Lisa et Claude ramarrèrent à leur tour au « QG » et se laissèrent tomber sur leur fauteuil. Ils étaient passés dans une boulangerie du secteur pour y acheter pains au chocolat et croissants. L'équipe s'était servie en viennoiserie et caféine, de quoi se remettre d'aplomb. La journée s'annonçait d'ores et déjà longue et les troupes avaient besoin de forces.
La ripeuse reprit l'analyse des images de vidéosurveillance tandis que Claude s'attelait à la téléphonie de Pauline : bornage, appels, messages, correspondants, tout fut passé au peigne fin. De son côté, Éric géra du mieux qu'il pouvait l'ordinateur portable de Laura, tâche à laquelle il s'adonnait depuis presque cinq jours. Dans le bureau voisin, Jordan avait prorogé la durée qu'elle s'était fixé pour l'épluchage des relevés téléphoniques de Laura Delcourt. Carnet d'adresses sous les yeux, la chef de groupe espérait trouver sur les fadettes une anomalie ou du moins, un numéro susceptible de sortir de l'ordinaire. Mais, jusque-là, rien ne l'avait interpellée. Elle soupira un instant et se leva afin de remplir pour la troisième fois sa tasse de café.Les « Fontana » étaient à pied d'œuvre. Le silence dominait largement les pièces ; seuls les bruits de clavier et de papier étaient audibles. Le temps était compté, mais la jeune docteure en criminologie s'était persuadée que les investigations s'étaleraient sur plusieurs semaines. Une chose continuait à la chiffonner : le lieu où chaque corps avait été retrouvé. Laura sur une place publique, Pauline chez elle. Et dans les deux cas, personne n'avait rien vu, rien entendu. Chose certes étrange, mais Jordan était convaincue qu'il devait y avoir une bonne raison à ce surprenant changement.
« Rien ne justifie ce massacre », pensa-t-elle.
Perdue dans ses réflexions, la jeune femme n'avait pas remarqué que Romain Schneider, dont l'air austère ne le quittait jamais, se tenait devant le 415. Ce fut Nicolas qui leva la tête vers lui en premier. Tasse de café en main, il roula des yeux lorsque le chef de groupe de cinquante-et-un ans pénétra dans les murs du petit bureau. Son visage stoïque n'exprimait aucune émotion. Depuis le 414, Éric et Lisa s'abstinrent de tout commentaire et firent comme s'ils n'avaient rien vu, tout en poursuivant leurs investigations. À l'instar des ripeurs, Claude ne dit rien, mais il ne quitta pas le commandant du regard.— On peut t'aider, peut-être ? maugréa Mercier alors que Schneider le fixait durement.
Ces paroles firent brutalement tirer Jordan de ses pensées. Elle releva la tête. Elle outrepassa sa forte envie de soupirer d'ennui lorsqu'elle aperçut le chef de groupe devant la porte, et sourit faussement à la place.
— Je te rassure, je ne suis pas venu te voir, cracha le commandant à l'attention de Nicolas.
— Vous désirez me parler ? lui demanda Jordan afin de désamorcer l'altercation naissante.
Le fait que Mercier et Schneider ne s'entendaient pas n'était pas un scoop au 36. Cela remontait bien avant l'arrivée de Jordan à la brigade criminelle. Celle-ci n'en connaissait pas vraiment les raisons. Claude lui avait seulement expliqué qu'ils avaient eu plusieurs différends sur une affaire sur laquelle ils enquêtaient en co-saisine. Nicolas était encore affecté aux Stupéfiants.
— Vous imaginez bien que je ne me suis pas déplacé juste pour m'extasier devant le décor de votre bureau.
S'il avait pu, Nicolas lui en aurait collé une. Il préféra ignorer la présence de Schneider et se remit au travail.
— Très bien, j'ai compris, se résigna Jordan. Sortons.
La jeune femme se leva et invita Schneider à la suivre jusque dans le couloir.
— De quoi s'agit-il ? reprit-elle en tirant la porte derrière elle.
— Je suppose que vous êtes au courant pour l'affaire de votre père. Je voulais savoir ce que vous en pensiez, Commandant.
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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Gizem / GerilimEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...