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Vincent de Goÿs de Mézeyrac frappa à la porte du bureau 6.035 qui était ouverte. À l'intérieur, trois hommes et une jeune femme.

— Bonjour, Commandant Fontana ?

L'un des hommes se leva pour venir l'accueillir.

— Vincent, c'est bien ça ? Capitaine Nicolas Mercier, je suis l'adjoint. Ravi de t'avoir parmi nous.

— Enchanté.

— Jordan – notre chef de groupe – n'est pas là, mais elle ne devrait pas tarder. Là t'as Marc, Claude, et Lisa.

Les trois derniers saluèrent Vincent.

— Bienvenue chez nous, renchérit Marc en lui serrant la main. Vas-y, viens prendre tes aises et installe-toi. Ton bureau, c'est celui-là, ajouta-t-il en désignant du menton un bureau vide.

Le lieutenant remercia le procédurier et commença à installer ses affaires sur son bureau attitré. Ses yeux parcoururent la pièce. Rien à voir avec les bureaux vétustes du Quai des Orfèvres dont il avait tant entendu parler. Au même moment, le commandant Jordan Fontana débarqua dans la pièce d'un pas véloce.

— C'est elle, c'est la chef, murmura Claude à l'oreille de Vincent.

Le lieutenant s'étonna de la jeunesse de sa supérieure, elle devait avoir son âge. Toutefois, il ne se posa pas davantage de questions et s'avança vers elle.

— Commandant, mes respects, Lieutenant Vincent de Goÿs de Mézeyrac. Enfin, juste « de Goÿs », ça ira.

— Ah ! Enchantée, Vincent. Et tu m'appelles Jordan, comme tout le monde. On se fout du grade ici, sauf avec les tauliers. Tu verras, tu t'acclimateras assez vite.

— Ça marche.

— Je suis désolée, j'ai quelque chose à faire à l'extérieur, mais je reviens vite. Du neuf sur notre suspect dans l'affaire de la petite Stella ?

— On continue d'interroger l'entourage, dit Nicolas.

— C'est quoi, l'histoire ? demanda Vincent.

— Une gamine violée et tuée à Levallois, il y a quatre mois, lui répondit Marc. Retrouvée dans la cave de l'immeuble des parents... Une voisine a vu la voiture du suspect devant le bâtiment peu avant l'heure du meurtre. On continue de se renseigner sur lui, bien qu'on l'ait serré il y a deux semaines.

— Connu des services de police ?

— Non, justement, ça a rendu le problème encore plus compliqué. On n'a pas non plus retrouvé de traces ADN sur la scène de crime, il n'avait rien laissé, c'est pour ça qu'on a été saisis. Si on est remontés jusqu'à lui, c'est en partie grâce à plusieurs témoignages qui concordent et au bornage téléphonique.

— Il a quand même fini par se mettre à table, précisa Claude, mais on poursuit les investigations, il y a encore trop de questions sans réponses.

— Hm, je vois, marmonna la nouvelle recrue.

— Si tu veux, tu peux lire le dossier, lui suggéra Jordan. Un œil neuf, ça ne nous fera pas de mal. Tu trouveras peut-être des détails qu'on n'a pas vus. Marco te filera la procédure.

Vincent acquiesça. Il apprécia la confiance que lui accordait déjà sa chef de groupe.

— Bon, il faut que je file, lança celle-ci. Je vous laisse vous y remettre. Si vous avez du nouveau, vous me passez un coup de fil.

Debout face aux éléments sur l'affaire du mystérieux Chimiste qui le hantait nuit et jour, Philippe Fontana ne savait plus où donner de la tête. Enquêter en solo n'était peut-être pas la meilleure idée. Pour la première fois depuis quatre ans, il se mit à penser aux conséquences si le dossier parvenait à une fin. Ses investigations n'auraient pas la moindre valeur devant un tribunal. C'était une raison suffisante pour sortir de l'ombre une fois le Chimiste démasqué.
Mais ce n'était pas envisageable pour le moment. Son identité demeurait encore inconnue.
Il entendit quelqu'un frapper à la porte de sa chambre. Sans bouger, il pria la personne d'entrer.

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant