𝟐𝟒

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Mathieu. 

Vendredi soir.

Je suis en panique. Complètement angoissé à quelques heures de mon rendez avec Anna. Et si je faisais tout foirer ? Si je ne savais pas quoi dire ? Tout est tellement fort avec elle et cette phrase, aussi cliché soit-elle, est aussi vraie que les sentiments qui sont en train de naître dans ma poitrine pour cette jeune femme. J'ai toujours eu cette facilité à prôner que j'étais bien seul. Aujourd'hui, passer à côté de Marianna serait sûrement l'une des plus grosses erreurs de ma vie. Après le tournage, je me suis effondré de fatigue et j'ai dormi une bonne partie de la journée d'hier. Tout allait bien jusqu'à ce que Léna, ma petite sœur, m'appelle en m'incendiant d'avoir appris de la bouche d'Enzo que j'avais une copine.

J'ai d'abord explosé de rire, ne comprenant pas d'où venait son nouveau délire, jusqu'à ce qu'elle me donne pourquoi notre petit frère lui avait dit, mot pour mot, qu'il avait hâte qu'ils passent le week-end chez moi pour que Léna rencontre ma copine parce qu'elle était vraiment trop gentille. Évidemment. Comment j'avais pu croire une seconde qu'il fermerait sa grande bouche et qu'il ne dirait que ce que je me tue à lui dire depuis qu'il connaît l'existence d'Anna ; qu'elle n'est pas ma copine. Et bien-sûr, Enzo a enflammé Léna en moins de deux et elle a pété un câble parce qu'elle pensait que je lui avais caché quelque chose d'aussi gros. Elle est tout de même plus intelligente que lui sur ce point et, après quelques explications, elle a compris qu'il n'y avait rien à dire puisqu'il n'y avait rien de concret.

Dans tous les cas, j'ai le gros avantage de connaître plutôt bien Marianna, et de plus en plus à chaque jour, alors j'ai de suite trouvé le programme de ce soir pour qu'elle passe une bonne soirée ; bouffe, musique et cœur ouvert. Elle aime la simplicité, l'authenticité, alors je suis parti sur un restaurant un poil chic mais très sobre, sur les conseils de Hugo, ayant reçu les consignes par sa presque copine. Cet idiot ne veut toujours pas assumer d'être totalement amoureux de Chloé mais je n'ai pas grand-chose à dire alors que mes couilles se barrent à chaque situation similaire à la sienne. M'enfin, je passe donc chercher ma blonde chez elle, on mange dans les Hauts-de-Seine avant de retourner sur Paris faire quelque chose de totalement cliché ; l'emmener sur les quais de Seine parce que j'ai retenu quand elle m'a dit que les lumières de la capitale dans la Seine étaient une des choses qu'elle préférait au monde. Après, on se posera quelque part si elle veut. Je suis un véritable canard et je l'assume pour la première fois de ma vie.

Je ne sais pas trop ce que peut donner quelqu'un comme moi et quelqu'un comme elle ensemble mais, au plus profond de moi, je pense que ça peut vraiment fonctionner. Et pour une fois, je ne veux absolument pas être en retard. J'ai réservé pour vingt-et-une heure et je pars une bonne heure avant de chez moi, j'ai fait un effort dans ma tenue vestimentaire pour enfiler une chemise, un jean noir et ma paire d'Air Force.

Mathieu :
Je suis en bas.
Tu veux que je monte ?

Anna :
Putain, je suis pas prête !
La porte est ouverte, entre directement.

Stressé, je monte jusqu'à son appartement et entre sans frapper. La musique résonne dans le loft et elle la baisse quand elle entend la porte claquer.

– Mathieu ? Je me dépêche, j'en ai pour deux minutes.

– Tu comptes jamais fermer tes portes à clé ?

Je n'attends pas longtemps avant que la musique se coupe pour de bon et d'entendre un putain s'élever dans l'appartement. Je me retourne en souriant et ne vois qu'une petite tornade descendre les escaliers à toute vitesse et disparaître à nouveau dans une pièce. Je perds mon sourire lorsqu'elle arrive devant moi, les yeux rivés sur le sol.

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