Absorbés par leurs investigations, les officiers des bureaux 415 et 415 n'avaient ni vu ni entendu le commandant Schneider frapper à leur porte.
— Fontana n'est pas là ? demanda-t-il d'un ton monocorde.
— Non, elle avait un truc à faire à l'extérieur, rétorqua Claude en imitant son intonation. Pourquoi ?
— On a rebecté¹ l'individu qui a laissé la lettre qu'elle avait reçue l'autre jour, il est dans notre bureau.
Depuis son bureau en 415, Nicolas releva la tête. Cette information n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd.
— Vous l'avez interrogé ?
— Pas encore, on vient de l'amener. C'est pourquoi je voulais savoir si Jordan voulait assister à l'audition.
— On sait pas quand est-ce qu'elle sera de retour mais si tu veux, je la remplace, proposa l'adjoint du commandant Fontana.
— C'est toi qui vois, répondit Schneider sans enthousiasme particulier.
Nicolas abandonna son siège d'un pas hâtif et rejoignit le chef de groupe qui n'avait pas pris la peine de franchir le seuil. Ils montèrent au cinquième étage en silence. Les deux hommes n'avaient rien à se dire. Lorsqu'ils arrivèrent devant le bureau du groupe Schneider, ce fut un soulagement pour Nicolas.
— On l'a passé au TAJ², c'est vierge, informa le commandant avant d'entrer dans la pièce. Inconnu de nos services. C'est juste un petit jeune comme on peut en croiser partout dans la rue.
— OK, on verra bien ce qu'il nous chante.
— Je te préviens, son avocat n'a pas l'air commode.
Schneider poussa la porte de son bureau. Ses hommes l'attendaient de pied ferme. Découvrir Nicolas à ses côtés les désarçonna, puisqu'il était bien connu à la PJ que ces deux-là ne pouvaient pas se voir en peinture. Ils s'abstinrent de tout commentaire et ce fut l'adjoint de Schneider, le capitaine Garibaldi, qui lança l'audition.
— Alors comme ça, Monsieur Petiet Ludovic, on aime déposer des courriers à des officiers de police durant son temps libre ?
— Quoi ? fit le jeune homme, incrédule.
— Le 26 novembre, vous avez laissé au planton du 36 une lettre adressée au commandant Jordan Fontana, continua Schneider. Les flics qui y étaient vous ont reconnu.
Le dénommé Ludovic Petiet baissa la tête. Nicolas ne lui donna pas vingt ans. L'auditionné se gratta la nuque, mal à l'aise, puis il se frotta les yeux.
— Vous n'êtes pas obligé de répondre, lui rappela son avocat qui s'attira les foudres de Schneider.
— Cette lettre, elle ne vient pas de moi. C'est juste un type m'a filé cent balles pour que je la dépose.
— Ce type, c'est qui ? Comment tu le connais ?
— Je sais pas, je l'avais jamais vu. Il m'a juste abordé dans la rue en me demandant si je voulais gagner de l'argent facilement. J'ai pas refusé, je suis fauché comme les blés. Il m'a donné le pognon et deux ou trois instructions, du genre porter des gants pour pas laisser d'empreintes.
— Où est-ce qu'il t'a abordé ? reprit alors Garibaldi.
— Quartier Barbès, j'habite dans le coin.
— Cet argent, t'en aurais pas besoin pour t'acheter de la came, par hasard ? intervint Nicolas.
Petiet eut un sourire gêné.
— Euh... C'est-à-dire que...
— Ne dites plus rien, Monsieur Petiet, intervint l'avocat en cherchant le regard de son client.
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TOME 1 : LE SANG DES ROSES
Mystery / ThrillerEntièrement nue, assise au pied de l'Obélisque de Louxor, telle une marionnette : une gamine de dix-sept ans qui a visiblement subi les pires atrocités qui soient. C'est une boucherie digne de ce nom à laquelle fait face la jeune commandante de poli...