chap 2

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Parvati semblait de plus en plus mal à l'aise. Jetant un coup d'œil plein d'espoir sur sa montre, elle finit par dire doucement, une main dans le dos de Lavande :

-Sérieusement Hermione, ça ne sert à rien de le nier. Nous savons qu'il n'y a que toi qui étais au courant pour nous deux...Et ce n'est vraiment pas sympa ce que tu as fait. Personnellement je me sens prête à le dire aux autres, je sais ce que je suis depuis longtemps déjà et ma famille est au courant...mais pour Lavande c'est différent, elle était avec un garçon il y quelques mois et ses parents sont très...

-Sûrs dans leur conception de la vie, compléta Lavande le regard noir.

-Quoiqu'il en soit, tu comprends bien que c'est difficile pour elle et toi tu...Pourquoi l'as tu répété alors que nous t'avions demandé de ne pas le faire ? Pourquoi ? 

Je trouvais vraiment douteux qu'à notre âge et du haut de notre expérience d'enfant d'à peine déjà treize ans pour certains, elles puissent s'affirmer ainsi dans leur orientation sexuelle. C'était cependant le dernier de mes soucis et c'est pourquoi je décidais d'abréger cette conversation au plus vite. 

-Hum et bien euh...Je n'appellerais pas cela demander, mais dans tous les cas et pour la énième fois, je peux vous assurer que je ne sais pas de quoi vous parlez.

Lavande relava la tête et me lâcha, les yeux fatigués :

-Tu es entrain de dire que ce n'est pas toi qui a fait ça ?

Elle brandit un parchemin posé sur le lit, auquel je n'avais pas prêté attention jusqu'alors. Sur le parchemin qui s'avérait en fait être une affiche, on pouvait les voir étroitement enlacées derrière un buisson du parc, avec écrit en dessous en grosses lettres noires :  Aussi immondes que les Sangs de Bourbes. 

J'ouvris grands les yeux, une main sur la bouche...Bien sûr que non ce n'était pas moi qui avait fait cette affreuse méchanceté !

-Parvati...Lavande...Je peux vous jurer que ce n'est pas moi qui ai fait ça...Mais où l'avez vous trouvé ? Je n'en ai vu nulle part.

-Oh c'est parce que tu n'es pas encore descendue, dit Lavande secouée d'un ricanement, je suis allée prendre mon petit-déjeuner très tôt ce matin pour pouvoir réviser après. C'est en revenant vers la tour que j'ai vu cette affiche en une vingtaine d'exemplaires un peu partout dans les couloirs, derrières des armures, des tapisseries...Partout quoi !  

Elle venait de sortir de son sac une liasse de parchemin qu'elle me tendit, et en effet il y avait même là une trentaine de photos.

-En y repensant, continua t'elle, pas mal de gens m'ont pointée du doigt ou mon lancé de curieux  regards en entrant dans la Grande Salle. Je n'y ai pas tout de suite prêté attention mais maintenant...

Et ses sanglots reprirent de plus belle. Je me mis à genoux devant elle qui était sur son lit et lui pris la main en disant :

-Ecoutes, ce n'est pas moi qui ai fait ça, je te le promets...Je ne sais pas quoi dire...C'est...C'est affreux j-je ne comprends pas qui a bien pu faire ça...

Lavande essuya ses joues et Parvati me sourit. Comme encouragée par cette accalmie, je repris :

-Si je vois d'autres affiches je les enlèverai d'accord ? 

Elle acquiescèrent et je me relevai pour prendre mon sac et sortir. Je fermais la porte doucement et commençais à descendre les escaliers pour rejoindre  la Salle Commune quand j'entendis qu'on me rappelait. 

-Hermione ! Lavande avait passé la tête par la porte et me dit en baissant les yeux : Merci.

J'hochais la tête avec un rictus gêné et reparti. Dans la salle rouge et or, Ron et Harry m'attendaient et le premier me demanda :

-Tu as vu ? Lavande et Parvati elles...

-Ron, le coupais-je, s'il te plait laisses les tranquilles, c'est assez dur comme ça pour elles.

