— Je peux vous parler une minute ?
Alors qu'elle était en pleine discussion avec le jeune magistrat de permanence qui s'était déplacé sur les lieux, Jordan approuva d'un signe de tête et suivit Lafarge qui venait d'être briefé.
Il s'éclipsa, toujours accompagné de Fontana. Ils se frayèrent un chemin entre les officiers et les trois techniciens de l'Identité judiciaire dans le but de s'entretenir en privé avec la jeune commandante.— Deux cadavres en vingt-quatre heures, résuma-t-il à voix basse, vous faites fort, Jordan. C'est du jamais vu.
— Osez dire que c'est ma faute, Monsieur, se défendit cette dernière sans quitter des yeux son procédurier qui était en ligne avec les pompes funèbres. Le commissaire Santini n'est pas là ?
— Il est en chemin. Les constat' de Gilbert, ça donne quoi ?
— Le corps est dans le même état que celui de Laura Delcourt. Pas besoin de vous en faire un dessin, c'est la même boucherie : carotide tranchée, mêmes lacérations, même disposition des viscères autour du corps, et la rose dans l'abdomen... Je vous épargne le reste, vous lirez les rapports d'autopsie une fois qu'on les aura. Marco pense que la mort remonte à moins de douze heures. À part ça, comme nous sommes dans un lieu plus « privé », la scène de crime est moins polluée et donc plus exploitable.
— Bien, c'est déjà ça de gagné. Espérons que le type nous a laissé quelques traces d'ADN après son passage. Les deux témoins pour la perquise, c'est qui ? demanda Lafarge tout en désignant du menton Rubat et une femme d'une quarantaine d'années qui se trouvaient à l'entrée.
— Monsieur Rubat est le concierge de l'immeuble. Et la femme, c'est l'une des voisines de palier de Pauline.
Le commissaire se contenta de hocher la tête. Fontana se mordilla nerveusement la lèvre.
— Décidément, votre instinct ne vous trompe jamais, Jordan, reprit-il. Ne vous arrive-t-il jamais d'avoir tort ?
La jeune femme sourit tristement.
— Cet instinct doit être un « objet » de famille, dirait-on. C'est plutôt celui de mon frère qui a été fiable, cette fois-ci.
— C'est-à-dire ?
Discrètement, la jeune flic relata la visite de Sébastien Fontana de la veille de long en large : Marion, ses inquiétudes, Pauline, le lien avec Marsac, la venue de Fontana et Mercier planifiée pour ce matin même... tout y passait. Jordan prit soin de n'omettre aucun détail, et son supérieur l'écoutait avec la plus grande attention. La famille Fontana, Lafarge la connaissait bien, depuis sa rencontre avec Philippe, le patriarche.
— Et Sébastien, il connaissait la victime ?
— Non, il ne l'a jamais vue. En parlant de « connaissance », il n'y a aucune trace d'effraction. Alors soit Pauline connaissait son tueur, soit il l'a forcée à la faire entrer chez elle.
— C'est ce que je crois aussi. Au fait, côté Delcourt, ça avance ?
— Doucement mais sûrement. On a reçu tout ce qui concerne la téléphonie de Laura. Son téléphone portable a cessé d'émettre après 2 h 39, rue de Rambouillet. Pour ce qui est du reste, je n'ai pas eu le temps de faire le point avec le groupe puisqu'entre-temps, un nouveau cadavre nous est tombé dessus.
— Et la piste de la rose, vous avez creusé ?
— Pas encore, Commissaire. Mais nous allons nous y mettre activement dès que l'on rentre, parce que... vous voyez.
Le commissaire et la commandante jetèrent un œil à l'un des techniciens de l'IJ qui avait prélevé et qui tenait dans sa main recouverte d'un gant en latex, une rose aux pétales d'un rouge flamboyant dont la couleur pourrait se mélanger aisément à celle du sang.

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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Mystery / ThrillerEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...