Chapitre 39

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Durant les trois jours qui suivirent, Carmen s'habitua peu à peu à sa Nouvelle Famille. Elle était singulièrement différente de celle du Sud, bien que sa composition soit assez similaire. Comme Laurent, Nathaniel était la figure d'autorité suprême. Toutefois, il semblait il y avoir une pyramide hiérarchique, où certains membres avaient d'avantage de privilèges et de responsabilités que d'autres.

De ce qu'elle pouvait observer, Nathaniel partageait son titre de Chef de Famille avec son épouse, Fiona, qui était aussi très présente dans les actes de la vie quotidienne. Carmen supposa que Sergueï, au vu de ses attitudes souvent contestataires envers Nathaniel ou directives avec les autres membres de la Famille du Nord, jouait aussi un rôle important, comme un lieutenant. Tout le monde semblait l'apprécier et le respecter, ce qui renforça la certitude de Carmen.

Au même niveau, elle pouvait également placer Emilio et Beniamino. Ben était le chef infirmier et supervisait les stocks médicaux avec une attention particulière, n'acceptant que les ordres ou les remarques de Nathaniel. Et il ne tolérait personne dans son infirmerie à part les blessés, les malades, et ceux qui avaient des connaissances en médecine, comme Yvan par exemple.

Emilio, lui, semblait diriger les effectifs de la Famille du Nord à la manière d'un général. C'était lui qui prenait note de ceux qui partaient ou revenaient de mission et c'était à lui qu'il fallait faire son rapport, qu'il transmettait par la suite à Nathaniel.

Tout ça, Carmen pouvait l'observer ou l'entendre de la bouche d'Ariane. Sa jeune et bavarde colocataire lui donnait tous les renseignements qu'elle voulait savoir. Par moment, Carmen songeait avec un pincement au cœur que si elle poursuivait sa mission d'espionnage, elle n'aurait guère de difficulté à faire parler Ariane.

Elle était bien naïve...Un jour ou l'autre, ça allait lui jouer des tours. Mais au plus profond d'elle-même, Carmen se demandait si elle parviendrait à trahir la confiance d'Ariane le moment venu.

Sûrement.

La Famille est tout, l'individu n'est rien. C'était la règle absolue. La seule qu'elle connaisse. La seule qui lui permettait de se sentir en sécurité. Carmen n'était qu'un pion sur l'échiquier de Laurent. C'était à lui de décider de son sort. Elle devait s'y plier. Et en y réfléchissant bien, cela ne lui déplaisait pas tant que ça.

Le troisième soir qui suivit son intégration, Ariane toqua à la porte de sa chambre.

- Je peux entrer ? Demanda-t-elle en passant la tête dans l'entrebâillement.

- Bien sûr. L'invita Carmen en se redressant dans son lit.

La jeune fille entra de son pas aérien. Elle la regarda de ses grands yeux bleus, un peu nerveuse.

- Nathaniel m'a demandé de de te dire qu'il souhaitait te voir. Commença-t-elle.

Carmen fronça les sourcils.

- Maintenant ?

- Oui.

- A quel propos ?

- Il n'a pas jugé bon de me dire. Mais ça avait l'air assez sérieux. Et urgent. A ta place, je ne traînerais pas.

- Merci pour le conseil. Grommela-t-elle.

Cette histoire ne lui disait rien qui vaille.

Elle sortit de l'appartement et descendit dans la rue. Elle prit tout de suite le chemin de la maison de Nathaniel.

Elle avait repris l'habitude de longer toutes les ruelles de son environnement pour en connaître chaque recoin et chaque cachette. Elle arrivait à présent à se repérer sans difficultés dans le labyrinthe du quartier général de la Famille du Nord.

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant