton bureau, l'informa Pierre Couttier en souriant. Et par terre, aussi. On n'a pas voulu tout déranger.

— C'est gentil, vous n'auriez pas dû ! Ce n'est pas encore Noël.

Même les commissaires étaient présents. Le sourire de Jordan s'élargit. Elle était consciente de la chance qu'elle avait de pouvoir travailler avec des collègues tels que les siens.

— On fête ça ce soir, hein, lui glissa son adjoint en lui tapotant amicalement l'épaule.

— Bien sûr, je te laisse amener le champagne. Encore merci, c'est gentil de votre part. J'espère que l'on va tous passer une bonne journée.


Des paquets jonchaient effectivement le sol, entourant le bureau de la chef de groupe, à tel point que Fontana se demanda comment elle allait pouvoir accéder à son siège. Elle distingua des cartes d'anniversaire qui reposaient sur la surface du bureau. Elle laissa échapper un petit rire.

— C'est de la folie, dit-elle depuis la porte faisant office de passage entre les bureaux 414 et 415.

— Alors, comme la plupart, nous nous sommes cotisés et nous avons posé notre cadeau sur ta chaise, lui indiqua le quatrième de groupe.

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant