J'étais plongée dans une douce léthargie. J'avais l'impression que mes pensées, mes sentiments et mes envies avaient été mis de côté, laissant place à un brouillard blanc qui, faute de mieux, m'empêchait d'être triste ou en colère. Ginny ne savait plus comment me parler pour me faire réagir, Ron et Harry avaient choisit de me laisser tranquille et il ne me parlaient pas plus que nécessaire, je ne faisais plus rien de bon et même étudier me paraissait impraticable et inutile. David aussi avait paniqué quand il s'était rendu compte que même cela ne m'intéressait plus.
-Hermione...Je sais que c'est dur en ce moment pour toi, mais regarde tes notes, quand tu te rendras compte de tout ça tu vas t'en vouloir...Profite de ta frustration comme d'un essence et bosse comme t'as jamais bossé !
-David, tu es si gentil...Commençais-je, attendant une inspiration qui ne venait pas.
Et cela s'arrêtait là, pendant plusieurs semaines je restais comme ça, à ne plus me préoccuper de rien. Même si je laissais voir des côtés positifs, comme lorsque que je recommençais à manger, ou faire semblant d'étudier, c'était juste pour qu'il me laissent tous tranquille...Le soir j'allais m'enfermer dans une salle vide et je pleurais, c'était la seule chose qui me permettais de ne pas me jeter sur lui quand je le voyais dans le couloir pour l'étriper. Il m'avait humiliée et continuait de me lancer des regards haineux à chaque fois qu'il me croisait. Pleurer me permettait d'évacuer tout : colère, tristesse, frustration, dépit, douleur, amour...Car oui, malgré tout je ne pouvais nier que je l'aimais toujours et je ne voulais pas croire qu'il était passé à autre chose de telle manière et si rapidement, c'était juste sa fierté, sa satanée de fierté qui le poussait à agir comme ça.
Un jour, alors que j'avais accepté de suivre David à la bibliothèque, nous étions attablés près de l'entrée de la pièce. J'avais devant moi un livre ouvert à une page dont le sujet m'était inconnu, tant j'étais perdue dans mes pensées. La porte battante de la bibliothèque, s'ouvrit en grinçant et je le vis entrer, son bras autour des épaules de cette fille qu'il embrassait à tous bouts de chant...Intérieurement j'étais révoltée : comment osait-il venir ici ? Avec elle ? C'était mon antre, je ne voulais pas le voir ici.
David, qui s'était levé quelques minutes pour aller chercher un livre, croisa de l'autre bout de la salle mon regard noyé de larmes. Il traversa la pièce et sous le regard de Fred, commença à ranger mes affaires. Il m'attrapa doucement par le bras et me poussa vers la sortie. Une fois que nous fûmes dehors, il me plaqua brutalement contre le mur de telle façon que, de très loin, j'eus la vague impression d'être une poupée de chiffon.
-Aie ! Protestais-je sans pour autant chercher à me défendre.
Il posa mon sac à mes pieds, m'attrapa par les épaules et se baissa légèrement pour avoir ses yeux au même niveau que les miens.
-Hermione ! Tu es mon amie d'accord ? Je ne vais pas te regarder dépérir de la sorte ! Réagis !
-David...Laisse moi tranquille...s'il te plaît.
Je voulais juste qu'il arrête de me secouer comme ça.
-Bon...Tu ne me laisse plus le choix.
Il passa son sac sur ses épaules et s'éloigna dans le couloir, sans se retourner et d'un pas énergique. ll me laissa toute seule dans ce couloir sombre et froid. La porte de la bibliothèque s'ouvrit une nouvelle fois et en sortirent Fred et sa conquête. Cette dernière avait un livre entre les mains mais je ne pouvais m'empêcher de soupçonner que sa présence à lui n'avait pour but que de me narguer. Je ne pris pas la peine de lui montrer que cela fonctionnait et que j'étais blessée. J'attendis qu'ils se soient éloignés et je remontais dans mon dortoir où je décidais de me recoucher, subitement éreintée. Je fermais les rideaux de mon lit et m'emmitouflée sous la couverture, attendant que les larmes habituelles viennent. Mais étonnement ce jour là, mes yeux restèrent secs, comme si je n'avais plus de réserve de pleurs, comme si la fontaine était tarie. Agacée, je rejetais mes couvertures, même cela on me l'enlevait ! J'avais chaud, j'étais en colère et profondément fatiguée. Je ressassais mon amertume en fusillant le plafond du regard et je finis par m'endormir. Je ne sais pas combien de temps dura mon sommeil mais c'est en sursaut que je me réveillais, avec pour cause, de violents coups sur la porte.
