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𝟓

Marianna.

Avec Mathieu, on a passé les trois derniers jours enfermés au studio. On a pas bouclé grand-chose mais commencer le processus à l'envers ne nous a pas mis tant de bâtons dans les roues que ça. Comme promis, Junior est passé nous emporter plusieurs de ses projets et nous sommes tombés d'accord très vide sur la quatrième, celle qui collait le mieux avec le refrain qu'on avait déjà. De son côté, Polak a un peu plus de mal à écrire. À force de s'acharner sur son projet depuis des semaines afin de terminer ses textes et les poser le plus rapidement possible, il m'a avoué être en panne d'inspiration. Alors, quand il a démarré son premier couplet, il a été impossible de le déranger dans son écriture pendant plus de deux heures, donc j'en ai profité pour avancer de mon côté, sur mes projets personnels.

Vendredi. Aujourd'hui, on a décidé de se laisser respirer et de prendre une journée de repos. C'est en fin d'après-midi que je reçois un message d'Elyo sur Instagram pour m'annonce une soirée chez Lesram. Ma présence est obligatoire, a-t-il ajouté, en plus de l'adresse de ce dernier. Après avoir réglé certaines choses avec Arthur à l'agence, je pars me préparer avant d'être en retard. Ça fait des mois que je n'ai pas connu de véritables jours de repos.

Je n'aurais jamais parié sur mon entente avec le Panama tant on est différents. C'est bizarre, en y repensant. Quand Mathieu écrivait, les garçons sont passés au studio et, quand ils ont vu qu'ils ne réussiraient pas à la déstabiliser, c'est avec moi qu'ils ont parlés. Ils m'ont demandé d'écouter leurs freestyles, j'ai entendu les blagues les plus beaufs de toute ma vie, mais j'ai surtout ri comme ça n'était pas arrivé depuis longtemps. En ce qui concerne le rappeur, jouer avec ses nerfs est devenu mon passe-temps favori. Des trois jours passés au studio, je ne sais pas pourquoi mon cerveau préfère retenir ça n'a été que lui et moi. Pendant trois jours. Entiers. De plus en plus complices au fil des jours, il prend un malin plaisir à m'énerver dès que l'envie lui prend et à se rapprocher de moi, ce qui me met mentalement mal à l'aise, mais qui me met physiquement en alerte. Et ça, il l'a bien compris.

Le groupe passent leur temps à nous charrier dès qu'ils nous croisent ensemble. Et, bien-sûr, Mathieu comme moi en jouons beaucoup, ce qui n'est pas peu drôle à voir. On a pas vraiment envie de détruire leurs idées selon lesquelles il se passerai quelque chose entre nous. Si Mathieu devient mon ami, j'aurai gagné beaucoup. Il est ma version masculine. Il est moi en mec. Et sur beaucoup de points.

Chantonnant les paroles du dernier son de Drake à travers ma salle de bains, je détache mes cheveux pour les lisser après une douche rapide. On vient de passer la mi-août et je ne sais pas comment m'habiller, alors je reste dix minutes assise dans mon dressing. Comme un matin sur deux. Après réflexion, je sors un jean large et délavé et un body noir transparent auquel j'ajoute une brassière en dentelle et enfile mes AirForce blanches. Je dessine mon éternel trait d'eye-liner, du mascara puis du gloss transparent. Lesram habite à une bonne demi-heure de chez moi, je veux éviter le transport et j'ai surtout la flemme de prendre la voiture, alors le commande un Uber. Finalement, je sors de chez moi en retard et pars à l'heure à laquelle je devais arriver à la soirée. Il est presque 22h quand le chauffeur me dépose aux pieds d'un immeuble d'une bonne quinzaine d'étages. Je tape le code qu'Elyo m'a donné et appuie sur le chiffre 7 dans l'ascenseur tout en lui envoyant un message pour prévenir que je suis devant. Elyo m'attend devant un appartement sur la gauche du couloir.

– J'allais t'embrouiller pour ton retard mais t'as dû perdre du temps pour te préparer vu comment t'es belle, il me tape dans la main avec un sourire.

– Carrément, tu commences avec de la drague ouverte !

– Viens ! Il y a déjà pas mal de monde, on t'attendait avec Mo' pour commencer à foutre le bordel.