Chapitre 65

25 5 0
                                    

Carmen n'était pas dans son assiette. Elle voyait un peu trouble, sa démarche était hésitante, comme si elle était ivre. Ses blessures, la fatigue, l'angoisse, le soleil de plomb n'y étaient sûrement pas étrangers.

Elle évitait les combats du mieux qu'elle pouvait. Dans toutes les rues, des groupes entiers se livraient une guerre acharnée, refusant de battre en retraite face à l'ennemi, redoublant d'effort et d'acharnement pour faire plier le camp adverse.

Carmen avait vu huit membres de la Famille du Sud faire front contre le double de combattants. Mais ils n'étaient pas désavantagés ; ils avaient appris dès le début que l'individu n'était rien et que la Famille était tout, ce qui n'était pas le cas des autres Familles qui voulaient porter secours à leurs membres blessés, négligents leur garde et offrant ainsi des possibilités d'attaque pour les membres de la Famille du Sud.

De nombreux tireurs s'étaient nichés sur les toits des maisons, tirant sur tous les ennemis qu'ils pouvaient apercevoir dans leur lunette de visée. Carmen faillit être une victime d'un de ces tireurs lorsqu'elle voulut tourner à l'angle d'un bâtiment. La balle siffla près de son oreille et termina sa course dans le mur, faisant voler des éclats de pierre, à quelques centimètres de sa tête.

Elle s'était jetée au sol, avait effectué une rapide roulade et s'était blottie derrière un autre mur. Elle était restée immobile quelques secondes, avait pris une grande inspiration et avait bondit de sa cachette en trombe. Une seconde balle frôla sa cuisse mais elle ne cessa pas de courir. Elle tourna à l'angle d'une autre ruelle et plongea dans un corps à corps qui opposait des membres de la Famille du Sud et du Nord.

Carmen slaloma entre les combattants avec l'agilité d'un chat, elle fut bousculée par deux combattants, elle manqua de trébucher, elle para un coup de poing sans chercher à savoir si le coup lui était destiné ou non et poursuivit sa course effrénée en cherchant désespérément Nathaniel. Elle ne savait pas où il se trouvait en ce moment même. Elle connaissait son point de départ mais depuis tout ce temps, il avait dû se déplacer à un autre point stratégique.

Un tireur sur le toit la prit une nouvelle fois pour cible. Elle sauta par-dessus ce qui avait été autrefois la devanture d'un magasin. Mais la vitre avait volée en éclat et elle put se mettre à l'abri à l'intérieur. Son pied glissa sur des bris de verre, elle perdit l'équilibre et manqua de s'énuquer sur le rebord de la devanture, mais une main secourable l'avait rattrapée juste à temps.

- Reste parmi nous, princesse ! S'exclama une voix grave et autoritaire qu'elle eut aucun mal à reconnaitre.

Emilio l'aida à s'assoir et jeta un rapide coup d'œil par-dessus le rebord de la devanture.

- Merci. Marmonna-t-elle.

- Tu as une sale tronche. Reprit-il, ses yeux plissés sur le bandage qu'elle avait à l'épaule. Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Ou est Ben ?

- A l'infirmerie de la Famille du Nord. Il y a eu quelques complications et il est dans un état aussi lamentable que moi. Mais il va s'en tirer.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Emilio d'un air grave.

- On a eu un tête à tête avec Samaël et Adonis, les deux mercenaires psychopathes de Laurent.

- Bon Dieu ! Jura-t-il, sincèrement choqué.

- Comme tu dis. Et vous ? Quel est le point de la situation ?

- Très franchement ? Aucune idée. Répondit-il. A chaque fois qu'on neutralise un ennemi, il y en a cinq qui reviennent à la charge. Ils sont sacrément coriaces !

- Je vois. Tu sais où est Nathaniel ?

Il lui lança un regard narquois par-dessus son épaule :

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant