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Il n'y avait pas plus de soleil à Paris qu'à Washington, D.C. Les quatre degrés Celsius de la capitale accompagnaient Robin Fontana lorsqu'il arriva à proximité du 36, quai des Orfèvres.
Le décalage horaire le frappait en pleine figure mais il n'y prêtait pas attention ; il se contentait de refouler cette lourde fatigue. Il fallait qu'il voie sa cousine au plus vite. D'abord parce qu'elle lui manquait ; même s'ils s'appelaient de temps en temps, ils ne s'étaient pas revus depuis qu'elle avait quitté le FBI—ce qu'il avait trouvé dommage mais malgré tout, il l'avait encouragée à faire ce qui lui semblait le mieux. D'autre part, la raison pour laquelle elle lui avait téléphoné deux jours plus tôt nécessitait un déplacement immédiat. Il n'avait pas hésité une minute à prendre un avion pour la Ville Lumière. Jamais il n'aurait pensé que le fantôme de Beacon Hill poursuivait ses crimes en dehors du territoire américain. L'agent de liaison du FBI en poste à Paris, que sa cousine et lui connaissaient bien, avait été avisé de la situation.

Il prit le temps d'admirer le légendaire bâtiment, celui de la PJ parisienne, depuis le pont Neuf. Il ne comptait plus le nombre de films et séries télévisées qu'il avait regardés avec sa famille et qui mettaient en scène ce prestigieux édifice. Aux célèbres enquêtes qui avaient fait la renommée de la centaine d'hommes et de femmes qui traquaient criminels, incendiaires, trafiquants de drogue, preneurs d'otage et terroristes depuis cent ans. La brigade criminelle de Paris, héritière des « Brigades du Tigre » et officiellement fondée en 1912, abritait « l'élite de la police », comme le décrivaient de nombreux médias. D'ailleurs, son oncle Philippe lui en parlait souvent, lui aussi.
Fontana continua à contempler le siège de la DRPJ. Ni son oncle ni sa cousine ne lui avaient menti : la bâtisse, dont les murs étaient chargés d'histoire, était impressionnante.
Un vent frais lui frôla le visage. Il s'approcha du quai des Orfèvres et s'avança jusque sous le porche du 36, où il se présenta au planton. Il fouilla les poches de son manteau pour y trouver son porte-badge.

Special Agent Robin Fontana, se présenta-t-il en montrant son insigne aux deux policiers de garde. Je suis venu voir le commandant Jordan Fontana. J'ai des documents à lui remettre, ajouta-t-il en montrant les dossiers d'enquête du FBI qu'il tenait encore à la main.

Les plantons se regardèrent, amusés par l'accent américain de Robin. Ils lui sourirent puis l'invitèrent à se diriger vers l'escalier A dont la porte blanche se situait au fond à gauche de la cour pavée. À hauteur du sas de sécurité aux vitres blindées du deuxième étage, il réitéra ses paroles et, prévenus de son arrivée, les brigadiers de la guérite le laissèrent passer. Il posa enfin le pied au troisième étage. La première chose qui lui sauta aux yeux fut le panneau lumineux « Brigade Criminelle », au-dessus de la porte de l'état-major. Dans le couloir, deux personnes patientaient, assises sur le banc métallique. Robin se figea. De nombreux policiers allaient et venaient dans le couloir, et certains le dévisageaient. À la façon dont il était vêtu – costard-cravate et manteau gris –, ils crurent presque qu'il était un commissaire du service.

Il resta planté près des escaliers pendant deux longues minutes. Une silhouette familière circula à son tour dans le couloir : Jordan. Ses cheveux châtain clair avaient conservé leur longueur habituelle, ses yeux en amande pétillaient encore malgré le drame qui avait frappé la famille. Il trouva qu'elle n'avait pas beaucoup changé physiquement. Elle était accompagnée d'un de ses collègues qui lui tenait la conversation. Lui était grand, avec des cheveux plus clairs que ceux de Jordan – Robin se fit la réflexion que, plus jeune, il avait dû être blond –, la trentaine. Ils marchaient l'un à côté de l'autre, se rapprochant ainsi un peu plus de l'Américain. À sa grande déception, sa cousine, trop impliquée dans sa discussion actuelle, ne le remarqua pas. Il décida de lui emboîter discrètement le pas tandis qu'ils montaient à l'étage supérieur.
Jordan et son collègue longèrent le couloir et pénétrèrent dans un bureau sans fermer la porte. L'agent spécial du FBI s'arrêta juste avant l'entrée du bureau 414. Il put ainsi distinguer ce qui se disait dans la pièce :

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant