Mathieu.
– OK, vous avez définitivement craqués. Vous êtes des grands malades, çan'arrivera pas !
– T'es qu'un petit joueur, il réplique.
– Je ne vais certainement pas parier ça avec vous. Et puis, vous ne connaissez même pas cette personne, ça va pas ou quoi ? Vous voulez me mettre dans la merde ?
Tous chez Lesram pour une énième soirée, c'est parti en vrille peu après vingt-trois heures quand ce dernier a décidé d'appeler un peu plus de monde. Et puisque Elyo, un de mes gars avec qui je suis le plus proche, – un frère, en vérité – a décidé d'ouvrir sa grande gueule pour proposer un action ou vérité, il a créé un sacré bordel. À vingt-trois ans, il n'a pas assez de recul pour comprendre à quel point ce jeu est débile. Et à vingt-deux ans, je suis tout aussi débile d'accepter. La règle la plus idiote qui soit ? Devoir obligatoire répondre ou faire action proposée, peu importe le degré. Alors, sans réfléchir, j'ai eu le malheur d'annoncer action. Ma conséquence ? Écrire, enregistrer et produire un featuring sur mon prochain projet en mois d'un mois, puisque j'ai une dead line imposée par mon manager. Si ça n'était que ça, je ne m'en plaindrai pas. C'est chaud à sortir, mais ça m'est arrivé de faire pire. Mais pas en collaboration. Chacun a son emploi du temps. C'est pratiquement impossible. Mais si c'était aussi si simple, je ne plaindrai pas non plus. Non, ils veulent choisir et m'imposer la personne avec qui je dois collaborer.
– Allez ! Joue le jeu ! T'aurais pas eu aussi peur il y a quelques années, balance Assaf en tirant une taffe sur sa cigarette.
– Peut-être parce que j'avais rien à perdre il y a quelques années, connard ?
– Tu nous connais, on ne choisira pas n'importe qui.
– Justement ! C'est justement ça qui me fait flipper.
– Je propose que ça soit une fille, lâche Élie.
– Même pas en rêve, j'explose de rire, c'est mort.
– Pourquoi ? T'es macho ?
– Rien à voir, ferme-là. Je ne rappe pas avec des meufs et je ne compte pas commencer.
– Eh bah... Tu vas apprendre, mon pote, parce que j'ai déjà trouvé qui sera l'heureuse élue.
– En fait, t'avais déjà prévu ton coup ? Vous êtes sérieux ?
– Bien vu, mec. T'es trop fort.
Il sort son téléphone de la poche arrière de son jean et je comprends rapidement que je n'ai aucun autre choix que d'accepter les conneries de potes. Aucun veto ne me sera accordé.
– Bien-sûr que j'ai déjà fait des recherches, Polak, j'aurais pas lancé ça seulement pour la connerie. C'est pas comme si je voulais détruire ta carrière alors qu'on a tout fait pour te propulser là où t'es aujourd'hui, il me sourit. Je concède de ne te montrer que sa tête, un jugement purement physique. Tu verras le restant de l'étendue de son talent plus tard ; chant, danse, rap, tout ça...
– À la moindre petite chose qui me dérange, j'arrête tout, vous êtes prévenus. Il y a beaucoup trop de conséquences en jeu, les mecs.
– Ah, là, on avance ! C'est qu'au fond, t'as l'amour du risque si t'accepte.
– J'ai encore rien accepté du tout.
– Pour l'instant.
Il me balance son iPhone sur les cuisses et j'observe la publication Instagram qu'il me montre. Une jeune femme qui semble avoir mon âge, à une ou deux années près. Châtain aux yeux bleus et aux traits fins.
– Elle a sorti un album dans son pays natal qui a cartonné. Et puisque maintenant, elle est en France, elle utilise les réseaux sociaux pour se faire connaître le plus possible. T'es bien placée pour savoir à quel point c'est dur de se faire une place dans un milieu aussi petit que la musique.
– Tu pourrais faire décoller sa carrière en France, mon frère, Ormaz me tape dans l'épaule.
– Son pays natal ?
– Elle aurai les mêmes origines que Polak.
– La coïncidence de fou furieux.
C'est ça. Quelle coïncidence.
– Tout ça pour dire qu'elle arrive dans les studios de Panenka pour nous rencontrer dimanche après-midi. T'as plutôt intérêt à être gentil, Mathieu. Évite de la faire fuir comme tu sais si bien le faire avec tout le monde.
– Flav' est au courant ?
– Qu'est-ce que tu crois ? C'est le premier à avoir validé.
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TOUT RECOMMENCER | PLK
FanfictionNe lutte pas pour ne pas casser, sache que tu te casseras dans tous les cas. Mais ça n'est pas si grave. Parce qu'un jour, tu verras que les fêlures laissent passer la lumière. Parce qu'il vaut mieux être un million de morceaux de miroir brisé qu'un...