Chapitre 53

39 2 0
                                    


Le sourire narquois de Sergueï réapparut sur ses lèvres :

- Tu crois que t'es la seule à ne pas parler de ses sentiments de peur qu'ils se retournent contre toi ? Répliqua-t-il. Moi non plus, je n'ai pas envie d'être blessé.

- Faut croire qu'on se ressemble plus que ce qu'on se l'imagine.

- Faut croire.

- Mais, là...

- Quoi, là ?

- Et bien...est-ce qu'on est en train de s'avouer mutuellement qu'on s'aime bien ?

Sergueï ricana :

- T'es un peu lente à la détente !

- Excuse-moi de ne pas avoir d'expérience dans le domaine ! Répliqua-t-elle, vexée. J'arrive à peine à mettre des mots sur mes sentiments, alors il ne faut pas me demander d'avouer à quelqu'un qu'il me plaît !

- Dans ce cas, je vais te faciliter la tâche...

Il reposa sa bière et se leva. Doucement, il s'approcha d'elle, posa les mains sur les accoudoirs du fauteuil qu'occupait Carmen et se pencha sur elle. Sans réfléchir, elle ferma les yeux. Elle sentit les lèvres du jeune homme frôler les siennes et s'y déposer délicatement. C'était un baiser chaste qui ne dura que quelques secondes avant qu'il ne se redresse, la laissant un peu confuse.

- Alors ? Demanda-t-il, les sourcils levés. Est-ce plus explicite comme ça ? Ou est-ce que tu veux que je tombe à genoux devant toi et que je te récite un poème enflammé sur mes sentiments envers toi ?

- Euh...Sincèrement ? Je préfèrerais que tu t'abstiennes. Répliqua-t-elle. Ça me ferait plus peur qu'autre chose...

Sergueï ricana et s'éloigna de quelques pas. Carmen le regarda quelques instants avant de se lever à son tour.

- Je peux essayer quelque chose ? Demanda-t-elle.

- Pourquoi t'en empêcherais-je ? Rétorqua-t-il.

Carmen s'approcha de lui et leva les mains. Sergueï la regarda faire, immobile. Elle posa ses doigts sur ses épaules et les laissa s'habituer à la chaleur corporelle du jeune homme. Puis, lentement, elle les glissa sur sa nuque et se hissa sur la pointe des pieds. Elle ferma les yeux à nouveau et posa ses lèvres sur celles de Sergueï, dans un baiser aussi chaste que celui qu'il lui avait donné. Quelques secondes plus tard, elle s'écarta et se laissa retomber sur la plante des pieds, un peu confuse.

Est-ce que c'était aussi simple que ça ? Elle peinait à le croire.

Quand elle était encore dans la Famille du Sud, Aydan et elle ne s'étaient jamais avoué leurs sentiments respectifs, leur attirance envers l'autre. L'idée d'aborder le sujet avec son ancien coéquipier lui semblait même comme une absurdité, un tabou.

Mais étonnamment, avec Sergueï, c'était beaucoup plus facile de parler de ses sentiments.

- Alors ? Demanda-t-il d'un air interrogateur. Est-ce que l'essai était concluant ?

Carmen fit semblant de réfléchir.

- Je ne pense pas. Répondit-elle, narquoise. Il me faudrait d'avantages de tests afin de vérifier toutes les hypothèses.

- Ah ? Fit-il en arquant un sourcil. Dans ce cas...

Il prit son visage entre ses mains et se pencha légèrement pour l'embrasser à nouveau. Cette fois, leur baiser fut plus assuré, plus tremblant aussi. Carmen passa ses mains autour de son torse pour le serrer contre elle tandis qu'il faisait glisser ses doigts dans ses cheveux et sur sa gorge.

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant