Chapitre 54

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La porte d'entrée claqua, ce qui réveilla Carmen. D'un œil hagard, elle regarda autour d'elle.

Elle était toujours nue et enlacée dans les bras puissants de Sergueï qui dormait profondément à côté d'elle. La jeune fille sourit en le regardant. Il était vraiment beau. C'était probablement l'une des plus belles personnes qu'elle ait rencontrée dans sa vie, dans tous les sens du terme.

Un bruit retentit dans le salon, l'arrachant à sa contemplation. Elle jeta un coup d'œil à son réveil. Les aiguilles indiquaient deux heures quarante du matin et Ariane venait de rentrer de sa soirée entre filles.

Elle entendit la jeune fille faire un boucan d'enfer dans la cuisine et le bruit de ses pas chancelants d'un point à l'autre de la pièce. Carmen en déduisit qu'Ariane était complètement ivre et faisait tous les placards à la recherche de quelque chose à manger.

A ses côtés, Sergueï émit un grognement et se réveilla.

- C'est quoi tout ce bruit ? Maugréa-t-il d'une voix forte.

Carmen lui plaqua aussitôt une main sur sa bouche.

- Chut ! Intima-t-elle en chuchotant. C'est Ariane qui est rentrée. Ajouta-t-elle en guise de réponse devant son air grognon.

Une lueur de compréhension jaillit dans ses yeux et il hocha la tête. Elle retira sa main.

- Oh. Murmura-t-il.

Son sourire moqueur se dessina à nouveau sur ses lèvres.

- Et je suppose qu'il ne faut pas qu'elle me trouve dans ton lit ?

- Je ne veux pas la choquer. Marmonna-t-elle en sentant ses joues rosirent.

Le jeune homme dû réprimer un éclat de rire :

- Tu ne la choqueras pas ! Assura-t-il à voix basse. Ariane n'est plus une enfant, tu sais !

- Ça n'a rien à voir avec le fait qu'elle soit adulte ou non ! Réprimanda Carmen. C'est juste que je n'ai pas envie qu'elle nous découvre...et bien, comme ça ! Ajouta-t-elle en désignant leurs corps nus à demi cachés par les draps.

Sergueï secoua la tête d'un air exaspéré, probablement à cause de la pudeur dont la jeune fille n'arrivait pas à se défaire et se redressa sur ses avant-bras. Il tendit l'oreille pour écouter ce qui se passait à quelques mètres d'eux, dans la cuisine et le salon.

- Elle n'a pas l'air bien. Commenta-t-il, un peu inquiet.

- Non, en effet. Elle a sûrement trop bu...

Carmen enroula une des couvertures autour de son corps. Dans son dos, Sergueï lança d'une voix moqueuse :

- Tu n'es pas obligée de te couvrir, je t'ai déjà vu nue.

Pour toute réponse, elle lui tira la langue par-dessus son épaule. Elle ouvrit la porte de sa chambre et passa la tête dans l'embrasure, tout en s'assurant qu'aucun centimètre de son corps n'était visible depuis le couloir.

- Ariane ? Appela-t-elle. Tout va bien ?

Pendant quelques secondes, seul le silence lui répondit. Puis, la silhouette de sa colocataire apparut dans le couloir, passablement échevelée, les cheveux en bataille, le teint grisâtre. Ariane la regarda quelques instants avant de marmonner quelque chose d'incompréhensible. Elle traîna les pieds sur le parquet, les yeux mi-clos, passa devant elle sans la voir et alla s'enfermer dans sa propre chambre.

Carmen referma la porte de la sienne et retourna rejoindre Sergueï sous les couvertures.

- Elle a trop bu. Confirma-t-elle d'un ton neutre.

Le jeune homme leva les yeux au ciel, amusé. Puis, il se pencha et l'embrassa dans le cou.

- Je partirai avant que « Maman Ariane » ne se rende compte de ma présence. Promit-il en mordillant légèrement sa peau.

- D'accord. Sourit-elle.

A quelques mètres d'eux, Ariane semblait s'être décidée à changer tous ses meubles de place, tant elle était bruyante.

- Je ne vais plus réussir à m'endormir, maintenant. Soupira Sergueï.

- Elle va vite s'épuiser. Sourit Carmen. Laisse-la faire ses déménagements et s'endormir et après tu pourras prendre la poudre d'escampette.

- OK. Mais en attendant...

Il laissa sa phrase en suspend et glissa sa main sur la cuisse de Carmen qui sursauta, surprise.

- Qu'est-ce que tu fais ? S'exclama-t-elle en oubliant presque de chuchoter.

Cette fois, ce fut lui qui posa sa main sur sa bouche.

- Ariane semble prendre sa nouvelle vocation de déménageuse très à cœur. Commenta-t-il dans un murmure. Il semblerait qu'elle en ait pour un moment. Alors, en attendant que la voie se libère, on pourrait entamer le second round, tu ne crois pas ?

Elle retira sa main en se retenant de rire.

- T'es sûr de pouvoir tenir la distance ? Répliqua-t-elle, narquoise.

Il lui rendit son sourire :

- Il n'y a qu'une seule façon de le savoir...




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