Boum...boum boum boum...boum boum...boum....boum...BOUM BOUM BOUM.
-Hermione ! Je sais que tu es là ! Ouvre moi !
Je me figeais d'horreur, c'était sa voix. Mon cœur se déchira de nouveau, pourquoi prenait il un tel plaisir à me voir souffrir ? Je me levais lentement et m'approchais de la porte. Ma main amorça le chemin jusqu'au verrou puis je reculais subitement. Après tout je n'avais qu'à pas lui répondre. Une petite part de moi avais envie de lui ouvrir, espérant qu'il venait pour se faire pardonner. Sinon, pourquoi avoir fait le chemin jusqu'à mon dortoir ? Je le haïssais de tout mon être, autant que je l'aimais. Pourquoi était-il là, POURQUOI ?
-Hermione ! Ouvre !
Il y avait dans son ton quelque chose proche de l'impératif. Ce n'était pas implorant, il venait encore pour m'en faire voir de toutes les couleurs. Lassée par tout ça, je rejetais mes résolutions de l'ignorer et m'approchais une nouvelle fois de la porte.
-Fred, vas t'en.
-Je savais que tu étais là. Ouvre moi, je veux juste parler.
-Dégage.
-S'il te plaît...Tu me dois au moins ça !
Pardon ? Tout ce que je ressentais explosa en rage
-T-tu-tu es vraiment qu'une espèce de RACLURE ! COMMENT OSES-TU TE POINTER LA ? TU N'ES QU'UN SADIQUE SANS CŒUR ! TU PREND TON PIEDS A ME VOIR DANS CET ETAT ?
Mes pensées se bousculaient, je pleurais, je morvais, je le détestais.
-Hermione...S'il te plaît.
-T'ES BOUCHE EN PLUS ? JE T'AI DIT DE DÉGAGER !
-Je suis désolé.
Alors ça c'était la meilleure ! Des semaines qu'il me snobait pour venir AUJOURD'HUI me dire qu'il était DÉSOLÉ ? Si j'avais peut-être un peu espéré que sa venue serait muée par des excuses, qu'il me dise à ce moment qu'il puisse être désolé, me révoltait. J'ouvris la porte avec tant de fureur que je me fis mal au bras.
-Tu te crois drôle ? Je mis dans ma voix, dans mon regard, dans ma position, toute la haine, tout le chagrin que je ressentais.
Il recula d'un pas, je ne devais pas être très avenante...Il leva les mains, en signe d'apaisement.
-Hermione...Je sais que...J'ai été vraiment...mais toi aussi tu...
-Je ne sais pas ce qui t'a fait changer d'avis, mais je te jure que si tu rejettes ENCORE la faute sur moi...
Je me penchais pour attraper ma baguette que j'avais jeté par terre en arrivant quelques temps auparavant.
-Calme toi.
-JE TE RÉDUIRAIS A L'ETAT DE LÉGUME ! Quoique ça risque d'être difficile de te rendre encore plus con que tu ne l'ai déjà.
-Ok ok...Calme toi s'il te plaît...Je veux juste...
-Discuter j'ai compris, mais moi je ne veux pas t'entendre...Dégage.
Je lui claquais la porte au nez, un sentiment de puissance me coulant dans les veines.
-Je m'en fiche je reste là ! Entendis-je de l'autre côté du battant.
-JE M'EN CARRE LA NOUILLE PAUVRE ABRUTI !
Commença alors le siège de Fred Weasley sur le dortoir des filles de troisième année. Il tient bon pendant quatre heures, quatre heures durant lesquelles il se confondit en excuse que je n'écoutais pas, me forçant à faire autre chose. Je pris un bain d'ailleurs. Il ne partit que quand le professeur McGonagall vient le chercher pour le ramener de forces dans la Salle Commune. Si ses jérémiades ne me touchaient pas, je me demandais quand même quel avait été le déclic pour qu'il se rende compte que tout ça n'était que ridicule. A moins qu'il ne face tout cela que pour me laisser croire que je pouvais lui faire à nouveau confiance et me jeter avec encore plus de cruauté juste après ? Je ne savais rien de tout cela...Une chose était sûr, il aurait besoin d'arguments solides et bien fondés pour que je consente à lui pardonner.
Une nouvelle émotion m'habitait désormais...L'obstination.
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Pire que les Sangs de Bourbe
FanfictionPoudlard se fait ici le théâtre des règles tortueuses de l'amour adolescent. Celles-ci ne laissent de repos à personne. Hermione Granger y découvre, aux côtés de Fred Weasley, un monde de rires et de tendresse. Ce n'est que la face révélée d'un vér...