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Jordan s'était rendue au Palais de Justice où elle devait y rencontrer la juge Isabelle Frénois. Celle-ci faisait partie des trois magistrats qui avaient instruit l'affaire Philippe Fontana. La commandante de police monta les escaliers et lança quelques sourires aux avocats, collègues policiers et juges qu'elle croisait dans l'enceinte du Palais. Parallèlement, elle ne put s'empêcher de penser au tueur qu'elle traquait. Elle ne cessait de se poser des milliers de questions qui restaient pour l'heure sans réponse.
Cette histoire l'apeurait presque.
Elle fut tirée de ses pensées par la sonnerie de son téléphone portable.

— Oui Nico, j'écoute.

— Bon, on vient de finir la perquise chez Pauline. Pas de trace de sang ici, le Luminol n'a rien révélé, c'est pas chez elle qu'on l'a tuée. Cependant, on a mis la main sur son ordinateur et son iPad. Rico va les emmener à ses potes de la BEFTI et aux « traces techno'¹ ».

— Cela ne me surprend pas. Et les Delcourt ?

— Eh bien, Zazou a étudié le relevé des appels de leur téléphone fixe et celui du portable du père. On dirait que ton prétendu alcoolo t'a bien dit la vérité hier. Par ailleurs, elle m'a aussi prévenu que les alibis de tous les témoins que l'on a interrogés hier tiennent la route, il faut donc chercher ailleurs. Franchement là, on patauge.

Jordan venait de poser le pied sur l'étage où se trouvait le bureau de la juge Frénois. Elle soupira furtivement en regardant sa montre.

— Et côté Pauline Eyraud, du neuf ? demanda l'ex-agent du FBI. Vous avez trouvé quelque chose ?

— Apparemment, les parents ont quitté nos locaux il y a seulement cinq minutes. On a pas encore vérifié leur emploi du temps, je m'en occupe cet aprèm'. Là, c'est la pause déjeuner et Alex m'attend déjà, je suis à la bourre. Sauf objection de ta part–

— Vas-y, tu peux y aller. Ne traîne pas trop, il faudrait que l'on reprenne le boulot rapidement. Il reste du monde au bureau ?

— Non, mais Marco m'a dit qu'il restait manger là, ce midi. Et sinon, t'en es où, avec la juge ?

Jordan ne répondit pas immédiatement.

— Écoute, uh, je suis sur le point d'y aller. Je vais te laisser.

— Pas d'problème, tu m'dis quoi !

— Ouais, je te tiens au courant. À cet aprèm', Nicolas.


Fontana frappa à la porte du bureau de la juge Frénois.

— Entrez ! s'exclama la voix de la magistrate derrière la porte.

L'OPJ s'exécuta, fit son apparition dans la pièce et découvrit Isabelle Frénois assise derrière son bureau ; des piles de dossiers s'étaient accumulées dessus.

— Bonjour, Madame le Juge, salua-t-elle poliment en refermant la porte derrière elle.

— Bonjour, Commandant, prenez place, je vous prie.

Jordan s'approcha du bureau boisé. La juge d'instruction connaissait bien la jeune femme, qui portait un nom qui résonnait aux oreilles de tous. L'influence qu'avait eu Philippe Fontana avait toujours impressionné sa fille.

— Je connais ce regard, Madame, reprit cette dernière, quelque chose ne va pas. C'est l'affaire Molina ? Je sais, nous n'avançons pas des moindres, je ne vais pas vous le cacher, et j'en assume l'entière responsabilité.

La juge Frénois était entre autres chargée de l'instruction de l'affaire Molina. Annie Molina, une mère célibataire, avait été assassinée, en même temps que son fils de seize ans. C'était le groupe Fontana qui était de doublure le jour de la découverte des corps dans l'appartement des Molina. Deux mois après les faits, l'enquête était au point mort.
L'expression faciale de la magistrate inquiéta la jeune commandante de police. Visiblement, il ne s'agissait pas de l'affaire Molina. Madame Frénois saisit une feuille A4 qui se trouvait sur le bureau, à droite. Elle la relut, avant de la donner à Jordan.

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant