Chapitre 47

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- Bon sang...Jura Nathaniel à voix basse.

Carmen jeta un coup d'œil éloquent à Beniamino. Ce n'était pas moins de la cinquième fois que le Chef de la Famille du Nord jurait de la sorte.

Carmen, Beniamino, Emilio et Nathaniel étaient rassemblés autour de la même table à laquelle le Chef de la Famille du Nord avait invité la jeune fille à dîner. Seule la lumière vacillante des bougies éclairaient la pièce. Carmen et ses deux compagnons étaient encore sales du sang et de la sueur qui collaient leurs habits et leur peau.

Dès qu'ils étaient revenus dans les murs d'enceinte du quartier général, ils avaient transportés les corps à l'infirmerie et les avaient couverts pudiquement avec des draps. Ensuite, ils étaient allés retrouver Nathaniel pour lui faire leur rapport, en prenant soin de ne pas trop se faire remarquer par les membres de la Famille du Nord, encore debout malgré l'heure tardive. Mais c'était peine perdue. A la vue du sang qui souillaient leurs vêtements, ils avaient vite deviné ce qu'il s'était passé et la rumeur avait enflé et s'était répandue dans tout le quartier général comme une traînée de poudre.

Nathaniel n'avait d'abord pas cru un mot de ce qu'ils lui rapporté avoir vu et avait insisté pour voir de ses propres yeux. Il avait chancelé lorsqu'il avait aperçu les corps des trois membres de sa Famille et avait dû s'appuyer contre le mur pour ne pas tomber. Jamais encore Carmen l'avait vu avec une telle lueur de détresse dans les yeux. Elle crut même qu'il allait sangloter. Mais il s'était vite ressaisit et avait convoqué tout le monde chez lui pour que Carmen, Beniamino et Emilio lui relatent tous les faits une nouvelle fois.

Depuis, ils étaient tous rassemblés dans cette pièce, des verres et des bouteilles d'alcool sur la table, comme si le vin et le Gin avaient le pouvoir d'atténuer le choc et le chagrin.

- Samaël et Adonis...Murmura Nathaniel. Ainsi, c'était donc eux...

Il regarda par la fenêtre un long instant, comme perdu dans ses pensées.

- Jamais je n'aurais cru que Laurent puisse faire appel à ces deux-là dans cette situation. Poursuivit-il lentement. Je me suis...trompé. Et mon erreur a coûté la vie de trois membres de ma Famille...

- Non, Nathaniel. Coupa sèchement Emilio. Ne te tourmente pas avec des idées pareilles, tu ne pouvais pas prévoir ce qui allait se passer. Tu as pris une décision juste. Et Livio, Bryan et Antoine connaissaient les risques qu'ils couraient. Les seuls coupables sont ces deux chiens enragés et Laurent.

- Peut-être. Concéda-t-il à voix basse.

Il poussa un long soupir. Du coin de l'œil, Carmen le vit se lever.

- Je savais que Laurent était ambitieux, imbu de lui-même et dépourvu d'empathie. Poursuivit-il. Mais je n'imaginais pas qu'il irait jusqu'à cette extrémité-là. Et s'il croit que la Famille du Nord va rester les bras croisés après un tel acte, il se trompe lourdement.

Un long silence accueillit ses paroles. Puis, Beniamino se racla la gorge :

- Est-ce que tu songes déclarer la guerre à la Famille du Sud ?

Nathaniel ne répondit pas tout de suite. Il semblait hésiter. Mais lorsqu'il reprit la parole, sa voix était assurée :

- Oui. La Famille du Nord va entrer en guerre contre la Famille du Sud. Il est temps que cela cesse. Mais d'abord, nous allons dignement enterrer nos morts et les pleurer. Livio, Antoine et Bryan méritent des funérailles. Pour la suite...je vous en dirai plus un peu plus tard.

Il leur jeta un coup d'œil circulaire.

- Aller vous laver et reposez-vous. Vous en avez assez fait...

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant