20b

184 14 0
                                    

Jordan et Robin pénétrèrent dans le bureau du groupe. Lorsqu'il les vit, le capitaine Mercier bondit de sa chaise et s'avança vers eux.

— Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta la commandante de police en inclinant légèrement la tête.

— Je suis descendu au secrétariat il y a une dizaine de minutes pour relever le courrier. Y'avait ça dans le casier du groupe, dit-il en désignant la surface du bureau de Jordan du menton. Si j'étais toi, je prendrais des gants pour l'ouvrir.

La chef de groupe arqua un sourcil, à l'instar de Robin. Les deux Fontana cheminèrent vers le bureau et Jordan y trouva une enveloppe, blanche, qui lui était adressée. Elle tressaillit lorsqu'elle reconnut la forme particulière de la lettre F—une espèce de F hameçon.
L'ex-agent du FBI se saisit de deux paires de gants de latex trouvés dans l'un de ses tiroirs de bureau, les enfila et s'empressa d'ouvrir l'enveloppe avec une certaine appréhension. Elle déplia la lettre qu'elle contenait et la lut.

— Oh, lâcha Robin sans quitter la lettre des yeux.

Jordan releva la tête et inspira profondément. Puis elle se tourna vers Nicolas.

— Je suppose que tu t'en doutais déjà mais il va falloir que tu te fasses désincriminer. La secrétaire aussi.

— Je monte prévenir Marco pour qu'il saisisse l'enveloppe tout de suite.

Nicolas sortit de la pièce. Son amie ne bougeait plus ; elle semblait pétrifiée. Ses pupilles se posèrent une nouvelle fois sur la lettre.

Watch your back,
I'm getting closer.
M. A.

— Cristal 12 de Cristal 10, fit la voix du commandant Rimbault par radio.

— Cristal 10 de Cristal 12, parle, je t'écoute, répondit Jordan.

— RAS dans le 2ᵉ. On est place de la Bourse, on va se diriger sur Opéra.

— OK, bien reçu.

Jordan, accompagnée de Robin, patrouillaient en voiture près des différentes implantations des universités Paris-Sorbonne et Descartes des 5ᵉ et 6ᵉ arrondissements de la capitale française. Claude et Lisa tournaient dans le 14ᵉ tandis qu'Éric était resté au bureau pour continuer d'exploiter – une fois de plus – l'ordinateur de Laura Delcourt et pour relire la note de synthèse d'une trentaine de pages proprement rédigée par la BEFTI, concernant le contenu du PC de Pauline Eyraud. À l'Identité judiciaire, Nicolas et la secrétaire se faisaient désincriminer tandis que Marc couchait le tout par procès-verbal, enfermé dans son petit cabinet au cinquième étage.

Les deux jeunes Américains inspectèrent les rues et les personnes qui s'y baladaient. Aucune d'entre elles ne ressemblait, de près ou de loin, à la photo vieillie de Michael Anderson. De longues minutes s'écoulèrent ainsi, et rien ne leur semblait – pour le moment – suspect.

— À tous de Cristal 10, intervint à nouveau la voix du commandant Rimbault à la radio.

— Cristal 10, on t'écoute, répliqua Jordan.

— On est dans le 10ᵉ, boulevard de Magenta. Présence d'un individu étrange, brun, plutôt grand, la trentaine, je dirais.

— Qu'est-ce qui t'a interpellé chez ce gars ?

— Il vient de monter dans une Audi A4 grise.

La chef de groupe se rappela aussitôt ce détail : c'était ce modèle de voiture que possédait l'individu qui espionnait Manon Ducret devant sa fac. Il était alors évident que cela avait aussitôt frappé Rimbault et Legendre.

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant