Chapitre 59

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Le Chef de la Famille du Sud s'arrêta à moins d'un mètre d'elle, le visage toujours indéchiffrable. Carmen ne savait pas s'il était furieux ou content de la voir. Peut-être y avait-il un peu des deux...Et elle-même ne savait pas si elle devait être rassurée de le revoir ou si elle devait être furieuse contre lui pour ce qu'il lui avait fait.

Elle peinait toujours à croire que Nathaniel lui avait dit la vérité et que Laurent avait fait assassiner tous les membres de la première génération de la Famille du Sud pour garder son pouvoir. Même si au fond d'elle, elle voulait croire qu'elle comptait pour Laurent, cet espoir s'effilait au fil des minutes qui s'écoulaient, tandis qu'ils s'observaient en silence.

Il croyait qu'elle l'avait trahi. Elle le savait en croisant son regard. Elle savait qu'il ne lui faisait plus confiance. Elle savait qu'il ne la considérait plus comme un membre de sa Famille.

Lentement, Laurent leva une main et fit glisser une mèche de cheveux derrière son oreille. Carmen frissonna à ce contact. Il y avait quelque chose de tendre dans son geste, mais elle ne s'y fia pas. Elle venait de voir quelque chose dans les yeux de son ancien Chef de Famille. Quelque chose comme de la haine.

- Carmen. Murmura-t-il dans un souffle.

Elle cilla, mais refusa de détourner le regard ou de fermer les yeux.

- Tu es de retour. Poursuivit-il encore.

Elle ne répondit pas. Elle le laissa parler, attendant avec une inquiétude croissante ce qu'il avait à lui dire.

- Tu m'as trahi. Déclara-t-il soudain.

- Tu m'as abandonnée.

Carmen se rendit compte une fraction de seconde trop tard de ce qu'elle venait de dire. Laurent fronça légèrement les sourcils.

- Ce n'est pas vrai. Répliqua-t-il d'une voix sourde. Je ne t'ai jamais abandonné. Je t'avais confié une mission et je ne pouvais pas te contacter. C'était ce que nous avions décidé, non ?

- En effet. Murmura-t-elle. Je me rappelle parfaitement de notre conversation.

- Et pourtant, quelques jours plus tard, j'apprends que tu t'es retournée contre moi.

Il poussa un long soupir ennuyé :

- Tu vois, au départ, j'ai sincèrement cru qu'il s'agissait d'une ruse de ta part pour réussir ta mission. Je l'ai même espéré. Mais j'ai déchanté lorsqu'on m'a dit que tu avais été corrompue par la Famille du Nord et que tu étais revenue dans le but de m'éliminer.

- Ce n'était pas vrai. Répliqua Carmen. Aydan ne t'as raconté que des mensonges.

Laurent arqua un sourcil, sarcastique :

- Il m'aurait mentit ? Il a mentit lorsqu'il m'a affirmé que tu l'avais frappé pour forcer le passage jusqu'à moi ? Tout comme aurait mentit Gianni, Thibault, Bassim, Yollan et Meddi lorsqu'ils t'ont empêchés d'entrer chez moi ?

- Ils ont tirés des conclusions sans connaître tous les faits. Répondit-elle. Lorsque je suis revenue, ce n'était pas pour te tuer.

- Ah non ?

Il mit la main dans sa poche et en sortit un objet qu'il leva devant les yeux de Carmen. Elle dû retenir un hoquet de stupeur lorsqu'elle reconnut son Taser, celui qu'elle avait perdu en tentant de fuir les membres de la Famille du Nord.

- Pourtant, cette arme est tombée de ta poche dans ta fuite. Continua Laurent d'un ton implacable. Et il n'y a que toi qui possède un Taser.

- Ce...Ce n'est pas ce que tu crois. Balbutia-t-elle.

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant