« Repose-toi. »
Quelle idée saugrenue !
Comment pouvait-elle songer à s'endormir alors qu'elle ne savait pas ce qui se passait hors des murs de cette maudite maison abandonnée ?
Depuis le départ du jeune homme, les minutes s'étaient éternisées, se changeant en heures. Inquiète, Carmen restait prostrée dans un coin de la pièce et se crispait quand elle entendait des craquements dans la maison. Mais c'était une vieille bâtisse, avec des charpentes qui grinçaient sous l'effet de la chaleur et du temps. Du moins, elle espérait que ce ne soit que la chaleur et le temps.
Elle n'aurait pas été en mesure de se défendre si un ennemi la retrouvait.
Le jeune homme prenait beaucoup de temps pour revenir. Elle ne savait pas si c'était bon signe. Peut-être que le quartier général de la Famille du Nord avait été envahi et que Sergueï devait trouver un autre moyen pour entrer, sauver Beniamino et ressortir sans se faire capturer ou tuer. Elle n'oubliait pas que Beniamino était toujours blessé et probablement affaibli. Elle se souvenait qu'elle avait dû le soutenir pour revenir jusqu'au quartier général de la Famille du Nord.
A moins qu'ils soient tous les deux déjà morts. Mais ça, elle ne voulait pas y songer.
Elle n'aurait jamais voulu le montrer, mais elle était terrorisée à l'idée que Sergueï ne revienne pas. Elle passa un doigt sur ses lèvres. Elle espérait que le baiser qu'il lui avait donné ne serait pas le dernier.
Le soleil était en train de se coucher derrière les montagnes, plongeant lentement la ville dans l'obscurité. Depuis la fenêtre de la pièce, Carmen pouvait distinguer la lueur pâle des étoiles qui s'allumaient les unes après les autres. Ça faisait longtemps que Sergueï était parti à présent. La jeune fille commençait à perdre espoir.
Qu'allait-elle faire s'il ne revenait pas ? Que se passait-il réellement au-dehors ? Est-ce que la Famille du Sud avait réussi à prendre le dessus ou est-ce que la Famille du Nord avait réussi à La repousser ? Et s'il n'y avait plus qu'elle qui pouvait aider les autres ? Elle ne pouvait pas se cacher dans cette maison en ruine jusqu'à la fin de ses jours ! Mais toute seule, comment parviendrait-elle à libérer ceux qui avaient été capturés par la Famille du Sud ? Et si elle sortait, elle risquait de se faire capturer et Laurent mettrait son plan à exécution...
Ça faisait beaucoup de questions. Carmen souffla un grand coup et ferma les yeux. Réfléchir posément et intelligemment. Ça ne servait à rien de céder à la panique. Elle allait attendre ce qui allait se passer. Et en fonction des événements, elle agirait en conséquence.
Des craquements dans l'escalier l'alertèrent soudain. Elle se figea, le cœur battant et tendit l'oreille, essayant de deviner qui était en train de monter. Les pas étaient lourds et incertains. Il y avait plusieurs personnes. Ça ne pouvait être qu'eux. Et en effet, Sergueï et Beniamino apparurent dans l'embrasure de la porte, le premier soutenant le deuxième.
L'infirmier avait l'air épuisé mais semblait moins souffrir de ses blessures. Il avait repris quelques couleurs et il lui sourit quand il la vit :
- Salut Carmen ! Lança-t-il. C'est sympa la déco de ton nouveau chez-toi ! Commenta-t-il en jetant un coup d'œil circulaire à la pièce poussiéreuse.
- Bienvenue dans mon palace ! Rétorqua-t-elle sur le même ton, profondément soulagée de revoir les deux hommes. Comment tu te sens ?
- Ça va. Répondit-il simplement. Mais il parait qu'on est dans la merde ?
- Il parait, oui.
- Sergueï m'a tout expliqué. Alors comme ça, tu es au courant de tout ?
- Nathaniel s'est montré peut-être un peu trop joyeux à l'annonce de mes résultats sanguins. Il avait momentanément oublié qu'il avait affaire à Laurent.
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Carmen
Science FictionLa Famille est tout, l'individu n'est rien. C'est la vérité que Carmen a appris depuis qu'elle est entrée dans la Famille du Sud. C'est la seule vérité qu'elle connaisse et elle s'y plie sans se poser de question. Jusqu'au jour où son Chef de Famil...