𝟒𝟏

5.9K 178 11
                                    

– Tu fais chier, Mathieu, sérieux !

31 octobre. C'est l'anniversaire de Marianna et la journée s'est super bien passée. Assia a eu la bonne idée de se faire tatouer avec Anna et j'en avais profité pour retoucher mes phalanges. Les deux s'étaient faites gravées le symbole que l'on retrouvait au tarot : un soleil et une lune. La lune pour Anna, sous sa clavicule droite. Ensuite, on a profité, on a mangé au restaurant et on a fait une après-midi bateau. J'avais embrassé la plus belle femme de la Terre en plein milieu de la mer des Caraïbes.

Tous les deux, on part dans une heure. Enfin, si Marianna se décide à se calmer. Madame est actuellement en colère parce que j'ai oublié un léger détail dans valise. Et quand j'angoisse, je suis incapable de gérer les choses.

– Tu vas pas crier, quand même ? je souffle en m'asseyant sur le lit.

– Je crie si je veux crier, Mathieu. Tu te fiches de moi ?

– On met des préservatifs, c'est quoi le problème ?

Le problème, c'est qu'elle me faisait confiance pour faire sa valise et que j'ai oublié d'emporter sa nouvelle plaquette de pilule avec nous.

– Le problème ? Le risque que mes règles arrivent ? Je t'ai répété dix fois d'y penser, putain ! Je dois te faire une piqûre de rappel et te dire qu'elle me sont invivables ?

– Et Assia ne peut pas t'en prêter une pour cette fois ?

– Tu crois sérieusement qu'une pilule contraceptive se prête, Polak ?

– J'ai la gueule à prendre la pilule, peut-être ?

– Bien évidemment que non, elle ne peut pas me dépanner, on ne prend même pas la même ! Répare ta connerie, va à la pharmacie. C'est ça ou on reste là. De toute façon, on n'ira pas bien loin si mes règles se déclenchent.

– Vas-y tu me saoules, c'est pas comme si...

– Je ne suis pas stérile, Mathieu ! elle me coupe méchamment. Avec la chance que j'ai, il suffit d'une fois et il en est hors de question.

– C'est bon ! Je vais m'habiller et j'y vais.

Je quitte la chambre pour la salle de bains en claquant la porte derrière moi. Je sais que j'aurai dû y penser, mais je ne peux pas qu'on se dispute. Parce qu'elle n'est pas en colère, elle angoisse.

Quand je reviens dans la pièce, elle est au téléphone et m'indique de l'index un petit papier griffonné de son écriture. Une fois qu'elle a raccroché, je colle mon torse à son dos, mes bras autour de sa taille.

– On va se disputer longtemps ?

– Je suis juste énervée, Mathieu, c'est tout.

– Tu termines ton sac pendant que j'y vais ?

– Ouais, elle dit en quittant mes bras.

– Oh, Nana ! Promets-moi que tu ne me fais pas la gueule ?

– Promis. Maintenant, laisse-moi faire mon sac.

– Caractère de merde.

– Je t'emmerde.

Et elle m'offre un sourire. Je lui vole un bisou, choppe les clés de voiture et entre dans la première pharmacie que je trouve. Si on m'avait dit il y a quelques mois que je courrai après une putain de pharmacie pour la pilule de ma meuf, j'aurais explosé de rire. Mais c'est devant le comptoir que je me rends compte que je ne parle pas un putain de mot d'espagnol, alors j'appelle Anna en panique qui, bien-sûr, explose de rire. En haut-parleur, elle explique alors le problème et en moins de trois minutes, je suis de retour dans la voiture.

TOUT RECOMMENCER | PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant