𝟒𝟔

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Mathieu.
janvier.

Comme la vieille personne que je devenais, j'ai eu beaucoup de mal à me remettre de notre soirée du nouvel an. On s'était couchés aux alentours de six heures du matin, je m'étais pris une sacrée cuite et je n'avais pas dormi en rentrant chez Anna qui était, objectivement ou non, la plus belle femme de toute la soirée.

Le mois de décembre avait été compliqué pour notre nous puisqu'on s'était vus le premier pour nos trois mois et puis plus rien jusqu'à la nouvelle année. Sa déprime hivernale avait débarqué dès notre retour de Corse et elle ne m'avait pas lâché la semaine qui a suivi. On travaillait tellement qu'on n'arrivait pas à trouver le temps de se voir, ce qui nous pesait parce qu'on avait l'habitude d'être collés. J'avais passé le Réveillon de Noël avec Maman et les enfants et le jour de Noël chez Mamie avec Papa, Léna et Enzo. Mon père qui avait perdu son travail avait définitivement emménagé avec nous.

Quatre mois et demi avec Marianna. Et contre tout ce que je pouvais penser de moi l'an dernier, je savais faire tenir un couple. Et j'étais fier de moi. J'étais capable de bien faire les choses et je l'avais donc présenté à Lisko et Béni le mois dernier et elle avait croisé les mecs du garage.

Je passe mes journées à écrire, j'ai une quinzaine de textes terminés, des morceaux de couplets, des brides de phrases et je passais mon temps à faire des aller-retours au studio. Et contre toute attente, ne pas pouvoir nous faire autant qu'on aimerait n'avait pas créé de tensions. Tout allait pour le mieux, sauf au niveau de ma santé. Je tirai beaucoup trop sur la corde et j'étais arrivé à un stade de fatigue qui me donnait envie de dormir n'importe où je pouvais m'asseoir.

– Mathieu, t'es avec nous ?

Le claquement de doigts d'Antoine devant mon visage me fait revenir avec eux et je pose mon téléphone sur la table basse. Ça fait deux jours que je dors à moitié entre l'appartement et le studio et donc trois jours que je n'avais pas vu ma copine avec laquelle on se promet de s'appeler sans y arriver. Lesram avait organisé une petite soirée à laquelle les filles n'avaient pas pu venir, Chloé était en Belgique et Anna était bloquée au studio.

– Je suis là, désolé, je lui souris.

– T'en as pas marre de bosser autant, Polak ? demande Élise.

– Dormir c'est pour les faibles, claque Ormaz.

– Je suis d'accord avec lui, je rétorque en écrasant ma cigarette.

– T'as du temps, Mathieu, ajoute Antoine. Profite de ce que t'as à côté.

– Bourru de travail comme tu es, c'est toi qui dis ça ?

– Tu viens pour regarder le match, demain ? me demande Adrien.

– Non, je dors chez Anna ce soir alors je ne bougerai pas demain.

– Ah ! Ça y est, il oublie les choses importantes pour une meuf !

– C'est pas une meuf, déjà, c'est ma copine. Mais le rap et le PSG, ça restera toujours inclassable.

– Est-ce qu'on peut avoir l'attention de nos enfants ? demande Élise.

– Dis-nous tout, Maman.

– On doit vous parler de quelque chose d'important, continue Antoine.

– Tu vas enfin agrandir Panenka ?

Sauf que les lèvres d'Antoine se retroussent et je comprends. Putain, il y a plutôt intérêt à ce que j'ai compris exactement ce que j'ai compris.

– Oh putain de merde ! Ça y est ? C'est bon ? je m'écris.

Et les larmes qui bordent les yeux d'Élise me confirme ce que je pensais.

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