Chapitre 9

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Le soir même, son attente prit fin.

Elle avait pensé que Laurent aurait pris son temps. Qu'il l'aurait laissé mariné dans le doute et l'angoisse une semaine de plus. Elle venait de s'attaquer à son maigre repas lorsqu'elle entendit quelques coups timides contre la porte.

- Entre, Lorik. Appela-t-elle.

Ce ne pouvait être que lui. Il n'y avait que le jeune garçon qui pouvait aller et venir dans la maison des femmes.

La tête blonde de Lorik apparut dans l'embrasure.

- Je te dérange ? Demanda-t-il, incertain.

- Non, jamais. Sourit-elle. Entre seulement.

Il entra et vint s'installer à côté d'elle sur le canapé.

- Tu manges quoi ? Demanda-t-il en jetant un coup d'œil curieux à son assiette.

- Quelque chose de bon.

- Ça n'en n'a pas l'air. Commenta-t-il en faisant la moue.

Pour toute réponse, elle lui tendit sa fourchette. Le garçon hésita quelques secondes avant de piquer un morceau de légume et le porter à sa bouche. Il mâcha lentement, dubitatif.

- C'est quoi ?

- De la courgette.

- Ah.

- Alors ?

- Ça remplit l'estomac.

Carmen se mit à rire face à cette remarque franche. Lorik avait compris depuis des années qu'il fallait manger ce qu'il pouvait trouver pour remplir son estomac et survivre un jour de plus. Ragoutant ou non.

- J'ai un message pour toi. Reprit-il en déposant la fourchette sur la table.

- Je t'écoute. Invita-t-elle.

- Laurent veut te voir. Maintenant.

- Bon...Il est dans quel état d'esprit ? S'enquit-elle d'une voix détachée. Furieux ou content ?

- Pressé.

- Je vois...Grommela-t-elle.

Elle ne pouvait pas compter sur Lorik pour lui faire part de ses observations. L'état d'esprit d'une personne lui échappait, ça ne l'intéressait pas de savoir si la personne qui le chargeait d'un message était de bonne ou mauvaise humeur. Il enregistrait mentalement le message et il le livrait. Point.

Carmen reposa son assiette et se leva.

- Tu peux finir si tu veux. Proposa-t-elle.

- Merci, frangine.

Il reprit l'assiette et avala une seconde bouchée de légumes.

- Bonne chance ! Cria-t-il depuis le salon tandis qu'elle sortait de l'appartement.

- Merci. Marmonna-t-elle.

Elle abandonna Lorik et redescendit dans la rue, un sourire aux lèvres. Elle pouvait enfin se dégourdir les jambes ! Comme elle avait horreur de rester dans des endroits confinés ! Elle avait besoin de l'air libre, elle avait besoin de grands espaces. Même l'idée de se retrouver à nouveau face à son Chef de Famille et de subir son verdict n'arrivait pas à obscurcir son humeur.

Toutefois, lorsqu'elle se retrouva devant la porte du bureau de Laurent, elle sentit son courage descendre en flèche. Soit elle ressortait de ce bureau libre, soit elle allait se retrouver dans une geôle en attendant qu'il la livre à leur ennemi. Elle toqua à plusieurs reprises et attendit qu'il l'invite à entrer.

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant