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Une demi-heure s'était écoulée et tout le groupe avait rappliqué au bureau. Le commissaire Dominique Lafarge était également présent. Tous se tenaient debout, en 414. Gilbert était adossé contre le chambranle de la porte avec une chemise sous le bras et le chef de section, mains dans les poches, s'était arrêté au centre de la pièce.
L'atmosphère qui régnait au sein du bureau avait tout l'air de celle que l'on retrouvait sur les champs de bataille après la guerre : il y avait un silence plombant. Le commissaire sentait une espèce de tension préexistante mais en ignorait la nature. Personne n'était au courant concernant le non-lieu, excepté Nicolas que Jordan avait mis au parfum.

— Alors, ces affaires ? commença Lafarge dont le regard s'était immobilisé sur le tableau noirci des éléments et débuts de pistes de l'enquête, en face du bureau d'Éric. Ça avance comme vous voulez ?

Personne ne répondit ; les capitaines et lieutenants attendaient que Jordan le fît.

— Ho, les gars ! Je vous parle, leur fit-il remarquer en haussant le ton.

Tous les regards convergèrent vers la chef de groupe qui n'écoutait pas et qui notait d'innombrables interrogations sur un morceau de papier.

— Fontana ? entendit-elle Lafarge dire.

Oppressée, la commandante de police se leva brusquement de son fauteuil de bureau et quitta la pièce tout aussi vite, sans donner la moindre explication à personne. Elle claqua la porte derrière elle, ce qui fit sursauter Lafarge.

— J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? s'enquit-il, inquiet.

À son tour, le capitaine Mercier se leva de son bureau et prit la direction de la porte, pour essayer de rattraper son amie.

— Laissez tomber, Monsieur, il ne s'agit pas de vous, lui assura-t-il lorsqu'il passa à côté de lui.

Le second de groupe referma la porte du bureau, laissant les cinq autres à l'intérieur. Ils semblaient tous aussi intrigués et inquiets les uns que les autres.

Dans le couloir, le Nordiste croisa le chemin du commandant Léopold Royer en compagnie de son adjoint, le capitaine Arnaud Gombart.

— Salut, les gars, leur dit Nicolas. Dites, vous n'auriez pas vu l'Américaine, à tout hasard ?

— Elle est montée, répondit Gombart, pourquoi ?

— Elle n'avait pas l'air dans son assiette, ajouta Royer en faisant une moue. Quelque chose ne va pas ?

— Les juges d'instruction ont rendu un non-lieu dans l'affaire du meurtre du divis' Fontana, leur apprit Mercier en hochant la tête.

— Merde, jura le commandant, déjà ? Cela ne fait que quatre ans et l'enquête n'est pas bouclée...

— Ouais, mais c'est quand même long, surtout pour Jo. L'enquête est au point mort depuis un bout d'temps, faute de preuves. Je sais pas pour Schneider mais chez nous, le dossier prend la poussière, alors je dois avouer que ça ne m'étonne qu'à moitié...

— J'espère que le Parquet fera appel. Tu lui transmets notre soutien, s'il te plaît.

Le capitaine Nicolas Mercier acquiesça d'un signe de tête avant de quitter ses deux collègues. Il emprunta les escaliers pour atteindre les toits, endroit où Jordan aimait se rendre en cas de coup de mou.

Effectivement, il aperçut la chef de groupe assise, le regard perdu dans l'horizon. Il ne s'attarda pas et se dirigea vers elle.

— J'me doutais bien que tu avais trouvé refuge ici, lui dit-il en s'asseyant près d'elle. Tu ne changes pas tes habitudes.

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant