Quelques heures plus tard, Carmen retrouva une Ariane aux cernes pharamineuses et le teint blafard. Elle n'avait pas dû beaucoup dormir.
- Ça va ? Demanda Carmen en s'asseyant en face d'elle au bar de la cuisine.
- Mal au crâne. Répliqua-t-elle, la bouche pâteuse. Je n'aurais pas dû boire autant.
- Je ne te savais pas aussi fêtarde. Commenta-t-elle.
Ariane sourit péniblement :
- Ça m'arrive, selon les circonstances. Aujourd'hui, on part en guerre contre la Famille du Sud. On n'y survivra peut-être pas. Autant profiter de quelques instants de bonheur.
Vu sous cet angle, Carmen ne pouvait pas lui porter tort. Si elle devait mourir aujourd'hui, au moins avait-elle pu profiter de passer une nuit exceptionnelle avec quelqu'un qu'elle appréciait particulièrement.
- Comment s'est déroulée ta soirée ? Demanda-t-elle, vaguement curieuse de savoir comment Ariane avait pu finir dans un tel état d'ébriété.
- Tu as manqué quelque chose ! On s'est bien amusées ! S'exclama-t-elle, réjouie.
« Si tu savais...je n'ai rien manqué du tout ». Songea Carmen avec un sourire.
Sergueï et elle avaient profités de l'instant jusqu'au bout. Ils s'étaient endormis dans les bras de l'autre et le jeune homme s'était levé une demi-heure avant elle. Il s'était rapidement habillé et s'était penché sur Carmen pour lui donner un dernier baiser passionné.
- J'ai adoré cette nuit. Lui avait-il chuchoté au creux de l'oreille. J'espère revenir en vie pour en passer d'autres avec toi !
- Moi aussi. Lui avait-elle sourit. Tu feras attention, n'est-ce pas ?
- Bien sûr !
Puis, il avait quitté l'appartement. Carmen s'était levée et approchée de la fenêtre pour l'apercevoir encore une fois. Sergueï avait quitté la maison, avait fait quelques pas dans la ruelle sombre, avait levé la tête vers elle comme s'il avait senti son regard, et lui avait fait un signe de main auquel elle avait répondu. Et il avait disparu dans l'obscurité et Carmen était retournée se coucher.
- Et toi ? Demanda Ariane en allant se resservir d'un grand verre d'eau. C'était comment ?
- J'ai passé une bonne soirée.
Ariane arqua un sourcil, sceptique :
- Tu passes probablement ta dernière nuit toute seule dans un appartement, et tu dis que tu ne t'es pas ennuyée ?
- Je te l'ai déjà dit ; je n'aime pas trop la foule et le bruit. Je préfère le calme.
- Ah. Se contenta-t-elle de marmonner.
- Tu as fait beaucoup de bruit en rentrant. Ajouta Carmen d'un ton neutre.
- Je n'en doute pas. Si tu voyais l'état de ma chambre ! S'exclama-t-elle avec un grand éclat de rire. Mon bureau est à la place de mon armoire, mon lit est la place du bureau et l'armoire...je n'ai pas vraiment pu la bouger puisqu'elle pèse très lourd mais elle est quand même en plein milieu du chemin ! J'arrive à peine à ouvrir ma porte. Je suis désolée de t'avoir réveillée. Ajouta-t-elle, sincère. Je ne sais pas trop ce qui m'a pris...J'ai tellement bu que j'avais faim, j'ai retourné tous les placards de la cuisine, les meubles de ma chambre et j'ai même eu des hallucinations !
- Comme quoi ? Des éléphants roses ? S'esclaffa Carmen.
Ariane rit avec elle :
- Non, pas d'éléphants roses. Remarque, ça aurait été amusant d'en voir ! Je n'ai vu des éléphants que dans les illustrations des livres, en voir un en vrai, même rose, doit vraiment être magnifique ! Mais pour en revenir à mes hallucinations, elles ne se sont pas déclinées en formes animalières. C'était plutôt une chemise d'homme que j'ai aperçu sur le canapé.

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Carmen
Science FictionLa Famille est tout, l'individu n'est rien. C'est la vérité que Carmen a appris depuis qu'elle est entrée dans la Famille du Sud. C'est la seule vérité qu'elle connaisse et elle s'y plie sans se poser de question. Jusqu'au jour où son Chef de Famil...