TOUT RECOMMENCER | PLK

𝟗

Mathieu. 

J'arrive dans le XIVème arrondissement avec ma chienne. En retard. Comme d'habitude. Lorsque j'arrive devant la porte du studio, j'entends que de la musique résonne et une voix qui s'élève. Je sais qu'Anna est là depuis une demi-heure et, en entrant, je tombe sur Mélanie qui me sourit quand je m'approche pour faire lui dire bonjour. Mes yeux sont attirés par Anna à l'intérieur de la cabine d'enregistrement, les siens sont fermés et elle nous tourne à moitié le dos. Elle porte une jupe à carreaux et une blouse noire, et c'est d'ailleurs la première fois que je la vois en jupe. Elle chante en anglais et, encore une fois, je tombe totalement sous le charme de sa voix. En ce qui concerne le texte, je ne comprends absolument rien en anglais mais retiens certains mots qui m'ont l'air de parler d'un mec.

– Elle a eu rendez-vous avec Universal hier et elle n'a pas réussi à attendre pour aller en cabine alors, elle a pris la tienne quand on est arrivées, m'annonce Mélanie.

– Universal ?

– Elle ne t'en a pas parlé ? Ils veulent la faire signer chez eux pour son prochain album.

– Elle travaille dessus, là ?

– Ouais. Anna a terminé ce texte hier en rentrant de la réunion, m'a fait une démo et je lui ai dit de ne pas perdre de temps pour l'enregistrer.

– J'ai pas entendu ce genre de registre quand j'ai écouté de ses projets.

– Elle est en pleine remise en question, ça fait plus de vingt minutes qu'elle est en boucle et ne s'est pas arrêtée depuis. Elle ne se rendra sûrement pas compte que t'es arrivé si on ne lui dit pas, déclare-t-elle.

– Ça raconte quoi ?

–   Elle parle de son ex, me balance Mélanie

– J'espère qu'elle dira oui à Universal. Ce genre d'opportunités ne se refuse pas.

– Elle n'a rien voulu me dire, elle hausse les épaules, t'auras peut-être plus de chance que moi.

Anna hausse la voix et part dans les aigus en un quart de seconde et je reste sur le cul. Elle fronce légèrement les sourcils et, selon les phrases qu'elle prononce, son nez se retrousse.

– Elle est douée, hein ? chuchote presque sa sœur.

– C'est clair, avouais-je, elle faite pour ça.

–  Du plus vieux souvenir qui me reste, Anna a toujours chanté. Même quand on habitait encore en Pologne. Si elle avait fait autre chose de sa vie, elle n'aurait pas été aussi comblée que dans la musique.

– Alors... elle a toujours chanté ?

– Si t'écoute maman, elle chantait avant de savoir parler correctement. Elle joue beaucoup, aussi. Ça l'a vraiment poussé dans cette voie.

– J'étais pas au courant de ça ! dis-je, étonné. Elle joue de quoi ?

– Piano, violon, batterie et elle sait faire ses propres productions. Elle a tout arrêté sauf la guitare, il y a en a trois dans sa chambre et sûrement encore une chez les parents.

Il n'y a pas un seul jour où je n'en apprends pas sur Marianna. D'un seul coup, ma chienne aboie et fait sursauter la blonde dans la cabine. Ses yeux tombent sur moi et elle retire son casque, sort de la salle d'enregistrement et s'approche rapidement.

– T'es là depuis temps ? me demande-t-elle, gênée.

– Dix minutes ? Vraiment stylé, ce que tu faisais.

– Merci ! Bagheera ? appelle-t-elle.

Ma chienne ne perd pas une seconde et se dirige vers elle. Comme la première fois qu'elle a vu Anna, elle s'allonge sur le dos et et la chanteuse ne cesse de lui faire des caresses.