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Mathieu.

Je n'en reviens pas que je l'ai écouté mais je passe l'entièreté de mon lundi à rechercher la moindre phrase qui pourrai m'inspirer dans mes anciens textes. Et c'est bien ce que je disais : je ne suis pas le genre d'artiste qui recycle ses vieux écrits. Pourtant, j'ai envie de relever le défi que l'on m'a imposé et réussir à écrire ce sur quoi la blonde m'a lancé. À vrai dire, je n'ai pas passé mon lundi complet à chercher dans des tiroirs mais mon temps d'écran sur YouTube, Instagram et Spotify témoignent des heures que j'ai passé à écouter et réécouter ce que fait Marianna. Ormaz avait raison, je tombe rapidement sur le même constat : sa voix est plus que géniale. Artistiquement, elle sort du lot. Cette fille, que j'ai jugé bien trop rapidement il y a quelques jours, est un petit génie de la musique. Je n'ai pas répondu à son message reçu en pleine nuit, dimanche, mais bien-sûr que j'allais la rejoindre au rendez-vous. On parle quand même de mon taf. Ma raison de vivre sur cette putain de planète. Ce qui n'était pas prévu, c'est mon arrivée en avance, précisément quinze minutes avant l'heure indiquée. Pour une fois, on ne m'attendrai pas. À dix heures tapantes, alors que j'ai la tête dans le frigo à la recherche d'une bouteille d'eau, Anna déboule dans mon studio.

– Comment t'as eu le code d'entrée ?

– Elyo me l'a envoyé.

– Tu l'aimes bien, mon pote ?

– Bonjour à toi aussi, Mathieu. Ouais, il est vraiment sympa. Ta réputation te précède, comment c'est possible que tu sois à l'heure ?

– Bonjour à toi, Marianna. Tu m'as demandé d'être là, j'exécute.

Elle sourit légèrement sans savoir que je la regarde encore et pose son sac à dos en cuir par terre, près du premier canapé. Du coin de l'œil, je l'observe retirer sa veste pour se retrouver en ensemble de jogging noir et des baskets

blanches. Alors que je remplis deux tasses de café sans savoir si elle en boit, Anna sort son PC qu'elle pose sur la table, se redresse et attache ses cheveux en un gros nid au-dessus de sa tête.

OK. S'il y a bien une chose que je ne sais pas faire, c'est me mentir à moi-même. Cette nana me plaît, et je suis même un peu trop attiré par elle. Je sais que c'est purement physique puisqu'on ne se connaît pas, mais ça ne m'est jamais arrivé d'avoir un coup de foudre physique de cette manière. Comme un con, je me retrouve avachi, l'épaule sur le mur à fixer chacun de ses mouvements. Ce qu'elle remarque bien trop rapidement. Le sourcil haussé, elle prend la parole.

– Quelqu'un vient au studio, aujourd'hui ?

– Peut-être Flav', comme presque tous les jours, mais à part lui, Non. Le groupe est occupé chacun de son côté, cette semaine.

– Super ! On s'y met ? me demande-t-elle.

Sauf qu'elle ne me lance pas un regard. Alors c'est non. Je pose les deux tasses à côté de son ordinateur, écrase ma cigarette dans le cendrier un peu trop plein de la table basse, et m'assied à côté d'elle.

– Non, je claque.

– Comment ça non ?

– Non. On va parler d'abord.

– De quoi tu veux parler ?

– De ce qui s'est passé dimanche soir.

– Je te l'ai dit, elle soupire, j'ai compris le message. T'as pas besoin d'en rajouter, Mathieu, je ne suis pas idiote, me rabaisser a suffi à me faire comprendre.

– Justement, je suis allé trop loin dans mes propos, je tenais à m'excuser.

– Laisses-moi deviner, t'es ce genre de mecs qui ne s'excuse jamais ?

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