15

253 14 2
                                        

Le dimanche, l'activité à la PJ parisienne s'amoindrissait jusqu'à atteindre son nadir. Le calme s'invitait dans les locaux vétustes du Quai et la principale source d'agitation étaient les commissaires de permanence qui se déplaçaient de service en service pour moult raisons.
À 8 h, le groupe Fontana était déjà à la tâche. Le taulier les avait prévenus, ainsi que l'équipe Rimbault : ils se devaient d'être sur le pont. Santini ne plaisantait jamais. Ils avaient dès lors bien enregistré l'information.

— Du nouveau sur Michael Anderson ? demanda Jordan en pénétrant dans le 414, accompagné de Nicolas.

— À part le fait que son nom n'apparaît plus nulle part depuis 1997, rien du tout, lui répondit Éric en un soupir. Le seul endroit où il figure encore quelque part, c'est sur une liste d'anciens élèves de son lycée. J'ai vu ça sur leur site Internet.

— C'est tout de même bizarre qu'il ait réussi à disparaître d'un seul coup, commenta Claude. Il a bien dû dormir quelque part, non ?

— Il n'a pas pu se volatiliser comme ça, pesta Jordan. Je me demande ce qui a pu le pousser à foutre le camp. Il a tout quitté, y compris sa famille, à dix-huit ans.

— S'il s'avère être le tueur que la police et le FBI recherchaient, ça veut dire qu'il est retourné sur le territoire américain en 2010, ajouta Lisa. Et pour ça, il a dû prendre un billet d'avion.

— À quand remonte le tout premier meurtre imputé au fantôme de Beacon Hill ? demanda Nicolas à sa chef.

— 5 mai 2010. Il faudrait que l'on sache qui a pris un avion à Paris entre février et début mai 2010 à destination de Boston, de Washington, D.C., ou même de New York, on ne sait jamais.

— C'était il y a six ans, SETRADER¹ n'aura pas conservé les données, déclara le quatrième de groupe. En revanche, on peut remonter jusqu'à 2011 si on veut. Un de mes anciens collègues bosse toujours à la DGSI². Je peux l'appeler et lui demander de jeter un œil au fichier.

— Ah oui, bien vu. Tu lui dis qu'on a besoin des données des passagers qui ont pris un vol en provenance de Paris-Orly et de Roissy et à destination de JFK, de Washington-Dulles et Boston Logan.

Claude accepta en approuvant d'un signe de tête.

— Du côté des personnes franco-américaines, je pense qu'il est inutile de chercher de ce côté-là. On ne peut pas demander à l'ambassade de gentiment nous envoyer une liste ou quoi que ce soit d'autre, ils ne voudront pas, cela va à l'encontre de la convention de Vienne.

— Le gars a tout prévu, marmonna Mercier.

— C'est un type intelligent, oui, admit Jordan d'un ton dépité. Autre chose que j'ai failli oublier de vous dire, la mère de Mark et Michael était française. Elle s'appelait Marie Anderson, née Vasseur. C'était aussi pour cela que Mark s'était rapproché de ma sœur, ils avaient des points communs. C'est pour cela que je me demande si Michael a conservé sa nationalité américaine ou non.

— Tu crois qu'il a pu y renoncer ? demanda Lisa.

— S'il a voulu disparaître complètement des radars, se fondre dans la masse, faire « mourir » son identité originelle, c'est une option, oui. En tout cas, c'est ce que j'aurais fait, à sa place. Surtout si l'on suppose qu'il a un travail en France, maintenant.

— Il lui reste de la famille ici ? demanda Éric.

— Non, les parents de Marie Vasseur sont morts avant sa majorité. C'est pour ça que l'on a toujours pensé qu'il aurait pu être ici comme ailleurs, à Moscou, à Shanghai, à Toronto ou tout ce que vous voulez. De toute façon, on était à mille lieux d'imaginer qu'il était aussi timbré que son frère. C'est vrai, on n'avait pas de raison de le soupçonner d'être le fantôme de Beacon Hill, on n'avait fait aucun lien avec les crimes de Mark Anderson en 2010.

TOME 1 : LE SANG DES ROSESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant