36, quai des Orfèvres, 7 h 08
Il était 7 h passées lorsque Nicolas Mercier arriva dans les locaux. Il distribua quelques saluts dans les couloirs et escaliers et serra des mains à tout-va. Il faisait bonne figure malgré le fait qu'il avait peu dormi. Fatigué, certes, mais cent pour cent opérationnel. Sophia avait remarqué le rythme de vie très dense et dynamique que menait son mari et lui répétait sans cesse qu'il allait droit au mur s'il ne levait pas le pied. Elle savait comment cela se passait ; elle aussi avait fait carrière dans la police, avant de se reconvertir dans l'enseignement.
Le capitaine Mercier arriva au QG du groupe Fontana. Il conclut rapidement que sa chef y avait – encore – passé la nuit. La paperasse étalée çà et là sur toute la surface de son bureau semblait témoigner de son éveil. La commandante de police de – bientôt – trente-deux ans ne décollait pas ses yeux de son écran d'ordinateur. Elle tenait d'une main sa tasse plus blanche que neige d'où s'échappait de la fumée. Nicolas se demanda combien de cafés elle avait pu ingurgiter rien que cette nuit-là.
— Hey. Bien dormi ? ironisa-t-il en se saisissant de sa tasse.
— Ouais.
— Arrête, tu n'as pas dormi. Ça fait combien de temps que tu n'as pas défait les draps de ton lit ?
— Ça, ça me regarde. En attendant, tâche d'être au taquet ce matin, le capitaine Eyraud vient pour 10 h.
— OK. Qui fait quoi, ce matin ?
— Je vous dirai ça quand tout le monde sera arrivé. Tu es très en avance toi, d'ailleurs, remarqua Jordan.
— Disons que la nuit a été difficile pour moi aussi, lui répondit son adjoint. Je me suis réveillé vers 5 h 30, j'ai regardé le plafond, je me suis préparé, puis j'ai décidé de venir au bureau, j'étais sûr de t'y trouver. J'crois que tout le monde a le sommeil un peu perturbé, en ce moment...
✿
9, boulevard Morland, 7 h 12
— Tu pars déjà ?
Le capitaine Marc Gilbert se retourna vers son épouse encore ensommeillée. Il ajustait son col de chemise et sa cravate lorsque Delphine s'approcha de lui.
— Il n'est même pas et quart. Tu as mangé, au moins ?
— Oui, ne t'inquiète pas, lui assura son mari.
— Tu n'as pas oublié notre rendez-vous avec la maîtresse de Camille, ce soir ?
Le procédurier, qui avait commencé à enfiler son manteau, s'arrêta net dans sa lancée et regarda sa femme dans les yeux.
— Ah. Euh... Non, je n'avais pas oublié, dit-il en essayant de se rattraper au mieux.
— D'accord... Je sais que ton travail est très important pour toi, mais ne nous oublie pas, je t'en prie.
Un maigre sourire apparut sur le visage de Marc. Père de trois enfants – Léo, Simon et Camille –, il avait parfois du mal à trouver un juste équilibre entre sa vie de famille et son métier de flic. Ni sa femme ni leurs enfants ne vivaient mal la situation. Néanmoins ces derniers temps, ils s'accordaient à dire que Marc était de plus en plus absent – autant physiquement que mentalement – et ils s'inquiétaient sérieusement pour lui.
— Salut, P'pa, lança la voix de Simon qui pénétra dans le séjour pour rejoindre ses parents. Salut, M'man.
— Bonjour, mon chéri, lui répondit sa mère.
— Tu t'en vas ? reprit alors l'adolescent de quinze ans en s'adressant à son père.
Marc laissa échapper un léger soupir.

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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Mystery / ThrillerEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...