Chapitre 21

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- Pardon ? S'étrangla-t-elle.

Il répliqua patiemment :

- Puisque je suis là, je vais aussi vérifier si le bandage à tes côtes doit être changé ou non.

Il tendit une main mais Carmen la repoussa brutalement.

- Pas question que tu me déshabille, mec !

- Je t'ai déjà déshabillé une fois. Répliqua-t-il, narquois. Quand tu étais à l'infirmerie.

- C'était différent ! S'exclama-t-elle, exaspérée. J'étais dans les vapes !

- Tu veux que je t'assomme ? Je le fais avec plaisir.

Elle le fusilla du regard et Beniamino perdit son sourire.

- Attends...Tu ne vas quand même pas refuser mon aide parce que tu as peur que je te voie en sous-vêtements ? S'exclama-t-il, incrédule.

- La pudeur, tu connais ? Répliqua-t-elle, acide.

- Tu appelle ça de la pudeur ? Moi j'appelle ça de la stupidité. Ou de la fierté mal placée. Tu as mal aux côtes, je te propose mon aide. Point. Il n'y a pas d'ambiguités. De toute manière, je n'ai pas l'intention de te tripoter. Ajouta-t-il en la regardant de haut en bas avec une moue dégoûtée. Il faudrait vraiment que je sois en manque !

Si Carmen en avait eu la force, elle l'aurait étripé. Il devait bien avoir un scalpel dans son sac ou un outil de ce genre pour mettre sa pensée meurtrière à exécution, non ?

- Inutile de me rabaisser. Répliqua-t-elle d'un méprisant. Je me doute bien que je n'offre pas une vision aussi charmante que sa Majesté Beniamino. Ajouta-t-elle en accentuant volontairement le mot « majesté ». Mais fort heureusement pour moi, tu n'es pas en manque. Je serais vraiment désolée pour toutes ces filles si elles devaient te remplacer dans leur lit, une fois que je t'aurais castré. Poursuivit-elle avec un sourire narquois.

Il cilla sous la menace. Il l'observa un long moment, comme pour mesurer le danger potentiel qu'elle représentait pour ses bijoux de famille.

- Tu n'oserais pas. Répliqua-t-il.

- Combien tu mises pour ce pari stupide ?

Il poussa un long soupir :

- Est-ce qu'on peut au moins arriver à un compromis ?

- Dis toujours.

- Est-ce que tu serais d'accord de soulever ton t-shirt juste pour me dégager tes côtes ? Tu te mets dos à moi, je vérifie si elles sont en bonne voie de guérison tout en préservant ta pudeur et tu rabaisse ton t-shirt.

Carmen réfléchit quelques instants :

- C'est un bon compromis. Concéda-t-elle.

De toute manière, elle aurait difficilement put soutenir la douleur un jour de plus. Beniamino lui proposait son aide, autant en profiter.

Elle ne s'était jamais déshabillée devant un homme, même pas devant Aydan. Ces gestes étaient un peu maladroits mais elle remonta son t-shirt. Elle grimaça lorsque le tissu frotta son ventre. Ce fut seulement à cet instant qu'elle constata qu'elle avait également un hématome sur le ventre, qui partait de sa hanche gauche jusqu'au nombril, d'un violet qui avait viré au jaune par endroits.

A sa vue, Beniamino poussa un juron :

- Oh, merde !

- Comme tu dis. Grogna-t-elle.

- Renaud t'a pas loupé ! Commenta-t-il.

Elle lui lança un regard assassin.

- Toi non plus, je ne vais pas te louper si tu continues !

Elle lui tourna résolument le dos et finit par dégager ses côtes.

- Désolé de te le dire ; mais tu vas devoir remonter ton t-shirt un peu plus. Je ne peux rien voir.

- T'exagère ! Grogna-t-elle.

- C'est toi qui exagère ! Je te l'ai dit, j'ai pas l'intention de te sauter dessus ! Déjà parce que ton corps d'écorchée vive me dégoûte, et aussi parce que je tiens à mes attributs.

Carmen bouillonnait intérieurement. Elle poussa un juron et finit par capituler. Elle fit passer son t-shirt par-dessus sa tête, dévoilant sa lingerie noire et les bandages qui enserraient ses côtes.

- Si je t'entends faire le moindre commentaire, je t'explose la tête contre le mur. Le prévint-elle en serrant les dents.

Elle ne vit pas l'expression de son visage mais Beniamino ne dit rien. Elle tressaillit légèrement lorsqu'elle sentit les doigts de l'infirmier défaire son bandage mais elle ne le repoussa pas. Les bandes disparurent de son champ de vision et elle sentit sa main presser légèrement sur ses côtes. Elle se retint de grogner de douleur.

Les secondes s'écoulèrent dans un silence de mort. Les mains de l'infirmier étaient puissantes mais très douces. Il ne pressait pas pour lui faire mal volontairement et ses doigts restaient sagement là où il devait l'ausculter. Carmen ferma les yeux. C'était la première fois de sa vie qu'elle laissait un homme parcourir sa peau. Elle sentait ses mains glisser sur ses côtes et le souffle de Beniamino sur son épaule. Au final, ce n'était pas si désagréable que ça...

Quelques minutes plus tard, il lui refit un bandage propre et lui redonna son t-shirt.

- C'est bon. Tes côtes sont en train de se ressouder.

Carmen remit son habit et se retourna vers lui. Il fouilla dans son sac et sortit un petit pot rempli d'une pâte jaunâtre.

- Mets cette pommade sur ton ecchymose. Ordonna-t-il en le lui tendant. Tu en mets trois fois par jours et d'ici quelques temps, tu n'auras plus rien.

- D'accord. Marmona-t-elle en prenant le pot qu'il lui tendait.

L'infirmier lui fit un sourire compatissant et se leva.

- J'ai fini mon auscultation. Annonça-t-il. Je vais dire à Sergueï que tu te rétabli lentement mais sûrement.

- Tu lui diras merci. Pour t'avoir envoyé.

- J'y manquerais pas.

Il fit quelques pas vers la porte mais au moment de sortir, il se ravisa et lui lança un dernier regard narquois :

- Par contre, ce serait bien si tu prenais un bain ! Ne serait-ce que pour l'odeur et la propagation de bactéries.

Carmen lui rendit son sourire moqueur :

- Et c'est toi qui va me construire cette baignoire dans ma cellule ?

- Tu rêves trop, ma petite écorchée.

Cette fois, Carmen nota que ça ne sonnait pas comme une insulte sarcastique mais plutôt comme un surnom affectueux.

Beniamino lui fit un signe de main et quitta la pièce, laissant la jeune fille dans un drôle d'état, entre le soulagement et la béatitude niaise.      

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant