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Mathieu.

Il était convenu qu'on se retrouve tous à onze heures. Et il est onze heures dix quand je quitte mon appartement. J'ai travaillé sur des productions qu'on m'a envoyées et je n'ai pas vu le temps passé. Je me suis couché à presque six heures et, après m'être fait insulté dans le groupe pendant tout le trajet, j'arrive au studio convenu avec plus vingt-cinq minutes de retard.

– Désolé, j'ai pas fait attention à l'heure, je lâche dès mon entrée dans le bureau. Commencez pas à me prendre la tête, je fais le tour de la table pour serrer la main de tout le monde.

– T'abuses, t'es en retard tout le temps et partout. Fais un effort, frère.

– Pas sur scène, en tout cas.

– T'es arrivé quarante-cinq minutes en retard à ton dernier showcase, claque Flav' à son tour.

– On peut pas être bon dans tout ce qu'on fait.

Je retire ma veste et attrape mon paquet de cigarettes. Quand j'en allume une, Elyo hurle pour me faire peur. Ce qu'il réussit à faire puisque je sursaute.

– Marianna arrive dans deux minutes. Comme t'étais censé arriver il y a presque une demi-heure, on devait débriefer mais tant pis pour toi, tu parleras avec elle pour.

– Comme si t'avais pas le temps de le faire maintenant, je gronde.

Un bruit que je reconnais comme étant la porte du studio retenti. Antoine se lève pour sortir du bureau et, quelques secondes plus tard, il revient, suivi d'un mec de l'âge de mon manager et de la fille que je reconnais être celle de la photo. Habillée d'un jean simple clair et un sweat.

– Les gars, je vous présente Marianna Cernota. Marianna, je te présente le Panama. Et le peroxydé là-bas avec qui tu vas bosser, c'est Mathieu. Là-bas, avec la casquette, t'as Aladin, ce dernier lève la main et sourit franchement, Ormaz, il s'avance et lui tape la main, par terre, c'est Lesram et Zeu, avec les lunettes c'est Assaf et à côté de Polak, c'est Elyo.

À la surprise des six cons, je m'approche de Marianna et lui fait la bise.

– PLK, Polak, Mathieu, c'est toi qui vois.

– Marianna, mais appelle-moi Anna, elle me sourit franchement.

– C'est pas tout ça, mais on va vous laisser, monter un projet, tout ça...

Ormaz se lève suivi par le reste du groupe.

– Je retourne au bureau, tu n'as qu'à m'appeler si besoin, lui dit celui que je devine être son manager.

Antoine m'annonce qu'il rejoint aussi son bureau alors que les mecs vont chez Aladin, et me disent de les rejoindre quand j'aurai terminé. J'écrase ma cigarette alors qu'elle reste debout au même endroit. Quand elle croise mon regard, elle pose rapidement son sac à dos sur le fauteuil et me sourit.

– Assieds-toi, je l'invite en pointant le coussin à l'extrémité du canapé.

– Alors... On est ici à cause de tes potes ? C'est ça ?

– Grâce ou à cause, ça je sais pas encore. En gros, j'ai un projet que je compte sortir, sans vraiment savoir la date de sortie. J'ai déjà pas mal travaillé sur des collaborations et je sais ce que j'aime ou non, ils se sont dit que ça pouvait être bien de rapper avec une femme.

– T'as jamais fait ça ? elle semble choquée.

– Non, je hausse les épaules, je ne sais pas ce que ça peut donner.

– Mélanger nos deux styles, je pense que ça peut être plutôt cool, elle sourit encore. Je ne pense pas que tu saches ce que je fais mais personnellement, je vois un peu le délire dans lequel tu es, et je pense que si tu étais le seul à rapper dans ce morceau, ça pourrait donner quelque chose de franchement pas mal.

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