Les trois compagnons quittèrent le quartier général de la Famille du Sud au pas de course, toujours sur leurs gardes. Le risque qu'un ennemi ne se retrouve sur leur chemin n'était pas à exclure. Mais tout était calme dans les ruelles obscures de la ville. Apparemment, la famille du Sud et Celle du Nord s'était regroupée dans le quartier général de cette Dernière, attendant que le vaccin ne soit livré.
Ils ne croisèrent pas non plus des membres de la Famille de l'Est et de la Famille de l'Ouest. Soit ils étaient tous retournés à leurs occupations, abandonnant Nathaniel et les siens à leur sort, soit ils attendaient quelque part, à l'affut de la moindre opportunité pour contre-attaquer.
Bien trop rapidement à son goût, Carmen, Sergueï et Emilio traversèrent la ville et se retrouvèrent à une centaine de mètres du quartier général de la Famille du Nord.
Carmen regarda l'ombre du mur d'enceinte qui se découpait dans l'obscurité. Juste derrière, elle apercevait des lueurs vaciller sur les toits des maisons. Elle poussa un soupir résigné : à présent qu'elle devait mettre en action ce qu'elle avait prévu de faire, elle se sentait beaucoup moins sûre d'elle.
- Il est temps. Murmura-t-elle toutefois.
Emilio posa sa main sur son épaule et la serra dans un geste qui se voulait rassurant.
- Tout va bien se passer. Chuchota-t-il d'un ton confiant. Essaye de gagner le plus de temps possible et nous, on se charge du reste.
Elle hocha la tête, un peu plus raidement que ce qu'elle aurait voulu. Sergueï la prit dans ses bras et la serra fort contre lui. Carmen se laissa aller, guettant le battement de son cœur, lent et régulier comme le roulement des vagues, qui avait le don de l'apaiser. Elle se mit sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur ses lèvres.
- Bonne chance. Murmura-t-elle.
- Bonne chance à toi, ma belle.
Elle se dégagea avec douceur de ses bras et lui donna le couteau qu'elle avait toujours en sa possession. Elle parvint à esquisser un faible sourire, comme pour leur dire de ne pas s'inquiéter pour elle, et se dirigea vers les grilles d'enceinte du quartier général de la Famille du Nord tandis que dans son dos, les deux hommes disparurent silencieusement dans la nuit.
Elle avait l'impression que le chemin était interminable. Elle compta chaque pas qui la rapprochait dangereusement des grilles et de la portée des tirs des membres de la Famille du Sud qui étaient sûrement postés derrières.
Ses doutes se confirmèrent lorsqu'une déflagration éclata dans le silence de la nuit. La balle de fusil heurta brutalement un pavé, faisant voler de minuscules éclats de pierre à moins d'un mètre devant elle. Elle s'immobilisa aussitôt, se retenant de toutes ses forces pour ne pas courir se mettre à l'abri.
- Qui est là ? Hurla une voix qu'elle reconnut sans trop de mal et qui provenait des grilles.
- C'est moi, Carmen ! Hurla-t-elle en retour. Je me rends !
Pendant de longues secondes, seul le silence lui répondit. Elle se crispa, s'attendant à ce qu'on lui tire à nouveau dessus. Pourtant :
- Approche-toi de la grille, les mains en évidence ! Hurla à nouveau la voix.
Carmen obéit docilement. Lentement, elle leva les mains à hauteur d'épaules et longea la rue jusqu'aux grilles qui s'ouvrirent dans un grincement métallique.
- Entre et dépêche-toi ! Gronda l'un des deux hommes qui l'accueillirent.
Elle franchit la grille et se retrouva aussitôt avec le canon d'un fusil de chasse braqué sur sa poitrine. Elle retint son souffle tandis que les hommes l'encerclaient, leurs armes pointées sur elle. Mais Carmen garda son attention sur celui qui lui faisait face, dont elle avait reconnu la voix. A présent qu'elle était proche de lui, elle pouvait distinguer ses traits dans la semi-obscurité de la nuit.
VOUS LISEZ
Carmen
Science FictionLa Famille est tout, l'individu n'est rien. C'est la vérité que Carmen a appris depuis qu'elle est entrée dans la Famille du Sud. C'est la seule vérité qu'elle connaisse et elle s'y plie sans se poser de question. Jusqu'au jour où son Chef de Famil...