Carmen guida Beniamino sans la moindre hésitation. Elle connaissait plutôt bien les rues, les quartiers et les maisons. Elle progressait devant lui, prenant naturellement le rôle d'éclaireuse. Comme la fois où ils avaient dû aller chercher Livio, Bryan et Antoine, elle ralentissait à chaque angle de maison, guignait par-derrière le mur pour s'assurer que le voie était libre et faisait un signe de main à l'infirmier pour l'inciter à la suivre.
La jeune fille savait qu'ils devaient être rapides et silencieux. Dans près d'une heure, le soleil allait se lever. La Famille du Nord n'allait pas tarder à se positionner aux endroits stratégiques pour surprendre la Famille du Sud et cette dernière allait riposter très vite. Il serait très étonnant que Laurent n'ait pas envisagé de se faire attaquer. Et encore plus improbable qu'il n'ait pas mit au point son propre plan d'attaque. Carmen et Beniamino devaient s'être introduits dans le quartier général de la Famille du Sud avant que Nathaniel ne lance son attaque.
- Où allons-nous, à présent ? Chuchota Beniamino dans son dos.
Ils venaient d'atteindre l'un des derniers quartiers de la ville. Devant eux, la colline leur faisait face, plongée dans l'obscurité. Carmen pouvait distinguer les ombres des arbres plantés à flanc de coteau, jusqu'au mur d'enceinte de la Famille du Sud, loin au-dessus.
- Suis-moi. Intima-t-elle dans un murmure.
Elle bondit hors du quartier, franchit un petit muret en pierre à moitié détruit par le temps et se mit à grimper le long de la colline, Beniamino sur les talons. Leur progression se fit le plus rapidement possible, tout en évitant les racines et les pierres de leurs pieds et écartant discrètement les branches basses et les ronces. Une dizaine de minutes plus tard, ils arrivèrent au pied du mur d'enceinte du quartier général de la Famille du Sud, à bout de souffle, les muscles de leurs jambes douloureux et les bras couverts d'égratignures.
- Et...maintenant ? Souffla Beniamino, prenant appui contre le mur, la respiration rauque.
- Maintenant...Il nous faut...grimper...Murmura Carmen sur le même ton, la respiration douloureuse.
Elle s'approcha d'un olivier. C'était le même arbre par lequel elle s'était enfuit, le soir où elle avait voulu retrouver Laurent.
Beniamino jura entre ses dents. Carmen agrippa une branche, prit appui contre le tronc avec son pied et poussa dessus. Elle leva sa deuxième main le plus haut possible pour attraper une autre branche et se hissa plus haut encore. En-dessous d'elle, Beniamino faisait de même. Il n'avait pas la même agilité et pesait plus lourd qu'elle. Les branches émettaient des craquements de protestation lorsqu'il prenait appui dessus, mais le bruit était trop infime pour que quelqu'un d'autre qu'eux ne l'entende.
Carmen se redressa sur une branche et évalua la distance qui la séparait du mur. Elle jugea qu'il y avait moins d'un mètre mais qu'elle devrait sauter pour atteindre le sommet du mur et s'y agripper. Elle s'accroupit, rassembla son élan et déplia brusquement ses jambes.
Elle franchit la distance sans la moindre difficulté, heurta brutalement le mur en réprimant un cri de douleur mais parvint à s'y agripper. Elle s'aida de ses jambes et de ses bras pour se pousser et se tirer et elle réussit à s'assoir sur le sommet du mur. Elle observa les alentours et constata que tout était silencieux dans ce quartier abandonné. Carmen fit un signe de main à Beniamino pour l'encourager à faire la même chose qu'elle. L'infirmier bougonna, n'appréciant pas l'exercice. Mais il bondit à son tour et grimpa sur le mur en s'aidant de ses bras. Carmen sauta souplement de l'autre côté de l'enceinte, sur la petite route pavée. Beniamino fit de même.
- Viens. Ordonna Carmen.
A présent qu'ils étaient entrés dans le quartier général de la Famille du Sud, ils devaient se trouver un endroit discret pour attendre le signal de Nathaniel et les mouvements de la Famille du Sud. Carmen avait d'abord été tentée d'entrer dans l'une des maisons abandonnées qui faisait face au mur d'enceinte. Mais si de cet endroit, ils pouvaient voir toute la ville, ils ne pouvaient pas voir ce qui se passait dans le quartier général de la Famille du Sud. Or, ils devaient se trouver un endroit depuis lequel ils avaient une vue d'ensemble.
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Carmen
Ficção CientíficaLa Famille est tout, l'individu n'est rien. C'est la vérité que Carmen a appris depuis qu'elle est entrée dans la Famille du Sud. C'est la seule vérité qu'elle connaisse et elle s'y plie sans se poser de question. Jusqu'au jour où son Chef de Famil...