Devant elle se trouvait une petite ouverture, à peine assez large pour faire entrer un homme adulte, solidement protégée par une grille en fer. Carmen s'en approcha :
- Il y a quelqu'un ? Appela-t-elle.
De l'autre côté des grilles, des ombres bougèrent dans l'obscurité.
- Qui est là ? Rétorqua une voix grave et autoritaire.
- Carmen. Répondit-elle.
Un faisceau lumineux jaillit et se braqua sur elle, l'aveuglant à demi. Elle ferma les yeux en grimaçant.
- Ah...Carmen. Répéta l'homme, sans baisser sa lampe torche pour autant.
- Oui, c'est moi ! Maugréa-t-elle, de mauvaise humeur. Bon, tu ouvres ou tu comptes me faire moisir ici jusqu'à la fin de mes jours ? Gronda-t-elle.
- Une décodeuse aussi douée que toi trouverait le moyen d'entrer rapidement de toute façon. Répliqua-t-il d'un ton las.
Carmen ne pouvait pas le contredire. Ce n'étaient pas une simple serrure et un cadenas à quatre chiffres qui l'auraient retenu très longtemps.
L'homme abaissa sa lampe et un cliquetis métallique retentit lorsqu'il inséra la clé dans la serrure et qu'il la fit tourner. Puis, il composa le code du cadenas et ouvrit la grille qui grinça sur ses gongs.
- Merci. Grogna-t-elle à l'adresse du jeune homme.
Ce dernier haussa les épaules avec indifférence avant de refermer la grille et de remettre le cadenas en place. Carmen poursuivit sa route sans se retourner.
Elle longea la ruelle étroite en direction d'un croisement de deux ruelles perpendiculaires. Les hautes maisons colorées projetaient des ombres imposantes sur elle. A cette heure tardive de la nuit, le quartier général de la Famille du Sud n'était pas très accueillant. Mais c'était chez elle et elle s'y sentait bien.
Le quartier était composé des deux ruelles principales perpendiculaires qui comportait chacune une quarantaine de maisons collées les unes aux autres dans lesquelles s'étaient installés les quelques soixante membres de la Famille. De nombreuses petites rues sinueuses s'entremêlaient dans ce secteur reculé de la ville et plusieurs maisons avaient été abandonnées au grès du temps, les laissant tomber en ruine.
Carmen arriva au croisement des rues et ce fut sans hésiter qu'elle se dirigea vers la maison principale. C'était l'une des plus grandes bâtisses du quartier, les murs étaient d'une couleur ocre, les rebords des fenêtres étaient sculptés dans de la pierre et des escaliers menaient à la porte, la seule qui était à double battants, en bois sombre et renforcé avec des pièces en fer. Contrairement aux maisons alentours, il y avait de la lumière à toutes les fenêtres et Carmen pouvait entendre des rires et des discutions qui provenaient de l'intérieur.
Sur les marches qui menaient au perron, s'étaient assis une demi-douzaine de jeunes hommes qui profitaient que l'orage soit passé pour fumer une cigarette et boire quelques bières.
Ils interrompirent leur conversation en remarquant sa présence. L'un d'eux émit un sifflement, moqueur :
- T'es enfin de retour, Carmen ? Lança-t-il. Tu t'es pas fait choper ?
- La ferme, Kylian. Répliqua-t-elle sèchement.
Elle n'avait pas de temps à perdre avec les provocations du jeune homme.

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Carmen
Ficção CientíficaLa Famille est tout, l'individu n'est rien. C'est la vérité que Carmen a appris depuis qu'elle est entrée dans la Famille du Sud. C'est la seule vérité qu'elle connaisse et elle s'y plie sans se poser de question. Jusqu'au jour où son Chef de Famil...