Carmen reprit aussitôt sa course, sans se retourner. Elle avait trop peur de perdre quelques précieuses secondes que ses deux poursuivants pourraient tourner à leur avantage. Elle bifurqua aussitôt dans une ruelle adjacente.
Elle n'avait pas oublié qu'elle avait un pistolet accroché à sa ceinture mais elle savait qu'elle ne pouvait pas s'en servir. Donner un coup de feu au milieu du quartier général de la Famille du Sud n'était pas ce qu'on pouvait appeler une « bonne idée ».
Toutefois, elle possédait un maigre avantage sur ses poursuivants ; le quartier général de la Famille du Sud était vaste et offrait beaucoup de cachettes. Elle avait passé beaucoup de temps à longer ses rues et en découvrir chaque recoin. Adonis et Samaël ne passaient pas autant de temps dans le quartier général. Toutefois, ils étaient plus rapides qu'elle et Carmen savait qu'elle devait ruser si elle voulait offrir à Beniamino l'opportunité de s'infiltrer dans la maison principale.
Elle zigzagua dans les rues avec l'agilité d'une belette, passant d'une ruelle à une autre sans freiner sa course, dérapant légèrement mais réussissant toujours à conserver son équilibre dans les virages serrés qu'elle prenait. Dans son dos, elle pouvait entendre Adonis pousser un juron sonore. Carmen en aurait souri si elle n'était pas aussi concentrée sur sa course et aussi terrifiée à l'idée de tomber entre leurs griffes.
Les deux mercenaires ne semblaient pas avoir pris en compte le fait qu'elle pouvait être très endurante et qu'elle connaissait le quartier général de la Famille du Sud par cœur. Elle connaissait toutes les ruelles sinueuses, toutes les cachettes, tous les recoins, toutes les rues qui se finissaient en impasse.
Elle n'avait pas l'intention de se laisser capturer aussi facilement.
Carmen se glissa dans une autre ruelle et bifurqua brusquement sur sa droite, dans une petite cour intérieure entourée de trois maisons. Elle se plaqua entre le mur et un amas de paniers en osier et retint son souffle. Moins de dix secondes plus tard, Samaël lui passa à côté, sans la voir, et poursuivit sa route le long de la ruelle. Carmen poussa un bref soupir de soulagement, sortit de sa cachette et se remit à courir en sens inverse. Elle avait réussi à semer l'un des mercenaires.
Temporairement, mais c'était mieux que rien.
De plus, elle devait prendre garde à Adonis. Elle se doutait bien que les deux mercenaires s'étaient séparés pour mieux la coincer et qu'Adonis était quelque part dans les parages, également à sa recherche. Elle bifurqua sur sa droite, longea une petite rue et tourna sur sa gauche.
Elle faillit rentrer dans Samaël qui atteignait l'angle de la maison au même moment. Elle voulut hurler mais lorsqu'elle vit son poing voler dans sa direction, elle leva les bras par réflexe. Le choc fut dur à encaisser. Elle poussa un cri de douleur. Samaël lui avait probablement brisé les os de son poignet, tant elle avait mal. Elle lui balança son propre poing au niveau du plexus solaire mais le mercenaire para le coup aisément. Il lui saisit le poignet au vol, le tordit violemment et lui donna une gifle qui la fit percuter le mur le plus proche. Complètement sonnée, Carmen vit les étoiles.
- N'essaye plus de me frapper. Intima-t-il d'une voix étonnement calme.
C'était l'une des choses les plus effrayantes chez lui ; son apparente tranquillité. Il avait un caractère bien moins explosif qu'Adonis mais ça ne le rendait pas moins dangereux. Au contraire. Samaël prenait le temps de trouver tous les points faibles de sa victime et savait les exploiter à la manière froide d'un serpent.
Ses yeux aussi étaient effrayants. D'un gris sombre, anthracite, ne dégageant ni compassion, ni pitié. Seule une lueur d'intelligence calculatrice les faisait briller. Il était grand, bien plus grand que Carmen qui se sentait comme une souris piégée entre les pattes d'un chat.

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Carmen
Ciencia FicciónLa Famille est tout, l'individu n'est rien. C'est la vérité que Carmen a appris depuis qu'elle est entrée dans la Famille du Sud. C'est la seule vérité qu'elle connaisse et elle s'y plie sans se poser de question. Jusqu'au jour où son Chef de Famil...