En chemin il bougonna qu'il n'avait jamais eu cette intention et que c'était toujours lui qui avait le mauvais rôle de l'histoire. Je ne lui prêtais aucunes attentions, soucieuse désormais d'évoluer dans un climat si oppressant. Une fois assise à la table des Gryffondors, je ne pu m'empêcher de regarder attentivement chacune des personnes dont je croisais le regard, essayant de déceler au mieux  une quelconque trace de culpabilité, au pire, une légère teinte cramoisie au niveau des joues...On me demanda plusieurs fois à quoi je pensais et ce n'est que lorsque le professeur McGonagall vient me chercher jusque devant la table que je sortis de ma rêverie :

-Miss Granger, suivez moi je vous prie.

Son ton n'avait pas la gentillesse et la bienveillance habituellement dissimulée derrière la fermeté et cela ne me disait rien qui vaille. De plus, il était très rare qu'elle vienne s'adresser à nous pendant le petit-déjeuner, je la suivis lentement, sous les regards interrogatifs de mes amis. En effet, aussi loin que Harry, Ron et ses frères jumeaux ne se souviennent, je n'avais jamais été dans les mauvaises grâce de notre professeur de métamorphoses. Ses chaussures claquaient dans les couloirs déserts et rythmaient de façon sadique les battements de mon cœur qui se faisaient de plus en plus rapides.

-Professeur ?

Elle ne me répondit pas. 

-Professeur s'il vous plait, pourriez-vous me dire où va t-on ? Tentais-je après avoir brisé le silence une première fois. J'avais cependant déjà compris que nous allions dans le bureau directorial et je pensais même savoir pourquoi.

Elle ne me répondit pas et n'ouvrit la bouche que pour dire le mot de passe. Nous montâmes en douceur jusqu'à la porte de Dumbledore et une fois dans la pièce, mes suppositions se confirmèrent : Lavande et Parvati étaient assises devant le bureau et fixaient leurs chaussures. Elles ne semblaient pas êtres plus heureuses que moi d'être là, je rayais donc tout de suite l'hypothèse que se soit elles qui m'aient fait venir.

-Ah vous voilà ! S'exclama Dumbledore, vous avez fait vite dites donc. Merci Minerva, dit-il avec un entrain qui semblait faire tâche avec les circonstances.

Le professeur McGonagall hocha la tête et recula dans un coin de la pièce. 

-Tout d'abords Miss Granger, continua Dumbledore, je vous présente mes excuses pour vous priver de votre petit-déjeuner. Ensuite, je tiens à vous rassurer : La raison de votre présence, n'est pas sujette aux remontrances ! acheva t'il en me souriant gentiment.

-Mais alors...A mon tour de vous présenter mes excuses monsieur, j'avoue être perdue. 

Je ne comprenais pas trop ce que je faisais ici si, ce n'était pas pour subir les foudres suite à une attitude homophobe.

-Vous êtes en réalité ici pour nous renseigner...Ne vous m'éprenez pas ce n'est pas un interrogatoire. Nous essayons de savoir qui a bien pu créer ceci, dit-il en désignant une des affiches diffamatoires. 

-Ce n'est pas ce que tu crois, s'exclama Parvati. Personne ne te soupçonne bien entendu, on voudrait juste ton avis.

Je lui souris et interrogeais le directeur du regard. Pourquoi voulait-il mon avis ? Ce n'était pas moi qui avait trouvé les affiches et ce n'était pas non plus moi qui...

-Ce n'est pas tout a fait exact en réalité, dit McGonagall en coupant court à mes pensées. Comme vous le savez, l'école est totalement ouverte et je ne tolérerai pas, et surtout au sein de ma propre maison, que des élèves subissent des réflexions homophobes ! Nous ne voulons pas votre avis mais votre aide pour découvrir qui a bien pu agir ainsi...Si bien sûr cela ne vous dérange pas pour étudier...

Elle laissa sa phrase en suspend en me lançant des coups d'œil éloquents.

-J-je...euh...et bien...oui, hésitais-je, prise au dépourvu. Oui je veux bien vous aider si je peux vous être utile. J'avoue toutefois que je ne vois pas comment, ajoutais-je.

-Détrompez-vous Miss Granger, dit Dumbledore. Des yeux attentifs et bien placés peuvent être un atout précieux. Accepterez-vous d'être mes yeux et mes oreilles dans cette affaire ? 

J'acquiesçais, pas tout à fait sûre de moi. Mais avais -je vraiment le choix, avec le regard inquisiteur de mes professeurs et celui perdu de mes colocataires ? 

-Il n'est pas absolument nécessaire que messieurs Potter et Weasley soient mis dans la confidence, ajouta McGonagall

Pire que les Sangs de BourbeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant