Carmen

Chapitre 15

Carmen fut réveillée par ses membres douloureux. Elle avait la bouche pâteuse. Elle sentait quelque chose de moelleux sous son dos. Elle ouvrit ses doigts et tâta la surface sur laquelle elle était allongée.

Un matelas.

Bien que surprise, elle n'allait pas se plaindre ; c'était toujours mieux que de se retrouver allongée sur de la pierre froide. Mais ce n'était pas normal de se réveiller sur un matelas. Elle tendit l'oreille mais ne guetta aucun bruit. Seul le silence l'entourait. Elle ouvrit prudemment les yeux et se redressa péniblement.

Le matelas sur lequel elle était allongée était posé à même le sol et se trouvait dans l'un des coins d'une petite pièce sombre aux murs gris, dont la seule ouverture sur l'extérieur était une petite fenêtre grillagée à deux mètres du sol qui laissait filtrer quelques pâles rayons de soleil. La porte était en métal et semblait lourde et épaisse. Il y avait une ampoule fixée au plafond mais il n'y avait pas le moindre interrupteur pour l'allumer. Il devait donc être placé à l'extérieur de sa cellule.

Carmen avait été capturée et enfermée dans ce qui semblait être la cave d'un bâtiment.

Son matelas était le seul mobilier de la pièce dont elle disposait. La jeune fille se positionna en tailleur et parcouru son corps d'un regard critique. Son jeans était déchiré par endroit, dévoilant une de ses rotules écorchée qui avait cessé de soigné et qui commençait lentement à cicatriser. Son poignet était toujours aussi douloureux mais elle constata qu'il avait été bandé, tout comme son front.

Ses ennemis avaient pris le temps de lui prodiguer les premiers soins. C'était surprenant, d'autant plus que dans la Famille du Sud, ils n'avaient guère ce genre d'attention envers leurs prisonniers.

Elle se leva et s'étira doucement. Elle fit quelques pas dans sa prison tout en réfléchissant. La première phase de son plan avait fonctionné et elle avait été capturée. Mais la phase suivante allait s'avérer beaucoup plus compliquée. A présent, elle devait gagner la confiance de la Famille du Nord et découvrir qui pouvait être les traîtres au sein de sa propre Famille.

Plus facile à dire qu'à faire.

Elle soupira, dépassée. Elle s'était embarquée dans une histoire compliquée et rien ne s'annonçait comme étant une partie de plaisir. Elle allait devoir être une excellente comédienne si elle voulait avoir une chance de réussite. Mais l'échec n'était pas une option. Laurent lui avait accordé toute sa confiance et elle devait s'en montrer digne.

Elle alla se rassoir sur le matelas et attendit.

Les heures s'écoulèrent avec une lenteur effarante. Et personne ne vint la voir. Son ventre se mit à gargouiller. Par la fenêtre, les rayons du soleil s'éclipsèrent et la nuit tomba. Et la jeune fille était toujours seule. Ça commençait à l'inquiéter. Pourquoi personne n'était pas venu la voir ? Les trois hommes qui l'avaient capturée n'avaient pas dit que leur Chef de Famille aurait des questions à lui poser ? L'avaient-ils complètement oubliée ? Ou était-ce une méthode pour qu'elle craque ?

- Ressaisis-toi ! Gronda-t-elle à voix basse.

La Famille du Nord pensait peut-être qu'elle était toujours évanouie. Ou Elle attendait que la solitude et la faim ne la rende complètement folle. Dans ce cas-là, ses ennemis étaient mal tombés ; Carmen avait vécu plusieurs années dans un état de quasi famine et elle avait toujours préféré la solitude au brouhaha des conversations inutiles.

Elle avait toujours été comme ça. Seule.

Encore plongée dans ses pensées, elle n'entendit pas tout de suite la clé qui tournait dans la serrure de la porte. Le lourd battant métallique grinça sur ses gongs et elle se redressa un peu. Un homme apparu à la lumière du couloir et son regard alla droit sur elle. Il posa la main sur le mur du couloir et l'ampoule au plafond s'éclaira.