Chapitre 61

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Lentement, le grincement métallique de la porte résonna une nouvelle fois dans la cellule. Samaël poussa une exclamation exaspérée :

- Décidemment, on entre ici comme dans un moulin ! Si on ne peut même plus torturer en paix...

Carmen regarda le nouvel arrivant faire un pas dans la pièce. Elle avait beau se creuser la tête, elle ne parvint pas à se souvenir de la jeune fille qui se tenait sur le seuil. Elle avait l'impression de la connaître, de l'avoir déjà vue, sans pour autant se rappeler de son nom. Ce fut lorsque la nouvelle venue esquissa un sourire angélique qu'elle la reconnu soudain et elle poussa une exclamation de surprise étranglée.

Elle savait qui s'était.

Et c'était bien la dernière personne qu'elle aurait imaginé voir en ces lieux.

Eileen entra dans la cellule d'un pas assuré et tranquille, comme si elle avait été invitée par les deux mercenaires. Carmen la regarda avancer en écarquillant les yeux, tant elle était surprise par l'infirmière ; cette dernière n'avait plus sa longue crinière dorée, elle l'avait teinte en noir. Et ses yeux n'étaient plus d'un éclat cristallin, mais d'un marron sombre. Elle avait toujours son visage rond, ses lèvres pulpeuses et ses courbes généreuses, mais elle ne ressemblait plus à l'Eileen que Carmen avait connue auparavant.

Le changement était aussi radical qu'incompréhensible.

Sans accorder le moindre regard pour Carmen et Beniamino enchaînés au mur, son sourire s'accentua lorsqu'elle posa ses yeux de biche sur les mercenaires :

- Bonjour, les garçons. Salua-t-elle d'une voix suave.

- Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Gronda Adonis.

Malgré son ton hostile, ses yeux cillèrent lorsqu'ils croisèrent ceux d'Eileen, comme s'il n'était plus sûr de lui. Malgré toute la rancœur qu'elle ressentait envers elle, Carmen devait admettre qu'Eileen avait vraiment un don pour charmer son entourage.

- Est-ce que je vous dérange ? Reprit l'infirmière de la Famille du Sud, sans se formaliser de l'accueil peu chaleureux des mercenaires.

- A ton avis ? Répliqua Samaël. Qu'est-ce que tu veux ?

- Laurent m'a demandé de venir vous chercher. Déclara-t-elle d'un ton mielleux en s'approchant de lui.

- Qu'est-ce qu'il nous veut, « encore » ? Soupira-t-il.

- La Famille du Nord est passée à l'offensive. L'informa-t-elle d'un ton calme.

Carmen sursauta. Nathaniel avait lancé son attaque, il venait de déclencher la guerre contre Laurent et sa Famille. Et elle était toujours coincée dans cette sordide cellule avec un Beniamino mal en point et deux psychopathes assoiffés de sang. Et voilà que cette peste d'Eileen se joignait à eux !

- Et alors ? Rétorqua Adonis d'un air absent.

Le mercenaire semblait plus intéressé par les courbes de la belle infirmière plutôt que du sort de la Famille du Sud.

Cette dernière lui fit son sourire le plus charmeur :

- La Famille du Nord n'a pas l'avantage. Pas encore. Expliqua-t-elle. Toutefois, Laurent estime que des tueurs tels que vous pourraient faire la différence. Et je pense que vous avez d'avantage votre place au cœur de la bataille plutôt que de rester ici, à l'écart. Pour la Famille du Sud, vous êtes un atout indéniable.

Carmen vit tout de suite qu'Eileen avait fait mouche. Le ton de la flatterie était mesuré et subtile, son regard s'était fait plus brûlant et Samaël et Adonis semblaient apprécier le compliment.

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant