Le lundi suivant, il n'était pas 7 h lorsque Nicolas arriva dans les locaux du 36, thermos de café à la main. Il découvrit sa chef assise, derrière son bureau, qui lisait et relisait les notes de Marc Gilbert prises lors des autopsies de Laura et de Pauline. Le second de groupe ne fut pas surpris de sa présence. Elle avait consacré l'intégralité de son week-end au travail : elle n'avait cessé de potasser encore et encore le dossier. Tous les membres du groupe, en réalité, avaient passé la majeure partie de leur week-end au bureau mais les cinq autres étaient au moins rentrés chez eux pour se reposer.
Pas Jordan Fontana.
Son adjoint soupira lorsqu'il remarqua les cernes apparents sous les yeux de sa chef au moment où cette dernière avait levé la tête vers lui.— À quand remonte la dernière fois que tu as dormi ? demanda-t-il.
— Aucune idée, j'ai arrêté de compter.
Le capitaine de police roula des yeux et s'installa derrière son bureau.
Têtes baissées sur la paperasse, le commandant Fontana et le capitaine Mercier s'acharnaient au travail pour essayer de trouver un infime détail qui pourrait – éventuellement – les aider à faire avancer l'enquête. Le reste du groupe était dispatché par-ci, par-là : Gilbert s'était isolé dans son bureau pour relire et mettre à jour la procédure, son camarade Beauchamp était parti avec Haussmann, sa « filleule », pour retrouver l'un de ses indics ; quant à Belmont, il s'était rendu à la BEFTI, implantée rue du Château des Rentiers, dans le 13ᵉ, pour confier à ses ex-collègues l'ordinateur portable de Pauline Eyraud, afin qu'ils puissent l'exploiter.
C'était donc Jordan qui s'était attelée à l'étude des relevés téléphoniques de Laura Delcourt tandis que Nicolas grattait davantage du côté de la vie de la victime. Parfaitement concentrés, rien ne pouvait les déstabiliser.
Sauf un appel entrant inopiné sur le téléphone portable du capitaine. Fontana l'entendit rouspéter avant qu'il ne décrochât. La jeune commandante de police, bien qu'elle comprît quelques sons provenant de la bouche de son adjoint, ne se laissa pas distraire par la conversation téléphonique. Elle fixa le chevalet de conférence, près de la porte, recouvert des maigres éléments récoltés par les enquêteurs. Les photos des deux victimes étaient également accrochées. Sous celles-ci, Jordan avait inscrit coordonnées et informations jugées utiles aux investigations menées. Le tableau mural du 415 et le chevalet présentaient les premières idées et hypothèses émises que la chef de groupe barrait au fur et à mesure. À la brigade criminelle, on ouvrait toutes les portes et on prenait le temps de les refermer. Sur le tableau blanc mural du 414, Claude avait épinglé la photo d'Adrien Marsac, en-dessous de laquelle étaient annotées ses informations personnelles, près desquelles la mention « Schizophrénie ? » avait été annexée. Fontana parcourut méticuleusement le tableau du regard. Elle relut l'ensemble un certain nombre de fois, au point qu'elle finit par connaître le tout par cœur. Elle frotta ses yeux fatigués qui n'avaient pas trouvé le sommeil depuis plusieurs jours, passa une main rapide dans ses cheveux et se reconcentra sur l'affaire. Soudain, elle entendit Nicolas se lever d'un seul coup de son siège, ce qui la tira brutalement de ses pensées.— Désolé, je t'abandonne pour le moment : il faut que je m'absente une petite heure, déclara-t-il en enfilant sa veste, y'a un problème avec Ben, l'école vient de m'appeler et évidemment, Soph ne peut pas laisser ses élèves.
— Rien de grave, j'espère ? s'inquiéta aussitôt Jordan.
— Oh non, ça pourrait être pire. Apparemment, il est fiévreux et il fait sa comédie habituelle. Du coup, je vais aller le récupérer. Ça va aller, toi ?
— Ouais, je gère, ne t'en fais pas. Vous n'avez toujours pas trouvé de nouvelle baby-sitter, avec Sophia ?
Mercier se mordilla la lèvre inférieure.

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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Misteri / ThrillerEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...