Chapitre 35

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Après une heure d'essayages, de haussement de ton pour divergence d'opinion et de défilés, les deux jeunes filles trouvèrent un compromis dans une robe en soie noire, avec un léger décolleté, très simple, et qui tombait jusqu'à ses genoux dans un mouvement vaporeux. Carmen, qui n'avait pas du tout l'habitude de porter ce genre de tenue, ne se sentait pas particulièrement à l'aise. Pourtant, après un rapide coup d'œil dans le miroir, elle devait admettre que cette robe lui allait plutôt bien.

Etonnamment.

Elle accepta même, pour faire plaisir à Ariane, d'essayer une paire de chaussures à talons hauts et tenta de marcher en long et en large dans la chambre.

« Ça ne doit pas être bien compliqué... » Songea Carmen en glissant son pied dans les escarpins.

En équilibre précaire sur ces espèces d'échasses inconfortables, l'exercice se révéla bien plus difficile que prévu et elle manqua de s'encoubler une bonne vingtaine de fois –et de se casser les chevilles tout autant de fois- sous les yeux d'une Ariane pliée de rire.

- C'est pas drôle ! Protesta Carmen en se redressant, après avoir failli tomber une vingt et unième fois.

- Oh si ! Ça l'est ! Hoqueta Ariane, les larmes aux yeux. J'espère que tu marcheras comme ça durant la soirée, ça nous fera de l'animation !

- Aucun risque, puisque je vais mettre des baskets !

- Oh non ! Protesta-t-elle. J'arrête de rire, mais c'est fou comme tu es susceptible !

Tentant difficilement de masquer son sourire moqueur, elle farfouilla dans son armoire et lui dénicha une paire d'escarpins argentés avec un talon d'une taille raisonnable.

- C'est mieux. Approuva Carmen en faisant quelques pas avec.

- Pas vraiment. Répliqua Ariane en se retenant de rire. Tu marches avec la grâce d'un canard unijambiste !

- Merci pour la comparaison ! Gronda-t-elle, vexée, tandis qu'Ariane s'effondrait de rire dans son lit.

Une fois qu'elle s'était habituée à ses chaussures, Ariane lui demanda de s'assoir.

- Qu'est-ce que tu vas faire ? Demanda Carmen, légèrement anxieuse.

- Te maquiller.

- Oh non...Gémit-elle. On ne peut pas oublier cette étape ?

- Je vais pas surcharger ton visage. Juste un fard et un peu de crème sur la peau et c'est tout. T'as pas besoin de plus.

- Ah...

Ça aussi, c'était une épreuve pour elle. A part un trait de khôl, elle ne se maquillait jamais. Ariane sortit une boîte d'une taille imposante et en sortit un flacon rempli d'une crème blanche et en déposa un peu sur ses doigts.

- C'est pour hydrater ta peau. Expliqua-t-elle devant le regard interrogateur qu'elle lui lançait.

- Où est-ce que tu as trouvé ça ? S'étonna Carmen en observant le flacon.

Depuis que le bateau était partit avec les habitants de l'Ile encore sains, plus personne n'était revenu pour acheminer la nourriture, les vêtements ou le maquillage. Les premières années, les Survivantes avaient pu se ravitailler dans les magasins et les appartements pour refaire leurs stocks de mascara, rouge à lèvres, fards à paupières, crèmes, vernis à ongle et parfums. Mais très vite, leurs cosmétiques se sont épuisés et détériorés, rendant les produits inutilisables.

Il était donc étonnant et inquiétant qu'Ariane possède autant de cosmétiques après tant de temps.

Mais la jeune fille la rassura :

CarmenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant