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En attendant que la machine à café eût terminé de remplir son gobelet, le capitaine Nicolas Mercier jeta un coup d'œil à sa montre : elle affichait 17 h 31. L'ex-enquêteur des Stups soupira et se pencha afin de se saisir dudit gobelet. Il ne put s'empêcher de penser à l'enquête actuelle, même pendant ses pauses. Elle le chagrinait ; son groupe était si près du but et si loin à la fois. Nico sourit jaune ; lui qui croyait au début qu'ils pouvaient sortir l'affaire en flag', il s'était trompé en beauté. Il pensa à cette avant-dernière semaine de novembre qui s'achevait petit à petit, et espéra fermement pouvoir mettre un point final à cette enquête avant la fin du mois. À l'instar de ses collègues, le Nordiste ne voulait pas entrer dans la période des fêtes de fin d'année en sachant qu'un tueur en série se baladait en toute liberté dans les rues. Il s'était donné pour objectif de boucler l'affaire avant la mi-décembre.
Il tourna promptement son regard en direction du couloir avant de porter le gobelet rempli de café à ses lèvres mais s'arrêta net pour lever à nouveau les yeux vers cette même direction. Il venait de se rendre compte que Robin Fontana se joignait à lui.

Hi, lança l'Américain en insérant des pièces jaunes dans la machine.

Hi, l'imita Nicolas.

L'OPJ le regarda sélectionner un café long puis fixa le gobelet de dix-huit centilitres tomber et se remplir.

— Ça va ? reprit le policier.

— Ça va, merci, et vous ? Vous avez l'air fatigué.

Mercier haussa les épaules et avala une gorgée de café.

— Couci-couça. C'est vrai que je suis crevé, mais pas autant que vous, apparemment.

Fontana retira le gobelet de la machine et le porta à sa bouche.

I know. J'ai encore du mal avec le décalage horaire.

Le fonctionnaire ne répondit pas et le surveilla du coin de l'œil. Le cousin de Jordan se perdit dans ses pensées ; Nicolas comprit sans mal ce qui le travaillait autant.

— Écoutez... Je sais que c'est difficile pour vous, ces temps-ci. (Il fit une pause) Moi aussi, j'ai un fils. Il a trois ans, il s'appelle Benjamin, c'est le filleul de Jordan. Je ne sais pas ce que je ferais si je le perdais.

— Ah, je savais que Jo avait un filleul, mais je ne pensais pas qu'il s'agissait de votre fils.

— Eh si. Ma femme et elle sont de bonnes amies, c'est elle qui a eu l'idée de la choisir comme marraine.

Robin eut un léger rire.

— Vous avez de la chance. I mean... Je n'ai plus rien de tout ça. J'ai tout perdu du jour au lendemain.

— Il n'est pas trop tard pour recommencer.

— Je ne sais pas vraiment si j'en ai envie. En tout cas, pas pour le moment.

— Je comprends.

— Pour l'instant, ce que je veux, c'est que l'on coince cet enfoiré qui nous fait courir depuis toutes ces années.

— Vous repartez quand ?

— Aucune idée. C'est la première fois en cinq ans que je ne vais pas pouvoir aller sur la tombe de mon fils pour son anniversaire de décès. J'y vais chaque année, d'habitude. C'est mon ex qui va me demander ce que je fous.

Nicolas secoua la tête. Il dévisagea Fontana qui continuait de boire son café. Le capitaine força un rire.

— Vous m'avez tout l'air d'être un carriériste. Le boulot d'abord, la famille après. Mais je me trompe peut-être.

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant