La place sur laquelle la fête avait été organisée était pleine de monde. Il y avait peut-être une quarantaine de personnes au maximum, mais pour Carmen, c'était comme s'il y en avait dix fois plus.
Elle sentait que son angoisse de la foule n'allait pas tarder à refaire surface.
La jeune fille avait toujours été quelqu'un de solitaire, même au sein de la Famille du Sud. Elle n'aimait pas le bruit et le contact étroit avec une foule. Mais depuis quelques jours, même la simple idée d'être au milieu de personnes se changeait en une véritable frayeur.
Il fallait qu'elle songe à se faire soigner.
Les membres de la Famille du Nord s'étaient tous rassemblés dans cette petite place qui était éclairée par des lampions accrochés sur des fils tendus d'une maison à l'autre. Trois tables et une estrade avaient été dressées. La vision de cette dernière n'enchanta pas Carmen. Par instinct, elle pressentait qu'à un moment ou à un autre, elle allait devoir monter dessus.
Toute cette histoire la réjouissait de moins en moins.
Sans la lâcher, Ariane se fraya un chemin dans la foule. Sur leur passage, de nombreuses têtes se tournaient vers elle et la regardèrent avec attention.
« Mauvaise idée. Très trèèèès mauvaise idée ! » Gémit-elle intérieurement en s'efforçant de regarder ses pieds plutôt que de croiser un seul regard.
A cet instant, elle n'avait qu'une envie ; plonger dans le trou de renard par lequel elle s'était échappée et y rester jusqu'à sa mort.
- Eh ! S'exclama soudain une voix sur sa droite. Ne serait-ce pas notre petite écorchée que je vois là ?
Carmen releva brusquement la tête, et son cœur fit involontairement un saut périlleux dans sa poitrine ; Beniamino, le bel infirmier, venait à sa rencontre. Il avait une bière à la main et un sourire à tomber par terre sur les lèvres.
- Salut. Marmonna-t-elle en se sentant stupidement rougir.
- Et bien ! Poursuivit-il en la regardant de haut en bas. Quelle métamorphose ! J'ai failli ne pas te reconnaître.
- Oui, je me doute bien que ça change.
- C'est le moins qu'on puisse dire. C'est cool que t'ait accepté de rejoindre la Famille du Nord. C'est un véritable « plaisir ». Ajouta-t-il, son sourire charmeur s'accentuant.
Carmen arqua un sourcil :
- Sa « Majesté » Beniamino a révisé sa position à mon sujet ? Ironisa-t-elle.
- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, ma jolie. Répliqua-t-il en haussant les épaules.
- Ah tiens ? Ce n'est plus « ma petite écorchée » ? Assena-t-elle.
- Visiblement, il y a des surnoms qui te correspondent mieux. Je peux t'en trouver une vingtaine sans le moindre problème...Autour d'un verre, par exemple. Ajouta-t-il en levant la main vers elle.
Carmen resta parfaitement stoïque lorsque le bel infirmier dégagea la mèche de cheveux de son front. Elle ne tressaillit qu'à peine lorsque ses doigts frôlèrent sa tempe.
- Je vais devoir décliner ton offre. Annonça-t-elle calmement.
- Quel dommage. Répliqua-t-il distraitement.
Elle se rendit compte qu'il regardait la cicatrice qu'elle avait au front d'un œil critique. Puis un sourire satisfait étira ses lèvres et il baissa la main.
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Carmen
Science FictionLa Famille est tout, l'individu n'est rien. C'est la vérité que Carmen a appris depuis qu'elle est entrée dans la Famille du Sud. C'est la seule vérité qu'elle connaisse et elle s'y plie sans se poser de question. Jusqu'au jour où son Chef de Famil...